C’est parti ! Le top départ de la course au parrainage des candidatures pour l’élection présidentielle du 24 février prochain, a été donné, à la faveur de la mise à disposition des formulaires de collecte des signatures. Ainsi donc, après de longs mois de débat contradictoire sur l’opportunité du passage du parrainage restreint au parrainage intégral dit citoyen, les potentiels candidats à la candidature à la Présidentielle de 2019, vont l’assaut du louma (marché exotique) des signatures. À Dakar, premier bastion électoral du pays, la course semble officiellement lancée pour la quasi-totalité des candidats à la présidentielle et les régions de l’intérieur ne sont pas en reste. C’est dire que l’étape du parrainage est devenue par la force des choses, un passage obligé pour être présent sur la ligne de départ pour briguer l’élection présidentielle. Même les plus grands contempteurs de la Loi du 19 avril 2018, passée au forceps, n’ont pas pris le risque de faire l’impasse sur ce ‘starting block’ qui mène au Palais présidentiel. La forte bousculade et la tension notée lors de la réunion convoquée par l’Intérieur, le 27 août dernier pour informer les représentants des candidats à la candidature, est d’ailleurs assez symptomatique de la frénésie qui enveloppe ce rendez-vous électoral. Ce jour là, plus de quatre vingt(80) candidats potentiels sont dénombrés. Un chiffre effarant ! Qu’est-ce qui peut bien expliquer cette kyrielle de prétendants à une élection présidentielle ? Combien sont-ils dans ce lot à pouvoir valablement présenter un profil et une offre dignes de confiance ? Quelles sont les motivations de ces candidatures qualifiées de ‘fantaisistes’, ont-elles été suscitées pour crédibiliser le filtrage ? Gare aux réponses hâtives, le temps permettra d’y voir plus clair. Mais, pour l’heure cette embardée de candidatures à la candidature, peut être perçue comme une justification a postériori de la pertinence de la Loi .D’ailleurs, le camp de la majorité ne s’est pas privé de s’y engouffrer. Dans une communication très imagée, l’un des responsables du Pôle Parrainage de la candidature du président sortant, a rappelé -pour justifier l’opportunité de l’application du parrainage- que si le statu quo avait prévalu, le scrutin présidentiel se déroulerait durant au moins une semaine.
Pour rappel, la loi sur le parrainage élargi visait, entre autres objectifs, la réduction du nombre de candidatures sans crédibilité, sans fondement, ni idéologie, ni morale… ». C’est en tout cas, la substance que nous avions retenue de l’exposé des motifs, lors de la présentation de cette révision constitutionnelle devant les députés. Explication de texte : « le parrainage élargi ou intégral ou encore citoyen est le fruit d’une réflexion ou d’une série d’idées destinées à faciliter le déroulement de tout scrutin au Sénégal plus précisément en ce qui concerne la prochaine présidentielle. Les leçons ont été tirées des législatives de 2017 et le parrainage citoyen qui a l’avantage d’être plus simple et plus démocratique que le premier c’est-à-dire celui basé sur les élus, va favoriser la réduction du nombre de candidatures sans crédibilité, sans fondement, ni idéologie, ni morale ». Pour quels résultats ? Un constat : pour ce premier tour de chauffe que d’aucuns qualifient de « Primaires » sur la route du 24 février 2019, ne semble pas -au vu du nombre de candidats potentiels déclarés- avoir inhibé les velléités des aspirants au fauteuil présidentiel. Mais, il est peut-être très tôt de se faire une religion sur l’efficacité du système en question. Le filtre ou le tamis du parrainage attendra de faire ses effets au bout de trois(3) mois de campagne de pêche aux signatures. Patience ! C’est établi et tout le monde l’a certainement bien compris, on ne peut plus organiser au Sénégal des élections de la manière avec laquelle se sont tenues les dernières législatives. Sur le principe de base, le parrainage citoyen ou populaire –s’il est bien encadré – peut être une avancée démocratique. On nous avait vendu que le « parrainage citoyen a l’avantage d’être plus simple et plus démocratique que le premier c’est-à-dire celui basé sur les élus ». À l’épreuve du terrain on peut valablement en douter.
Le parrainage élargi est plus « démocratique » que celui basé sur les élus, on peut le concéder sur certains aspects. Toutefois, ce système de filtrage et ses mécanismes sont loin d’être simples à comprendre et à forte raison, à mettre en œuvre. Un rapide coup d’œil sur les prototypes de collecte des parrainages finit de vous édifier sur l’énormité de la tâche. Beaucoup de mentions, à notre avis dans un contexte où tous les contours du parrainage ne sont pas encore bien cernés par les collecteurs et les parrains eux-mêmes. Bonjour, les erreurs synonymes d’invalidation de signature. Que dire des outils d’authentification des signatures des citoyens devant garantir une comptabilité fiable aux candidats à la candidature ? Ont-ils été suffisamment testés avant d’être adoptés ? Dans la pratique, le parrainage citoyen, c’est loin d’être une mince affaire. En plus, si la finalité pour chaque candidat c’est l’acquisition de 0,8% des électeurs, un quota plafond –intégrant une marge de sécurité- aurait pu être fixé. Cela aurait pu nous éviter cette vaste opération de surenchère à laquelle se livrent les responsables locaux des partis ou coalitions de partis qui portent les candidatures déclarées.
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