Cheikh Anta Diop est né en 1923 dans le village de Thieytou, dans la région de Diourbel (en pays Baol-Cayor), près de la ville de Bambey à environ 150 km de Dakar, au sein d’une famille d’origine aristocratique wolof. Il décroche une bourse pour étudier en France en 1946, et choisit d’abord la physique et la chimie, avant de se tourner vers la philosophie et l’histoire, avec une thèse consacrée à « l’Afrique noire précoloniale et l’unité culturelle de l’Afrique noire ». Nationaliste et défenseur d’un fédéralisme africain, il retourne au Sénégal dès l’indépendance en 1960, où il se dédie à enseignement, la recherche et la politique, jusqu’à sa mort en 1986.
Son père, (le Jeune) Massamba Sassoum Diop est décédé peu de temps après sa naissance. Sa mère, Magatte Diop, vécut jusqu’en 1984. Cheikh Anta Diop épousa en 1953, à Paris, une Française, Louise Marie Maes, diplômée d’Études supérieures en Histoire et Géographie. Quatre fils naîtront de cette union.
De1927 à 1937 : à l’âge de 5 ans il est envoyé à l’école coranique dans le fameux Daraa de Koki au cote de son grand pere, avant d’être scolarisé à l’école française : l’École Régionale de Diourbel, d’où il obtient en1937, son certificat d’études primaires.
De 1938 à 1945 : il va poursuivre ses études secondaires
à Dakar puis à Saint-Louis, avant d’obtenir son
Baccalauréat en 1945
En 1946, il est allé à Paris pour
s’inscrire en classe de Mathématiques Supérieures. À l’époque, son but était de
devenir ingénieur en aéronautique.
En attente de la rentrée de
l’année 1946-1947, il s’inscrit en Faculté
des Lettres de la Sorbonne en philosophie. Il suit, en particulier,
l’enseignement de Gaston
Bachelard.
À son initiative, est créée l’Association
des Étudiants Africains de Paris dont le premier président
est Cheikh Fall. Amadou Mahtar M’Bow en deviendra
quelques années plus tard le président.
En 1947, Cheikh Anta Diop va
poursuivre ses études et ses recherches linguistiques sur le wolof et le
sérère, langues parlées au Sénégal. Il entre en relation avec Henri Lhote (le découvreur des
fresques du Tassili, au Sahara).
C’est en 1948 qu’il
achève sa licence de philosophie et s’inscrit en Faculté des Sciences avant de
publier sa première étude de linguistique, Étude linguistique ouolove –
Origine de la langue et de la race valaf, dans la revue « Présence Africaine » créée par le
grand homme de culture Alioune
Diop en 1947, qui fondera la maison d’édition Présence Africaine puis la Société Africaine de
Culture (SAC). La même année, Cheikh Anta Diop publie, dans un
numéro spécial de la revue « Le
Musée Vivant », un article intitulé Quand pourra-t-on parler
d’une renaissance africaine ? en partie consacré à la question de
l’utilisation et du développement des langues africaines, et dans lequel Cheikh
Anta Diop propose pour la première fois de bâtir les humanités
africaines à partir de l’Égypte ancienne.
En juillet 1950, le RDA (Rassemblement Démocratique Africain) alors dirigé par Félix Houphouët-Boigny, tout en
rappelant fermement à la direction du RDA son devoir de ne pas faillir à sa
mission historique : celle d’une véritable libération du continent africain.
Retour au Sénégal pendant l’hivernage (juillet-août) de l’année 1950. Il
donne, à Dakar et Saint-Louis, plusieurs conférences dont la presse se fait
l’écho :
— « Un enseignement est-il possible en Afrique dans la langue
maternelle ? »,
— « Nécessité et possibilité d’un enseignement dans la langue
maternelle en Afrique »,
— « Les fondements culturels d’une civilisation africaine
moderne ».
Au cours de ce même séjour, il propose, avec des notables, dans une lettre
adressée aux autorités de l’AOF (Afrique Occidentale Française), un plan de
reboisement du pays afin de faire face au danger de la sécheresse.
1951 : Inscription sur
les registres de la faculté de son sujet de thèse secondaire « Qu’étaient
les Égyptiens prédynastiques », sous la direction du professeur Marcel Griaule.
Il devient le secrétaire général de l’Association des Étudiants du RDA (AERDA), à Paris.
En 1953 : Dans le
bulletin mensuel de l’AERDA, « La Voix de l’Afrique noire » de mai-juin
1953, il publie l’article « La lutte en Afrique noire ». Il
quitte le secrétariat général de l’AERDA.
C’est en 1956 qu’il se
réinscrit en thèse d’État avec comme nouveau sujet principal « Les
domaines du matriarcat et du patriarcat dans l’antiquité ».
À partir de 1956, il enseigne la physique et la chimie aux lycées Voltaire
et Claude Bernard, à Paris en tant que maître-auxiliaire.
Cheikh Anta Diop décède le 7 février 1986 ; il repose, selon sa volonté, à Caytou, auprès de son grand-père (le Grand) Massamba Sassoum Diop, fondateur du village.
Des citations célèbres
« L’Égypte est au reste de l’Afrique Noire ce que la Grèce et Rome sont à l’Occident. »
« La plénitude culturelle ne peut que rendre un peuple plus apte à contribuer au progrès général de l’humanité et à se rapprocher des autres peuples en connaissance de cause. »
« Les idéologues qui se couvrent du manteau de la science doivent se rendre compte que l’ère de la supercherie, de l’escroquerie intellectuelle est définitivement révolue, qu’une page est tournée dans l’histoire des rapports intellectuels entre les peuples. »
Des controverses autour de lui
Lors de la publication de son livre Nations nègres et culture (1954), Cheikh Anta Diop a dû faire face à un grand scepticisme dans le monde universitaire, en plus des critiques basées sur les préjugés racistes hérités du colonialisme. Certains collègues lui reprochent une approche multi-disciplinaire parfois chaotique, et d’autres d’être influencé dans son travail scientifique par son militantisme politique. Ce n’est qu’en 1974, au cours du colloque international du Caire, que les plus grands égyptologues ont salué ses théories « visionnaires ». Elles ont depuis été acceptées en tant que vérités scientifiques.
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