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Histoire

Guembeul: Histoire de la localité

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           Un village fondé par les Diop


Selon le chef de village par intérim, Maguette Diop, Gueumbeul est une localité paisible où cohabitent actuellement les ouolofs et les peulhs. On y trouve les Diop, les Ndiaye, les Dièye, les Sarr, les Fall, les Bitèye, les Sow, les Thiaw, les Diallo, les Mbaye.
Notre village, a-t-il précisé, a presque le même âge que la ville de de Saint-Louis. Les Diop ont été les premiers à s’installer ici. Ce sont mes ancêtres. Des éleveurs et des cultivateurs qui venaient de Péthiou, une localité du Oualo des profondeurs.
Le premier Diop, qui a eu le réflexe de s’installer dans ce village, a tenu à faire savoir à son demi-frère et aux autres compagnons du Oualo qui avaient préféré aller vivre à Thiélémane, qu’il avait pris la ferme décision d’aménager sa demeure à Gueumbeul. Il s’est adressé à ces derniers en ces termes : « Man-Nguimbou-Na-Fi ».
Au fil du temps, Nguimbou, qui vient du Nguimb de nos lutteurs, s’est transformé en Guimbeung et enfin en Gueumbeul.

                                                           Solidarité agissante

Aussitôt, raconte Maguette Diop, le fondateur de ce village commença à débroussailler une partie de la forêt pour y aménager une vaste concession. Depuis, les populations de ce village vivent en paix et développent au sein de leur communauté une solidarité agissante. Elles contribuent efficacement à la gestion de la Réserve spéciale de faune de Gueumbeul et de la Réserve naturelle communautaire de Gandon. En collaboration avec le comité inter-villageois de Gandon dirigé par Babacar Diop et les responsables du Projet de gestion intégrée des écosystèmes du Sénégal (Pgies), précise Maguette Diop, les habitants de Gueumbeul participent activement à l’entretien de leur environnement et de la mangrove située à quelques encablures du village.

                              Un sanctuaire de conservation de la faune

La réserve de Guembeul, d’une taille modeste de 720 hectares a, et c’est unique au Sénégal, une double mission. La première est bien-sûr celle d’être un sanctuaire de conservation de la faune du Sénégal. Mais la seconde, plus originale, est celle d’être un lieu de reproduction surveillé pour des espèces animales qui seront ensuite introduites ou réintroduites dans d’autres parcs ou réserves de notre pays.

A en croire Pape Yamar Niang, la réserve a été créée en 1983 et a été classée par la convention Ramsar (convention internationale qui protège les écosystèmes de zones humides et signée par 150 pays) en 1986. Elle est constituée de zones de brousse fermées par une clôture de 12km préservant la faune et la flore et d’un lac bordé de lagunes d’une surface de 200 hectares dont le niveau et la salinité sont contrôlés par des vannes gérées par les éco gardes.

En effet, un tour effectué dans ce patelin, nous a permis de constater qu’à l’ouest du lac, quelques très belles zones de mangrove servent d’habitat à une riche faune spécifique à ce biotope. Sur les dunes de sable, l’habituel filao sert un peu de coupe-vent. La fonction « d’élevage » de la réserve de Guembeul s’est particulièrement développée ces dernières années pour devenir la principale activité du parc. Plusieurs enclos de tailles différentes permettent d’acclimater les animauxintroduits del’étranger avant de les lâcher directement dans la réserve ou dans d’autres zones protégées du pays.

 Dès la création de la réserve, ce type d’expérience a été mené, souvent en collaboration avec les parcs nationaux de pays étrangers. En 1984, huit gazelles dama mhorr provenant d’Espagne y sont introduites. En 2003, huit des jeunes gazelles issues de la reproduction des premières sont transférées dans la réserve de faune du Ferlo Nord. De même en février 1999, huit oryx arrivent d’Israël et voient arriver en 2002, pour éviter la consanguinité, deux couples de leurs congénères du zoo du Bois de Vincennes à Paris. Un an plus tard, en 2003, huit oryx issus de la reproduction des 12 autres sont transférés dans la réserve du Ferlo Nord.

Plus récemment, en avril 2007, nous explique Pape Niang, vingt gazelles dorcas élevées en captivité en Espagne ont été implantées dans la réserve.

L’oryx, qui avait disparu du Sénégal, est le symbole du succès de la réserve de Guembeul. Une organisation sous forme de Gie, rassemble des « éco gardes » chargés de la protection et de l’entretien de la réserve. Ces éco gardes sont originaires des huit villages périphériques du parc.Aujourd’hui dans la réserve de Guembeul (en liberté, semi-liberté ou en enclos) vous pourrez admirer des gazelles dama et dorcas (plusieurs dizaines), des oryx (une vingtaine), des tortues géantes sillonnées (plusieurs dizaines), des phacochères, de nombreux varans, des centaines de singes rouges (patas), des lièvres, des renards pâles, des écureuils, des chats sauvages ou des margouillats…                   Zone attractive pour les oiseaux d’eau

La très menacée tortue géante sillonnée (Geochelone Sulcata) y trouve également un de ses deux sanctuaires au Sénégal (avec le village des tortues de Noflaye). Le reptile gigantesque qui pèse jusque 100kg peut vivre près d’un siècle. Des centaines d’espèces d’oiseaux fréquentent en outre la réserve de Guembeul dont 124 sont protégées par les conventions de Berne et de Bonn. Sa proximité avec les parcs nationaux du Djoudj et de la Langue de Barbarie, fait que la zone est très attractive pour les oiseaux d’eau. Des îlots de reproduction artificiels ont d’ailleurs été aménagés pour les migrateurs. Les plus impressionnants, et les plus facilement identifiables, sont évidemment les pélicans, les flamants roses ou les spatules blanches. Mais parmi les espèces les plus belles et les plus représentées on retrouve également le grand cormoran, les avocettes avec leur bec si caractéristique qui ont ici leur principal lieu de colonisation au Sénégal, les barges à queue noire, les sternes naines, les goëlands railleurs, les mouettes à tête grise, les guifettes noires ou les combattants variés. Dans la brousse où l’acacia et le baobab dominent, quelques épineux et buissons de broussailles accueillent des merles métalliques, des tchagras à tête noire, des calaos, de magnifiques tisserins gendarmes (avec leurs nids en forme de grosse figue tissée si caractéristique) et des agrobates podobé ou roux. Vous apercevrez peut-être quelques curieux gros amas de produits végétaux dans les arbres (photo à droite). Il s’agit des gigantesques nids de l’ombrette du Sénégal qui peuvent atteindre 2 mètres de diamètre. Des rapaces tels que le balbuzard pêcheur, le milan noir africain ou le busard pâle planent également dans le ciel de la réserve au milieu du vol furtif de martinets des maisons et de martinets de palmes.

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Maître Lamine Coura Gueye: 10 juin 1968- 10 juin 2020.

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En ce jour, l’on se souvient de Maître Lamine Gueye qui s’était éteint, à Dakar, le 10 juin 1968, à l’âge de 76 ans.

Né au Soudan Français (actuel Mali) d’une famille sénégalaise originaire de Saint-Louis, Lamine Gueye étudia le droit en France durant la première guerre mondiale, devenant le premier juriste noir de l’Afrique française.

De retour au Sénégal, en 1922, il milita alors en faveur de Blaise Diagne et fut maire de Dakar en 1925 et 1926.

Candidat aux élections législatives de 1928, il fut battu par Blaise Diagne puis quitta le Sénégal pour occuper des fonctions de magistrat à l’île de la Réunion en 1931.

À la mort de Blaise Diagne en 1934, Lamine Gueye se présenta aux élections législatives mais fut battu par Galandou Diouf.

En 1935, il réorganisa le Parti Socialiste Sénégalais afin d’y attirer la jeune élite sénégalaise (le PSS fut le premier parti politique moderne de l’Afrique francophone).
La défaite française en 1940 mit momentanément un terme à la vie politique au Sénégal.
En 1946, soutenu par la SFIO, Lamine Gueye et son protégé, Léopold Sédar Senghor, remportèrent facilement la représentation des communes urbaines.
Lamine Gueye fut élu maire de Dakar la même année.

1948 fut l’année de la rupture entre Lamine Gueye et Léopold Sédar Senghor. 1958 vit la fusion du PSS avec 1e BPS (Bloc Populaire Sénégalais) de Léopold Sédar Senghor pour former l’UPS (union Progressiste Sénégalaise).

Les deux hommes s’unirent alors dans leur opposition aux autres leaders africains qui favorisaient l’autonomie pour chaque territoire de l’Afrique française plutôt qu’une structure fédérative.
Lamine Gueye maintint une intense activité politique au sein du parti au pouvoir et devint président de l’Assemblée Nationale, poste qu’il occupa jusqu’à sa mort en 1968.

Toutefois, il est à mentionner que Lamine Amadou Guèye a connu deux siècles et plusieurs époques historiques marquées par de profondes transformations économiques, sociales et politiques. Rason pour laquelle il est vu comme l’homme politique d’Afrique francophone le plus important au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Mieux, il a vécu ce coup de tonnerre que fut l’élection d’un député noir au Sénégal, Blaise Diagne, en mai 1914 juste avant le début de la Première Guerre mondiale.

En 1946, la loi qu’il fait voter à l’Assemblé constituante accordant à tous les ressortissants de l’empire français la citoyenneté signifie, dans certains domaines seulement, la fin de discriminations à la base du système colonial. Sa mort, par ailleurs, coïncide avec l’événement le plus marquant du Sénégal indépendant 

Sa disparition était survenue au moment où la jeune république est confrontée à un mouvement social sans précédent.

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Il y a 30 ans, Nelson Mandela sortait de prison.

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Le 11 Février 1990, après 27 années et 190 jours de prison, le Sud- Africain Nelson Mandela qui avait été condamné à réclusion à la perpétuité au plus fort de la période de ségrégation raciale, retrouve la liberté. Retour en cinq questions sur les circonstances et les conséquences de cette libération dont les images avaient à l’époque, fait le tour du monde.

L‘évènement principal dont la sortie de prison de Nelson Mandela n’était qu’une des conséquences, c’était l’arrivée de Gorbatchev au pouvoir à Moscou. Les réformes engagées par ce dernier ont conduit à la chute des régimes communistes en Europe. C’est la fin de la guerre froide et la fin de la politique internationale fondée sur les rivalités entre les deux superpuissances qu’étaient alors les États-Unis et l’Union Soviétique. L’Afrique du Sud était l’un des principaux alliés de Washington sur le continent Africain pendant la guerre froide.

Or, dans les années 1980, avec les signes d’essoufflement du communisme, cette alliance était devenue encombrante pour les États- Unis, d’autant que la majorité noire victime de terribles violences policières était proche de l’explosion. Sous la pression de Washington, Prétoria n’avait d’autre choix que de négocier avec le Congrès National Africain (ANC) et notamment avec son dirigeant Nelson Mandela, qui s’était imposé comme le leader incontournable de la majorité noire du pays.

Les négociations ont commencé dès 1987, sous le régime du Président Peter Botha et ont été menées à leur terme par Fréderic De Klerk qui annonça au parlement le 1er Février 1990 la décision de son gouvernement de libérer Mandèla. « L’apartheid »  sera officiellement aboli en Juin 1991 .

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Portrait de Cheikh Anta Diop, le Savant Visionnaire.

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Cheikh Anta Diop est né en 1923 dans le village de Thieytou, dans la région de Diourbel (en pays Baol-Cayor), près de la ville de Bambey à environ 150 km de Dakar, au sein d’une famille d’origine aristocratique wolof. Il décroche une bourse pour étudier en France en 1946, et choisit d’abord la physique et la chimie, avant de se tourner vers la philosophie et l’histoire, avec une thèse consacrée à « l’Afrique noire précoloniale et l’unité culturelle de l’Afrique noire ». Nationaliste et défenseur d’un fédéralisme africain, il retourne au Sénégal dès l’indépendance en 1960, où il se dédie à enseignement, la recherche et la politique, jusqu’à sa mort en 1986.

Son père, (le Jeune) Massamba Sassoum Diop est décédé peu de temps après sa naissance. Sa mère, Magatte Diop, vécut jusqu’en 1984. Cheikh Anta Diop épousa en 1953, à Paris, une Française, Louise Marie Maes, diplômée d’Études supérieures en Histoire et Géographie. Quatre fils naîtront de cette union.

De1927 à 1937 : à l’âge de 5 ans il est envoyé à l’école coranique dans le fameux Daraa de Koki au cote de son grand pere, avant d’être scolarisé à l’école française : l’École Régionale de Diourbel, d’où il obtient en1937, son certificat d’études primaires.

De 1938 à 1945 : il va poursuivre ses études secondaires à Dakar puis à Saint-Louis, avant d’obtenir son Baccalauréat en 1945

En 1946, il est allé à Paris pour s’inscrire en classe de Mathématiques Supérieures. À l’époque, son but était de devenir ingénieur en aéronautique.

En attente de la rentrée de l’année 1946-1947, il s’inscrit en Faculté des Lettres de la Sorbonne en philosophie. Il suit, en particulier, l’enseignement de Gaston Bachelard.

À son initiative, est créée l’Association des Étudiants Africains de Paris dont le premier président est Cheikh Fall. Amadou Mahtar M’Bow en deviendra quelques années plus tard le président.

En 1947, Cheikh Anta Diop va poursuivre ses études et ses recherches linguistiques sur le wolof et le sérère, langues parlées au Sénégal. Il entre en relation avec Henri Lhote (le découvreur des fresques du Tassili, au Sahara).

C’est en 1948 qu’il achève sa licence de philosophie et s’inscrit en Faculté des Sciences avant de publier sa première étude de linguistique, Étude linguistique ouolove – Origine de la langue et de la race valaf, dans la revue « Présence Africaine » créée par le grand homme de culture Alioune Diop en 1947, qui fondera la maison d’édition Présence Africaine puis la Société Africaine de Culture (SAC). La même année, Cheikh Anta Diop publie, dans un numéro spécial de la revue « Le Musée Vivant », un article intitulé Quand pourra-t-on parler d’une renaissance africaine ? en partie consacré à la question de l’utilisation et du développement des langues africaines, et dans lequel Cheikh Anta Diop propose pour la première fois de bâtir les humanités africaines à partir de l’Égypte ancienne.

En juillet 1950, le RDA (Rassemblement Démocratique Africain) alors dirigé par Félix Houphouët-Boigny, tout en rappelant fermement à la direction du RDA son devoir de ne pas faillir à sa mission historique : celle d’une véritable libération du continent africain.

Retour au Sénégal pendant l’hivernage (juillet-août) de l’année 1950. Il donne, à Dakar et Saint-Louis, plusieurs conférences dont la presse se fait l’écho :

 « Un enseignement est-il possible en Afrique dans la langue maternelle ? »,

 « Nécessité et possibilité d’un enseignement dans la langue maternelle en Afrique »,

— « Les fondements culturels d’une civilisation africaine moderne ».

Au cours de ce même séjour, il propose, avec des notables, dans une lettre adressée aux autorités de l’AOF (Afrique Occidentale Française), un plan de reboisement du pays afin de faire face au danger de la sécheresse.

1951 : Inscription sur les registres de la faculté de son sujet de thèse secondaire « Qu’étaient les Égyptiens prédynastiques », sous la direction du professeur Marcel Griaule.

Il devient le secrétaire général de l’Association des Étudiants du RDA (AERDA), à Paris.

En 1953 : Dans le bulletin mensuel de l’AERDA, « La Voix de l’Afrique noire » de mai-juin 1953, il publie l’article « La lutte en Afrique noire ». Il quitte le secrétariat général de l’AERDA.

C’est en 1956 qu’il se réinscrit en thèse d’État avec comme nouveau sujet principal « Les domaines du matriarcat et du patriarcat dans l’antiquité ».

À partir de 1956, il enseigne la physique et la chimie aux lycées Voltaire et Claude Bernard, à Paris en tant que maître-auxiliaire.

Cheikh Anta Diop décède le 7 février 1986 ; il repose, selon sa volonté, à Caytou, auprès de son grand-père (le Grand) Massamba Sassoum Diop, fondateur du village.

Des citations célèbres

« L’Égypte est au reste de l’Afrique Noire ce que la Grèce et Rome sont à l’Occident. »

« La plénitude culturelle ne peut que rendre un peuple plus apte à contribuer au progrès général de l’humanité et à se rapprocher des autres peuples en connaissance de cause. »

« Les idéologues qui se couvrent du manteau de la science doivent se rendre compte que l’ère de la supercherie, de l’escroquerie intellectuelle est définitivement révolue, qu’une page est tournée dans l’histoire des rapports intellectuels entre les peuples. »

Des controverses autour de lui

Lors de la publication de son livre Nations nègres et culture (1954), Cheikh Anta Diop a dû faire face à un grand scepticisme dans le monde universitaire, en plus des critiques basées sur les préjugés racistes hérités du colonialisme. Certains collègues lui reprochent une approche multi-disciplinaire parfois chaotique, et d’autres d’être influencé dans son travail scientifique par son militantisme politique. Ce n’est qu’en 1974, au cours du colloque international du Caire, que les plus grands égyptologues ont salué ses théories « visionnaires ». Elles ont depuis été acceptées en tant que vérités scientifiques.

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