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Un peu d’histoire: Saint louis et ses ponts

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Tous les ponts de Saint-Louis ont une histoire particulière et ont fait l’objet de travaux de réfection et de réhabilitation. Ces principaux ouvrages sont au nombre de quatre .

Dans les archives du Crds, il est mentionné que le pont de Leybar, qui relie le continent au faubourg de Sor, permettait autrefois l’acheminement des trains jusqu’à la gare. Les véhicules automobiles empruntant, pour leur part, la digue qui contourne le marigot du Leybar. Le pont Faidherbe, le plus emblématique des 4 ponts, qui relie le faubourg de Sor à l’île historique de Saint-Louis. Le pont « Moustaphe Malick Gaye, ex Servatius » de Guet-Ndar, permet le passage des véhicules et des habitants depuis l’île historique vers la Langue de Barbarie. Le pont de la Geôle, contiguë à la maison d’arrêt et de correction et réhabilité l’année dernière, est un ouvrage flambant neuf et doté d’une passerelle piétonne reliant le Nord de l’île et les quartiers de la Langue de Barbarie.

                                                  Les 4 vies du « Pont Faidherbe »

Succédant au bac de «Bouetville», inauguré en 1858 et qui effectuait quotidiennement jusqu’à 10 rotations (du lever au coucher du soleil) avec à son bord : 150 personnes, des boeufs, des chameaux, des marchandises et des voitures, le premier pont Faidherbe sera un pont flottant (1865/1897). D’une longueur totale de 680 mètres dont 355 mètres pour la partie immergée, comprenant 40 pontons en tôle et supportant un tablier en bois de 4 mètres seulement.

Dans les documents du Crds, on précise qu’une portière de trois pontons et 20 m de large permettait le passage des navires. Ce premier “pont Faidherbe” doit son nom à un décret impérial et il sera inauguré le 2 juillet 1865. Après 32 ans de services, de nombreuses péripéties liées à l’accroissement du trafic et aux coûts et incidents attachés à sa maintenance, il sera remplacé, en 1897, par un ouvrage réalisé par la société Nouguier, Kessler et compagnie, les adjudicataires choisis par les conseillers saint louisiens réunis sous la houlette du conseiller Crespin. Ce deuxième pont Faidherbe (1897/1933) est long de 508,3 mètres. Il est doté de 7 travées indépendantes (5 grandes travées, une travée tournante et une petite travée au départ de l’ile) et pèse 1300 tonnes.

Il connaîtra deux inaugurations. La première le 14 juillet 1897 par le gouverneur Chaudié, le jour de la fête nationale française. Cette inauguration donnera lieu à de nombreuses fêtes. (Passage de l’aviso l’Ardent dans la travée tournante, 21 coups de canon le matin et le soir, des courses de chevaux et d’ânes avec paris mutuels, une fantasia, des mats de cocagne, des régates, une revue des troupes, une distribution de secours aux nécessiteux, une retraite aux flambeaux, l’illumination des monuments publics et, pour finir en beauté, un feu d’artifice sur le fleuve).

La seconde inauguration, le 19 octobre 1897 en présence du Ministre Lebon, donnera à Léon d’Erneville, le président du Conseil général d’alors, l’occasion de rappeler que ce pont est l’œuvre exclusive du budget local et qu’il a été réalisé dans l’enveloppe budgétaire initiale.

On peut retenir quelques statistiques de cet ouvrage. Poids total du métal employé : 2 060 285 kilogrammes ; Mécanisme de la travée tournante : 41 000 kilogrammes ; Poids par mètre courant du pont : 6 100 kilogrammes ; Nombre de rivets : 600 000.

                                                Le troisième pont Faidherbe (1933/2011)

Daydé  réhabilite le pont (1929/1933). Souvent passée sous silence, cette réhabilitation, rendue indispensable par l’impossibilité technique de remettre en état le pont « Nouguier », équivaut en temps et en argent, à une véritable reconstruction. La totalité des poutres a été remplacée. Une chaussée bétonnée a succédé à l’ancien platelage. Le trottoir amont a été élargi tandis que le trottoir aval, supportant la conduite d’alimentation en eau de la ville, a été réduit à la largeur d’un mètre. Le travail de réfection a été effectué, en quatre ans, sans interruption de la circulation grâce à un astucieux d’échafaudages provisoires situé sous les travées en réparation.

L’entreprise Daydé ayant intégré les recommandations techniques de 2 ingénieurs familiers du pont (Roumegoux et Deydier) pour aboutir à un renforcement très important de la structure qui lui permettra d’assurer un service continu pendant 78 ans. La travée tournante fera, elle aussi, l’objet d’une réfection entre 1932 et 1933, toujours par les établissements Daydé de Paris.

Après cette opération de réhabilitation essentielle et réussie, plusieurs sociétés sont intervenues dans le cadre de grosses réparations : Sogetram (réfection des piles 1956/1957), ETPD (réfection des piles 1965), TTSM (visite des parties immergées 1973), Satom (réfection des piles et culées 1976/1977), TTSM (visite des appuis du pont métallique 1988), Sasif Soletanche-Bachy (injections de consolidation 1989/2000).

On comprend de cette énumération que les parties sous-marines sont beaucoup plus exposées à l’usure et au travail des courants marins que la partie aérienne, exposée seulement à la rouille et à l’usure mécanique. Néanmoins les Sociétés Colas, Socotec et Arnodin interviendront entre 1956 et 2000 sur la chaussée, sur les passerelles et aussi sur les peintures pour lutter contre la rouille. Le mécanisme de roulement de la travée tournante a toujours été le souci permanent des hommes de maintenance. Toutefois son âge n’a pas empêché le pont de s’ouvrir et de se refermer assez facilement: en 4 heures de temps seulement, le 16 octobre 2005 pour laisser le Bou el Mogdad rejoindre la partie amont du fleuve.

Le quatrième “pont Faidherbe” (2011/…) est celui qui est en fonction aujourd’hui. On peut retenir:

32 ans pour le premier (pont flottant), 36 ans pour le second (pont

«Nouguier/ Kessler »), 78 ans pour le troisième (pont «Daydé»), que l’histoire du pont “Faidherbe” s’écrit déjà depuis près de 150 ans à Saint-Louis.

                    Mbagnick Kharachi Diagne

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