Pour aider les six Communes cibles de la région de Matam
(Ogo, Nabadji Ciwol, Bokidiawé,Oréfondé , Ndendory, Wouro Sidy) à
améliorer la gouvernance de leurs ressources naturelles et foncières, il est
nécessaire de réaliser un état des lieux actualisé de leur territoire pour leur
donner une visibilité de l’occupation spatiale. Au vu de l’ampleur des tâches à
réaliser, leur complexité et le niveau de précision recherché, la nécessité de
s’appuyer sur un prestataire se justifie à plus d’un titre. Cette déclaration
est du responsable de la Cellule de Communication de la Saed, El Hadj Gueye. Ce
dernier s’exprimait à l’occasion de l’atelier de lancement de ces enquêtes
sociofoncières de la Saed, qui s’est déroulé hier dans la commune de Bokidiawé,
une localité de la région de Matam, située à plus de 350 kms de Saint-Louis.
Cet atelier s’est déroulé en présence des conseillers municipaux, des
chefs de village, des chefs de services régionaux de l’administration
déconcentrée, de l’Agriculture, des Eaux et Forêts, de l’Hydraulique, de
l’Elevage, des pêches, de la Planification, du Cadastre, de l’Aménagement du
territoire, de la Statistique et de la Démographie, des Secrétaires Généraux
des Conseils départementaux de Matam et de Kanel, etc.
Ainsi, a-t-il
précisé, un prestataire a été recruté par la Direction Générale de la SAED (le
Groupement TPF/Genhy), afin de conduire cette activité de première importance
pour la maitrise de l’occupation foncière des communes bénéficiaires des deux
projets ASAMM (Amélioration de la sécurité alimentaire et d’appui à la mise en
marché des produits agricoles dans la région de Matam) et APEFAM (Projet
d’appui à la promotion des exploitations familiales dans la région de Matam).
Le prestataire avec l’appui de l’UGP (Unité de gestion des projets) a identifié
et formé des enquêteurs qui vont se déployer incessamment pour la conduite des
ESF (enquêtes socio-foncières). Dans le but d’une meilleure appropriation de
cette activité sensible à l’ensemble des parties prenantes, des missions d’informations
des autorités (sous-préfet) et des émissions radiophoniques à grande audience,
ont été réalisées et se poursuivront.
Toutefois, a
souligné El Hadj Gueye, il a été retenu par prudence de commencer les enquêtes
par une commune (Bokidiawé, département de Matam) comme phase test. A cet
effet, pour donner un cachet solennel et populaire, un atelier régional de
lancement a été prévu hier à Bokidiawé.
En effet, a-t-il
poursuivi, la zone test permet de mettre à l’épreuve la méthodologie qui
s’appuie sur une équipe d’une trentaine d’enquêteurs à mobiliser. Dans son
approche, le prestataire a prévu de travailler sur une logistique comprenant
des véhicules, des tablettes avec GPS intégré et de faire résider les
enquêteurs au niveau des zones de gestion définies dans les POAS (Plans
d’occupation et d’aménagement des sols) des communes ciblées. La zone du Walo
où se développent les cultures irriguées sera enquêtée et cartographiée en
priorité.
Justifiant
l’organisation de cet atelier, El Hadj Gueye a rappelé que la région de Matam,
proprement dite, située dans la moyenne Vallée, dispose d’un énorme potentiel
hydraulique constitué essentiellement du Fleuve Sénégal sur 200 km de long et
de ses principaux affluents et défluents que sont le Diamel et le Diolol et de
grandes étendues de terres agropastorales.
C’est sur la base de
ces potentialités, a-t-il indiqué, dans un contexte de crise alimentaire
mondiale marquée par le renchérissement des prix des produits agricoles au
niveau des marchés ainsi qu’un environnement institutionnel et politique
favorable (Plan Sénégal Emergent – PSE, PRACAS …), qu’une option politique
stratégique a été prise en vue de renforcer la sécurité alimentaire du
Sénégal, de développer les filières intégrées compétitives (chaînes de
valeurs riz, tomate, oignon, etc.) et à haute valeur ajoutée, porteuses de
croissance, de préserver les équilibres socio-économiques et de
dynamiser l’économie rurale.
Selon M. Gueye, la
Vallée du Fleuve Sénégal revêt un attrait particulier en raison de son potentiel
de terres agricoles notamment irrigables. De nombreuses réformes
institutionnelles y sontconduites ces dernières années : de la
structuration de la profession agricole, à l’implication d’investisseurs
agro-industriels privés.
Pour ce faire, l’Etat
sénégalais, à en croire M.Gueye, a mis en place un ensemble cohérent de textes
législatifs et réglementaires qui concourent à la pérennisation des
investissements, la sécurisation juridique et foncière des investissements, la
diversification et l’intensification de l’agriculture (Fonds de maintenance des
infrastructures hydro agricoles, la Charte du Domaine Irrigué (CDI), La loi
d’orientation agro-sylvo-pastorale (LOASP), la Charte de l’eau).
Le foncier est un enjeu fort dans cette zone à fortes potentialités agricoles
encore accrues par l’accroissement des infrastructures notamment
hydro-agricoles. Cette situation fait naître un besoin de réorganisation de
l’espace et une nécessité de sécuriser l’occupation foncière mais aussi de
mettre en place un cadre de règlement des conflits adapté au
milieu.
Ainsi, a-t-il
martelé, en partenariat avec la Société Nationale d’Aménagement et
d’Exploitation des Terres du Delta du fleuve Sénégal et des vallées du fleuve
Sénégal et de la Falémé (SAED), diverses approches ont été expérimentées au
sein de projets (dont le PACR et le MCA-S) dans la Vallée du fleuve pour
accroitre les compétences, les connaissances et mettre en place des outils pour
une gestion efficace et transparente du foncier et des différentes formes de
contractualisations entre acteurs.
Encadré : Les Poas et le Sif, des outils importants de gestion du foncier
Parmi ces outils de
planification et de gestion du foncier, il est important de noter les POAS
(Plans d’Occupation et d’Affectation des Sols), le SIF (Système d’Information
Foncières), les Centres de gestion associatifs, la Charte du domaine irrigué.
L’existence de ces outils dans la Vallée en fait une zone de référence en
matière de gouvernance territoriale dans le contexte de l’acte 3 de la
décentralisation. Les Communes, par le biais de leurs compétences en matière de
planification, d’aménagement du territoire, et de gestion des ressources
naturelles et foncières, se trouvent aujourd’hui, au cœur de la dynamique
actuelle de développement économique territorial. Leur implication dans la
gestion du foncier et l’élargissement de leurs compétences en font des acteurs
centraux des évolutions plus globales de l’environnement institutionnel,
financier et économique du développement de l’agriculture irriguée et
pluviale.
C’est dans ce cadre
que l’idée d’une implication des acteurs locaux, et notamment les Communes,
dans ce développement (qui trouve sa source dans la Loi sur le domaine national
de 1964) est progressivement reprise et confirmée dans les réflexions sur la
décentralisation, associant les vertus de bonne gouvernance (démocratie locale)
et l’efficacité technique (solutions locales aux questions locales).
Parallèlement,
a-t-il enfin souligné, les partenaires au développement à travers des appuis
financiers conséquents accompagnent cette politique de l’Etat. Parmi ces
partenaires stratégiques, on peut noter l’Agence Française de Développement
(AFD) qui a en particulier accompagné les évolutions institutionnelles,
méthodologiques et réglementaires dans les analyses/diagnostics de la situation
foncière et les propositions d’outils de sécurisation du foncier et des
aménagements/investissements hydro agricoles à l’instar de la Charte sur le
Domaine Irrigué (CDI, dans l’accompagnement par la SAED de la modernisation de
l’économie agricole par des appuis à l’organisation des acteurs/filières aux
services.
Mb.K.Diagne pour Chroniques.sn
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