Les véhicules tuent et continueront de tuer si des
mesures drastiques ne sont pas prises pour contrecarrer la recrudescence des
accidents. Le commun des Sénégalais, est d’avis que la plupart des collisions
est à mettre à l’actif du comportement des automobilistes, la vieillesse du
parc automobile, le mauvais état des routes, l’inaptitude de certains
chauffeurs à conduire des véhicules qui ne correspondent pas à leur catégorie,
l’absence de rigueur dans la passation et l’obtention du permis de conduire.
Bref tout un cocktail de facteurs qui malheureusement continue de décimer une
bonne partie de la population.
Mais diantre !
A qui la faute, si ce n’est la faiblesse coupable de l’autorité publique
qui semble montrer ses limites à travers des séries de campagne d’information
qui n’ont jusque là, rien donné. L’État est trop frileux pour attaquer le mal à la racine.
Des véhicules conçus strictement pour le transport
de marchandises, sont modifiés et adaptés ici, pour effectuer le transport de
passagers. De véritables cercueils roulants étoffent en grande partie le
secteur du transport urbain et inter urbain.
Des défaillances liées au pneumatique sont souvent relayées dans les accidents, mais la
question qu’il faut se poser est de savoir, qu’est-ce que l’autorité publique a
fait par rapport aux nombreux pneus de seconde main qui arrivent comme une
vague déferlante dans des conteneurs ?
Est-ce qu’il y a un contrôle sérieux quant à l’état
de ces pneus lors de leurs déchargements, sont-ils aptes à être réutilisés?
Quand est-il de la fraude sur le poids réel des
conteneurs qui dépasse de loin la norme ? Ce même conteneur, déjà lourdement
chargé est ensuite mis sur un camion brinquebalant avec des pneus usés au
second degré qui roulent sur une route dont les nids de poules ont cédé la
place aux » nids d’éléphants ».
La surcharge en transport routier de marchandises et
de passagers est devenue banale sous le regard coupable de l’autorité alors
qu’on sait pertinemment qu’un véhicule trop chargé perd l’efficacité de son système
de freinage.
Des bus dont les places assises et la vitesse
maximale sont réglementées, font l’objet de modification avec des chaises
supplémentaires communément appelées « Versailles » et se retrouvent
avec plus de 70 à 80 places. Alors que ces nombres de places ne sont jamais
mentionnés dans la carte grise d’origine. Une infraction flagrante que tout le
monde sait mais préfère fermer les yeux.
Le récent accident sur la nationale une, à hauteur
de poste Thiaroye, tuant sur le coup, 04 personnes incombe aux piétons qui
refusent d’emprunter les passerelles, préférant disputer la route aux
véhicules. Ces pratiques doivent plus
que jamais éveiller les consciences sur le danger à vouloir traverser les
routes n’importe comment. Si pour autant, l’autorité publique n’est pas capable
de jouer pleinement son rôle en obligeant le piéton à prendre les passerelles
au lieu de traverser la route à des niveaux non autorisés comment peut-elle
faire régner la discipline à une échelle un peu plus large ?
Il faut aussi signaler que dans cet axe, allant du rond-point
Sips jusqu’à keur Mbaye fall, l’éclairage est quasi inexistant et les balisages
montrant les limites de la chaussée ont presque disparu ou enseveli sous le
sable qui borde les routes. Circuler sur cet axe la nuit est un véritable
danger, il n’est pas étonnant d’ailleurs de constater que plusieurs accidents
parfois mortels sont enregistrés sur ce tronçon. Il est déplorable aussi de
constater qu’à Dakar et dans la plupart des régions, l’insuffisance ou
parfois, l’absence totale de tracées indiquant les passages à piétons sur des
artères bien fréquentées.
Au-delà des accidents occasionnant des morts d’homme
qui sont beaucoup plus médiatisés, il ne faut pas perdre de vue, les nombreux
accidents faisant état de dommages matériels. Et c’est là, qu’il faudrait
s’appesantir afin de mettre à nue, l’indiscipline caractérisée dans la conduite
et la légèreté avec laquelle ces fautes sont traitées. Sur ces types
d’accident, la personne la plus lésée est appelée à commettre un huissier ou
payer lui-même le constat afin d’obtenir le Pv. Or, il serait judicieux de
couper la poire en deux à défaut de faire payer entièrement celui qui a
occasionné l’accident. C’est certes, une mesure simple mais très dissuasive.
Qui peut le plus, peut le moins avons l’habitude de
dire, mais c’est tout à fait le contraire dans notre manière de vouloir
stopper les accidents. A mon avis, il
faudra commencer d’abord à mettre en place une politique visant à anticiper sur
les causes d’accident en ville où on note une forte concentration de véhicules.
La sensibilisation est bien mais reste insuffisante, il faut des actions
concrètes sur le terrain. Sinon les
accidents de circulation auront de beaux jours, si l’État n’affiche pas une réelle volonté de vouloir
éradiquer le mal à la racine.
Dommage que
tout semble indiquer que l’anormal est
devenu la norme au Sénégal en matière de transport et malheureusement ceux qui
réfléchissent sur un programme de sécurisation routière semble ne pas maîtriser
certains points ou peut-être les ignorent royalement.
Babou bamba.
Logisticien
Baboubamba@gmail.com