Culture

Production de téléfilms : les grands chantiers de Daouda Guissé

Publié il y'a

Date :

Le journaliste et comédien, Daouda Guissé, ambitionne de remettre sur les rails la Troupe Bara Yegoo de Saint-Louis qui, depuis une trentaine d’années, avait conquis le cœur des Sénégalais. Son combat consiste toujours à rajeunir la troupe et à faire en sorte que « les Sénégalais cessent de regarder la télénovela brésilienne et se tournent vers les productions locales ». Sa préoccupation majeure est aussi d’aider « Bara Yeggo », la troupe mythique, à renaître de ses cendres.

Ancien journaliste de Radio Sénégal à la retraite, Daouda Guissé a joué un rôle déterminant dans le succès de la troupe « Bara Yeggo » au début des
années 90. Artiste-comédien, scénariste et directeur artistique de la troupe, le
natif de Méri, dans le département de Podor, est l’une des pièces maitresses
ayant permis d’inscrire cette formation théâtrale régionale sur les plus hautes
marches de l’histoire du théâtre populaire sénégalais.

Le scénariste Daouda Guissé, artiste comédien de gros calibre, ancien chef de la station régionale de la Rts de Matam, avait lancé en 2016,  dans la capitale du Nord, son téléfilm intitulé «Midi Keng-Bol Keng ». Le produit est fini, mais il n’est pas encore diffusé. Il a d’autres téléfilms en chantier. Il s’agit de « Nékha-Deukeul », « Mame Coumba Bang ou la fille des eaux », Léégui mou Déé » ou « l’Espoir brisé », etc.

Ainsi, après une longue période de léthargie due au rappel à Dieu de El Hadj Mansour Seck, Mame Seynabou Diop dite Mame Saye Diop, Serigne Fall, Thiam Dollar et autres figures emblématiques du théâtre populaire sénégalais, la troupe théâtrale « Bara-Yeggo » renaît.

 «Midi Keng-Bol Keng », selon le scénariste Daouda Guissé, a permis de revisiter les contours les plus profonds du vécu quotidien du Saint-Louisien, et d’inviter l’ensemble de nos concitoyens à un retour massif à la terre. Pour lui,  c’est une manière d’attirer l’attention des populations de la vieille cité et de la région Nord sur la contribution qu’elles doivent apporter à la mise en œuvre du programme national d’autosuffisance en riz (Pnar), du Pracas et du Pse.

 De l’avis de Daouda Guissé, non seulement, la production de ce téléfilm permet de soutenir le président Macky Sall dans sa farouche volonté de sortir notre pays de l’engrenage de la pauvreté pour le mettre définitivement sur la voie de l’émergence, mais il s’agit aussi de faire le théâtre autrement, de faire du théâtre axé sur le développement économique et social de la nation. 

Après Midi Keng-Bol Keng, Daouda envisage de produire « Nékha-Deukeul », « Mame Coumba Bang ou la fille des eaux » et autres téléfilms qui permettront de repositionner Saint-Louis dans le théâtre populaire national.

Aujourd’hui, a-t-il précisé, la troupe théâtrale de Saint-Louis renaît de ses cendres et, est en train de reconstituer ses éléments en vue de relancer ses activités.

Dans sa paisible retraite à Pikine, le directeur artistique, Daouda Guissé, s’inspire actuellement du souffle de Mame Coumba Bang, génie tutélaire des eaux, pour taquiner la muse et réfléchir sur les voies et moyens à mettre en œuvre pour faire mieux que la télénovéla brésilienne.

 Ainsi, Daouda et ses proches collaborateurs s’activent de toutes parts pour nous proposer dans les plus brefs délais, « Mame Coumba Bang ou la fille des eaux », un téléfilm de 120 épisodes, qui va à coup sûr permettre aux téléspectateurs sénégalais et autres nostalgiques des années de gloire de cette bande mythique de Golbert Diagne et de Marie Madeleine Diallo, de s’épanouir avec un nouveau style théâtral qui apporte du sang neuf au théâtre populaire sénégalais.

 Selon Daouda Guissé, « Mame Coumba BANG ou la fille des eaux »  revient sur l’historique de Saint-Louis, son patrimoine, le parler des Domou Ndar, dans une trame exceptionnelle qui prend en charge le quotidien des Sénégalais en général et des Saint-Louisiens  en particulier. 

Aujourd’hui, a-t-il souligné, le manque de moyens de production et de partenaires empêche la troupe de s’envoler, de traduire en actes concrets sa vision et ses innovations en matière de théâtre populaire. Et du fait de cette situation pénible et désagréable, elle marche ainsi au pas de caméléon, nourrie simplement par la volonté de promouvoir le téléfilm saint-louisien. 

Selon ce scénariste, le soutien des fils de Saint-Louis et l’appui de la diaspora deviennent une nécessité pour préserver ce patrimoine propre à la cité de Mame Coumba Bang, ville tricentenaire et amphibie, ancienne capitale de l’Afrique Occidentale Française (Aof), longtemps considérée comme un centre d’excellence, des arts, des lettres, de la culture, de la téranga, du bon goût, de la douceur, de la mode, de l’extravagance, etc.

 D’autres séries comme « Léégui mou Déé » ou « l’Espoir brisé » sont en chantier. Ainsi, c’est un nouveau souffle que Daouda apporte à la dynamique théâtrale du Nord, après quelques années de pause, d’introspection et d’observation, le temps de reconstituer une troupe fissurée par la disparition brutale de plusieurs grandes figures artistiques de sa troupe. Créée dans les années 80, elle regroupait à ses débuts des animateurs de la RTS de Saint-Louis sous l’impulsion de sa directrice d’alors Daba AW. L’initiative plébiscitée et encouragée par les auditeurs qui écoutaient ses productions attentivement tous les samedis, connaitra rapidement un succès éclatant dès son accession au petit écran, sur la proposition de Babacar Diagne, ancien Dg de la Rts. En plus des disparitions de comédiens, les affectations, les départs à la retraite et changements opérés dans l’organigramme de la Rts, les petites retombées et les maigres cachets générés par la production vont disloquer le talentueux groupe.                       
                                                                                                                                                      Un scénariste à l’imagination fertile


Contrairement à la plupart des membres de la troupe « Bara Yeggo », Daouda Guissé n’est pas né à Saint-Louis du Sénégal. Mais, l’homme a tout le mérite d’un bon « Domou Ndar ». L’engagement et la détermination en bandoulière, il a contribué à rehausser le théâtre populaire saint-louisien en sa qualité de directeur artistique et scénariste de « Bara Yeggo». Le natif de Méri, dans le département
de Podor, est une icône du théâtre populaire de la vielle ville et du Sénégal d’une manière générale.
Passionné d’écriture, il a tout appris sur le tas. Daouda est journaliste et scénariste talentueux, mais il n’a jamais été dans une école de formation. A la création de la troupe théâtrale de la radio régionale de Saint-Louis, au début des années 80, lejournaliste est proposé pour réfléchir sur le thème d’une pièce dépeignant le vécu et la façon d’être saint-louisienne. La tâche semble ardue. Mais, il a la baraka d’être la synthèse de deux cultures. D’une part, il porte le gène halpular et, d’autre part, il a réussi à assimiler le « way of life » des « Ndar-Ndar ». Deux éléments déterminants dans sa quête d’originalité et qui ont été les arguments sur lesquels il a puisé pour écrire la trame de son chef d’oeuvre. Dans la série « Bara Yeggo », le scénariste choisi de mettre l’accent sur le parler et le paraitre saint-louisien. Lesquels font la particularité de la cité centenaire par rapport aux autres villes du pays. « C’est cette spécificité saint-louisienne que je voulais ressortir à travers le téléfilm. Le tout avec des artistes de talent. Marie Madeleine faisait la synthèse entre deux civilisations, Mame Sèye Diop avec Alioune Diagne Golbert étaient les pures Saint-Louisiens… Pour moi, il fallait aussi voir comment faire pour montrer toute l’élégance et l’hospitalité des Ndar-Ndar. Il fallait insister sur cela pour marquer le Sénégal, et je pense que je ne l’ai pas raté », soutient-il. L’entrée en sixième en poche, Daouda Guissé quitte son village natal dans le Podor, en 1966, pour rejoindre son père à Saint-Louis. Sous l’impulsion d’un papa enseignant, le jeune Guissé entre au lycée Faidherbe où il va côtoyer Baba Maal, artiste de renommée internationale. Daouda Guissé va rester au lycée jusqu’en classe de terminale. « Je ne pouvais pas continuer mes études. J’étais l’aîné de la famille. Donc, il fallait aider papa », laisse-t-il entendre. Passionné de radio et très fan des journalistes d’alors, en l’occurrence Guévane Niang, Jibril Bâ de radio Sénégal, il se rapproche de Radio Saint-Louis, en vue d’une éventuelle collaboration. Par la suite, il fera ses premiers pas d’animateur dans cette radio, d’abord comme producteur extérieur, ensuite comme producteur payé au cachet. « Ce cachet a duré pendant au moins plus de 25 ans. Toutefois, j’aicôtoyé la bonne école avec les Mame Less, Omar Diouf et Khalil Touré. Ces gens m’ont beaucoup apporté », souligne Daouda Guissé. Son départ de Saint-Louis, dans les années 2000, pour Louga, puis Matam en 2002, où il est nommé chef de la station de la Rts, va créer une petite léthargie au sein de la troupe « Bara Yeggo ». Après une dizaine d’années d’exercice à Matam, le journaliste est appelé à faire valoir ses droits à la retraite. De retour à Saint-Louis, il est nommé directeur de publication de « Ndar Fm ». « Quand je suis revenu à Saint-Louis, j’étais venu simplement pour me consacrer au théâtre. Mais, la mairie m’a demandé de venir appuyer un peu les jeunes », affirme-t-il. A côté de ses fonctions de rédacteur en chef, le scénariste travaillait pour ramener la mythique troupe sur le devant de la scène. Le journaliste de la Rts à la retraite vient de terminer un téléfilm qui s’intitule « Midi keng-Bol keng ». Il a aussi l’ambition de réaliser une série de 120 épisodes avec la troupe « Bara Yeggo » sous le titre «Mame Coumba Bang ou la fille des eaux ».  Actuellement, la tête pensante de « Bara Yeggo » développe d’autres activités à Matam.

                                                                                                             Mb.K.Diagne

Cliquez ici pour commenter

Articles tendances

Quitter la version mobile