En 1944 des rescapés du régiment des tirailleurs sénégalais démobilisés après la libération de la France, sont débarqués à Dakar, capitale de l’AOF et logés au camp de thiaroye en attendant leur ventilation dans leurs territoires respectifs (Mauritanie, Soudan, Niger, Haute Volta, Dahomey, Togo, Côté d’Ivoire, Guinée Conakry).
La hierarchie militaire française leur propose de rejoindre leurs territoires pour y recevoir leurs primes. Craignant un coup foireux, les tirailleurs font bloc et exigent le paiement intégral de leurs primes avant de regagner les territoires.
Le 30 novembre 1944 ils manifestent bruyamment leur colère et séquestrent des officiers français.
Suite à des assurances fermes des autorités françaises, ils lâchent prise et s’en vont dormir tranquillement dans leurs dortoirs.
Dans la nuit du 30 novembre au 01 decembre 1944,ils sont surpris dans leursommeil,fusillés et enterrés clandestinement dans des fosses communes à l’intérieur du camp de Thiaroye. Les estimations font état de 35 à 70 tirailleurs tués.
C’est le sort tragique subi par ces tirailleurs qui se sont sacrifiés pour libérer la France de l’occupation allemande.
Le poète Léopold Sedar SENGHOR leur rendit cet hommage dans Hosties Noires
THIAROYE
« Prisonniers noirs je dis bien prisonniers français, est-ce
donc vrai que la France n’est plus la France?
Est-ce donc vrai que l’ennemi lui a dérobé son visage?
Est-ce donc vrai que la haine des banquiers a acheté ses bras d’acier?
Et votre sang n’a-t-il pas ablué la nation oublieuse de
sa mission d’hier?
Dites, votre sang ne s’est-il pas mêlé au sang lustral de ses
martyrs?
Vos funérailles seront-elles celles de la Vierge-Espérance?
Sang sang ô sang noir de mes frères, vous tachez l’innocence
de mes draps
Vous êtes la sueur où baigne mon angoisse, vous êtes
la souffrance qui enroue ma voix
Wôi! entendez ma voix aveugle, génies sourds-muets
de la nuit.
Pluie de sang rouge sauterelles! Et mon cœur crie à
l’azur et à la merci.
Non, vous n’êtes pas morts gratuits ô Morts! Ce sang
n’est pas de l’eau tépide.
Il arrose épais notre espoir, qui fleurira au crépuscule.
Il est notre soif notre faim d’honneur, ces grandes
reines absolues
Non, vous n’êtes pas morts gratuits. Vous êtes les
témoins de l’Afrique immortelle
Vous êtes les témoins du monde nouveau qui sera
demain.
Dormez ô Morts! et que ma voix vous berce, ma voix
de courroux que berce l’espoir. »
Paris, décembre 1944.
L. S. Senghor, in Hosties noires.
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