L’ex-star du ballon rond devenu président a accordé sa première visite hors du continent africain à la France. L’occasion pour Monrovia et Paris de bâtir une coopération empreinte d’un nouvel esprit.
Peut-on vraiment être surpris que George Weah ait choisi la France pour sa première visite hors d’Afrique ? Pas du tout quand on connaît l’attachement particulier de George Weah à un pays dont il a eu la nationalité un moment, un pays où il a évolué à l’AS Monaco, au Paris-St-Germain et à l’Olympique de Marseille, mais aussi où il a de nombreux amis dont les moindres ne sont pas le très connu entraîneur Claude Leroy, qui l’a découvert à Yaoundé alors qu’il évoluait au Tonnerre, et Arsène Wenger, l’actuel manager d’Arsenal, qui lui a donné sa chance en l’intégrant dans l’effectif du club monégasque alors sous sa responsabilité. Il faut ajouter à cela qu’en faisant pas moins de trois voyages en France en 2017, George Weah a montré combien l’Hexagone comptait à ses yeux. Au-delà des nombreux amis qu’il compte en France, George Weah a pu s’appuyer sur les réseaux français pour toucher l’Europe, en l’occurrence le Parlement européen, dont le président, Antonio Tajani, l’a reçu à Bruxelles fin septembre 2017.
Des agendas qui se sont fait écho
Dès sa victoire confirmée, George Weah et Emmanuel Macron se sont parlé au téléphone. Très vite, au-delà des félicitations, les agendas des deux présidents se sont fait écho.
Côté libérien, majoritairement élu dans le cadre d’une alternance démocratique exemplaire, essentiellement par des jeunes pour qui il souhaite créer de nombreux emplois, George Weah apparaît un peu comme une figure de la Nouvelle Afrique de par les chantiers qu’il a mis en avant, en l’occurrence la relance de l’économie de son pays, l’accès aux soins pour tous, la lutte contre le chômage bien sûr et surtout celle contre la corruption qui devrait au moins participer de la consolidation d’une administration digne de ce nom.
En face, Emmanuel Macron, jeune président français, veut faire bouger les lignes quant à la relation de la France avec les pays du continent africain. Pouvoir traiter avec un président africain aussi bien élu que George Weah lui permet de matérialiser une approche de l’Afrique plus ouverte, au-delà du « pré-carré » francophone et de la Françafrique dont les pratiques clientélistes ont été dénoncées et sont en train d’être remisées dans les armoires de l’histoire avec l’épisode du Discours de Ouagadougou. Comme on dit à l’Élysée, c’est l’illustration que dans ses relations avec l’Afrique anglophone la ligne est en train de bouger.
Mise en œuvre des idées de Ouagadougou
Cette visite du président Weah à Paris permet en tout cas au président Macron de faire d’une pierre deux coups et de mettre en œuvre son trépied énoncé au Burkina Faso, lequel conjugue l’Afrique avec l’investissement et le sport. Le 29 novembre 2017, dans son discours de Ouagadougou, le président français avait mis en avant sa conviction qu’il était important de reconnaître « le sport comme un puissant vecteur de développement et de croissance des économies africaines ». « Dans le cadre de l’organisation des Jeux olympiques de 2024, je souhaite que nous puissions, en lien avec le Comité des Jeux olympiques et dans le cadre de ce partenariat entre l’Union européenne et l’Union africaine, organiser le développement et l’investissement dans des infrastructures sportives », avait-il poursuivi.
Au vu d’un tel état d’esprit, il n’est pas étonnant que le Liberia présente un intérêt particulier aux yeux de la présidence française. Il est le type même de pays qui peut, en s’appuyant sur le passé glorieux de sportif de haut niveau de son président, se servir du sport comme vecteur d’attractivité. En face, la France est déjà prête à intervenir dans cette combinaison sport et développement à travers l’Agence française de développement (AFD) qui peut d’ores et déjà compter sur la Banque mondiale pour lancer et appuyer un fonds de financement du sport en Afrique qui devrait être lancé prochainement.
Conjuguer sport, investissement, développement et Afrique
C’est dans cette logique qu’il faut comprendre la présence, autour du président Macron lors du déjeuner de travail organisé ce mercredi à l’Élysée, de Gianni Infantino, président de la Fifa, Noël Le Graët, président de la FFF, Ahmad Ahmad, président de la CAF, Didier Drogba, ex-grande star de Marseille et de Chelsea, Kylian Mbappé du Paris St-Germain, Tony Estanguet, président de Paris 2024, Jean-Marc Adjovi Bocco, membre du Conseil présidentiel pour l’Afrique, à côté des hautes personnalités qui accompagnent George Weah.
En même temps que ces personnalités, des entreprises françaises sont prêtes à entrer dans le jeu pour développer tout une économie, voire un écosystème autour du sport et pour le développement. Ainsi d’ASO, organisatrice du Tour de France mais aussi du rallye Dakar expatrié en Amérique du Sud en attendant peut-être un retour sur le continent, de Décathlon, qui se déploie actuellement en Afrique avec un pôle logistique important dans la zone du Port Tanger Med au Maroc, de JL Events déjà à côté de la Confédération africaine de football (CAF) en 2012, etc.
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