Ndiadiane Ndiaye, de son vrai nom Amadou Aboubakar Ibn Omar était le
fils d’Abou Bakr Ben Omar, un chef de guerre Almoravide (les Almoravides sont une dynastie berbère
qui fondèrent entre les XI° et XII° siècles un empire comprenant la Mauritanie,
le Maroc, l’ouest d’Algérie ainsi qu’une partie de la péninsule Ibérique) et de
Fatoumata Sall, une princesse Haalpulaar. Ndiadiane ne vécut pas avec son père
Abou Dardai.
En effet, selon de nombreuses sources, ce dernier péri sous les flèches acérées d’un archer Soninké lors d’une bataille. Selon la tradition, nous raconte Alassane Diouck de Minguègne Boye, sa mère devait se remarier avec l’un des compagnons de son ex-mari, un certain Mbarick dont on connaît peu de choses. L’origine servile de ce dernier poussa le jeune Ahmad à s’opposer farouchement à cette union. Il ne pouvait accepter que sa mère, issue d’une lignée royale, ne s’unisse devant Dieu et les hommes à un ancien captif de guerre. Cette opposition lui fit perdre les bonnes grâces de la cour et l’obligea à s’exiler en pays Waalo. Le jeune noble séjourna plus de 3 ans en territoire Waalo. Remontant le cours de l’histoire, Ideu Boye et Alassane Diouck nous montrent l’endroit précis où le futur roi du Waloo est sorti du fleuve avant d’être capturé par les villageois. En effet, ont-ils rappelé, Ndiadiane NDiaye est passé par le fleuve pour venir à Minguegne Boye. Après un long séjour, il sortait pour réconcilier les pêcheurs qui se disputaient à cause du poisson qu’ils avaient pêché. Ensuite, il retournait dans l’eau. Les enfants en ont parlé à leurs parents qui ont tendu un piège à Ndiadiane pour l’amener dans le village. Une fois hors de l’eau, l’être mystérieux se serait muré dans un long silence. Il aurait fallut la perspicacité d’une femme du nom de Baté Boye (devenue son épouse) pour lui faire dire ces premiers mots.
Comment Batté Boye est
parvenue à le faire parler Ndiadiane
Pendant les premières nuits, Batté essaya en
vain d’amener son mari à entrer en rapport avec elle. A la fin, elle joua si
bien son rôle d’épouse que celui qui était considéré comme un
« Djin », n’y tenant plus, finit par jouir de ses faveurs. Mais il ne
parla toujours pas. Batté, au lieu d’être découragée par ce silence prolongé,
sut que la première partie était gagnée et essaya, cette fois, de mettre son
mari à l’épreuve de la faim (Pékhé Djiguen ou Astuces de femmes). Elle le priva
donc de nourriture pendant plusieurs jours. Quand elle vit que ce dernier,
luttant contre la faim, était presque à bout, elle apporta une marmite et des
denrées, près de son mari, et se mit à préparer un mets. Elle fit le feu, mais
au lieu de trois boss (espèces de cales en pierre pour soutenir la marmite
au-dessus du feu), nécessaires pour l’équilibre du contenant, elle n’en prit
que deux. Plusieurs fois, elle posa la marmite qui, mal soutenue, tombait
toujours. Amadou Boubacar, dont l’estomac tiraillait, regardait faire sa femme
qui ne cessait de répéter, inlassablement, cette inutile opération. Enfi, n’y
tenant plus, et après avoir claqué des doigts pour attirer l’attention de son
épouse qui fait la sourde oreille, Boubacar lui crie « Oss-Tati »,
expression pulaar qui signifie « il te faut trois cales pour
stabiliser la marmite ». Batté, enfin satisfaite, appela ses parents et
tout le village pour leur apprendre qu’elle avait réussi à faire parler le
soi-disant Djin. La joie était générale dans le village.
La tradition orale raconte aussi que son vrai nom
est Ahmadou et qu’il doit son surnom au mystère qui a entouré sa présence à Minguegne
Boye. Les
habitants de Minguegne Boye sont ensuite allés voir un marabout pour lui parler
de l’être mystérieux qui était sorti du fleuve. Et le marabout Sérère, Meïssa
Waly Dione, leur a dit « çà c’est
Ndiadiane » ce qui signifie en sérère « çà c’est mystérieux »
… mais son vrai nom c’est Ahmadou ». C’est de là que lui
viendrait le nom de Ndiadiane Ndiaye qui signifierait « Extraordinaire » ou «
mystérieux » dans la langue locale sérére. C’est cet épisode qui, selon
certaines versions recueillies à Minguégne, expliquerait la nomination de
Ndiadiane Ndiaye à la tête du Waalo. Quelques années après son installation au
pouvoir, en qualité de Premier Brack du Walo, un complot fut organisé contre sa
personne. Ayant appris cela, il quitta la région pour s’installer au Djolof.
C’est à partir du Djolof qu’il fonda l’empire en réunissant les lamanes. Le
Djolof était un empire situé dans l’actuel Sénégal. Il fut vassal de l’empire
du Mali et de l’empire songhaï.A Minguegne Boye, l’histoire de Ndiadianefait la fierté de ses habitants ; cela
leur vaut la visite de plusieurs étrangers venus chercher l’eau du fleuve et
les cailloux (on leur prête des vertus thérapeutiques) qui ont servi à laver le
corps du futur roi. « Ces cailloux sont
appelés cailloux de Ndiadiane ; d’ailleurs beaucoup de personnes qui souffrent
de certaines maladies viennent ici chercher ces cailloux et également l’eau du
fleuve pour se laver avec. Celà favorise leur guérison.
Que
signifie Minguègne ?
Selon Alassane Diouck, les
érudits du Saint Coran et autres marabouts de ce terroir avaient le pouvoir de
faire en sorte que les étrangers ravisseurs ne trouvent personne dans le
village. Partant de ce constat, les wolofs avaient l’habitude de dire que dans
ce village « Gneup-Nénagnou-Mingue », pour expliquer cette façon
bizarre de disparaître au moment où l’ennemi était prêt à faire des razzias
dans cette localité. Au fil du temps, Mingue se transforma en
« Mintègne », finalement en « Minguègne ».