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Présidentielle 2019

LA SITUATION POLITIQUE DU SENEGAL M’INTERPELLE

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En tant que Co-Président des Religions pour la Paix, une ONG internationale qui œuvre pour instaurer la paix dans le monde sur la base des valeurs éthiques de la religion, j’ai été associé aux négociations de paix dans des conflits qui avaient soit une origine confessionnelle ou ethnique ou les deux à la fois. En cette qualité, j’ai fait partie des missions de religion pour la paix au sud du Soudan, en Afrique du sud, en République démocratique du Congo, en République centrafricaine et j’ai servi de médiateur entre des communautés musulmanes asiatiques en conflits opposés à Singapour et à Taïwan. Je ne serai pas crédible et n’aurai pas ma place dans cette organisation internationale si je n’étais pas capable de faire la même chose pour mon propre pays. Il faut s’y atteler avant que la situation ne dégénère. 
C’est fort de cette expérience que la situation actuelle du Sénégal m’interpelle. Nous venons de vivre une élection présidentielle décisive pour l’avenir de notre pays. Dans ce contexte-là, « la politique est ramenée au choix électoral d’un Président. De cette définition peut découler une conception assez cynique de la politique faite de concurrence, de rivalité, de brutalité, de combat avec tout ce que cela implique de vilenie, de corruption, de mensonge et de violence» comme disait Alain Badiou, illustre philosophe, l’un des plus grands en France de par sa pertinence et sa rigueur. 
Mais, nous nous permettrons à la lumière de l’enseignement coranique que nous partageons avec d’autres religions quand Allah a dit ‘’rentrez à l’intérieur avec une paix intégrale, ne suivez pas les pas de Satan’’. Fort de cet enseignement, malgré la violence des élections, nous avons essayé de nous y mouvoir avant, pendant et après. 
J’ai soutenu, en ma qualité de leader politique, un candidat victime de cette violence dont certains éléments sont toujours entre les mains de la justice. Mais, j’ai la faiblesse de croire qu’avec l’attente anxieuse et angoissée des résultats par la Cour Suprême qui est censée les déclarer nous pouvons puiser sur les valeurs éthiques légendaires de notre cher Sénégal, qu’on y rentre et y sorte dans la paix totale. Il convient de donner aux hommes religieux toute leur place dans ce processus. L’homme religieux a un devoir de témoignage, d’action, d’incandescence spirituelle dans un pays qui, ici et maintenant, a soif d’éthique et de justice. C’est le modèle que les véritables chefs religieux nous ont laissé, de 1776 à nos jours, de Thierno Souleymane Baal à Mame Bou Kounta Ndiassane, en passant, entre autres, par Thierno Abdel Kader Kane, El Hadj Oumar Foutiyou Tall, Maba Diakhou Ba, Mame El Hadj Malick Sy, Serigne Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, Cheikh Abdoulaye Niasse, Mame Limamoulaye, et bien d’autres chez les chrétiens. A cet égard, l’Eglise catholique n’a jamais été en reste. Des figures ont marqué de leur empreinte la formation spirituelle et l’affirmation des idées de progrès : Abbé Boîlat (1840), Mgr Joseph Faye, Père Lebret, Père Pinault, Abbé Sock, Cardinal Yacinthe Thiandoum. Aujourd’hui, cet engagement se reflète dans les lettres pastorales dont celle publiée par les évêques le 30 novembre 2000 sous le titre : ‘’Quel Sénégal pour le 3ème millénaire ?’’ En fait, il s’agit d’une question qui porte sur toute l’action sociale de l’Eglise au Sénégal, de l’indépendance politique à nos jours, dans les domaines de la santé, de l’éducation ou de la lutte contre toutes sortes de pauvreté. 
C’est dans cet esprit de convivialité que toutes les confessions ont vécu dans l’harmonie totale que nous envient bien des nations. Durant la campagne électorale, accompagnant le candidat Issa Sall, nous avions été reçus pendant deux jours à Touba avec tous les honneurs par Son Eminence le Khalife Général des Mourides Serigne Mountakha Mbacké. En tant que petit-fils de Mame Maaram Mbacké donc fils de Touba et de Tivouane, les visites ont été ponctuées par un beau et unique geste, l’ouverture de toutes les portes du Daaray Kaamil; ce temple du savoir, de l’intellect, du patriotisme, et de la jubilation gnostique qui déroule dans toute sa splendeur la stratégie cognitive d’intervention de Khadimou Rassoul dans une visite guidée par le Maître des lieux Serigne Moustapha Diattara à qui nous exprimons ici gratitude et respects. J’ai été profondément touché par les propos du porte-parole du Khalife, Serigne Bass Abdou Khadre Mbacké. 
Son éminence, le Pape François dit que le nouveau nom pour la paix c’est le développement. Pour réaliser une paix véritable dans notre pays il faut respecter la volonté populaire et au-delà créer des conditions pour que les ressources naturelles, précieuses et abondantes dont Dieu nous a dotées puissent être utilisées pour le bien-être des populations du Sénégal. C’est dans cette totalité contradictoire et cette unité dialectique qu’il convient d’œuvrer pour que ces ressources naturelles soient plus une bénédiction qu’une malédiction. C’est tout l’enjeu de notre avenir immédiat et lointain. 
Je me suis battu jusqu’à la dernière énergie pour le triomphe de mon candidat comme j’ai déployé des efforts exténuants pour le parrainage. Mais Allah dans sa Sagesse Infinie en a décidé autrement. La cour suprême va annoncer les résultats qui nous pensons vont refléter la vérité des urnes, il convient de l’accepter également. 
Je lance solennellement un appel au président sortant si un deuxième tour était annoncé par la Cour Suprême et de ne tenter aucun forcing qui a embrasé bien des pays en Afrique et dans le monde : Kenya, Zimbabwe, Gabon, Venezuela. De la même manière, si la volonté populaire s’exprime en faveur d’une victoire de Macky SALL dès le premier tour, tous les acteurs politiques devraient l’accepter comme une volonté divine et s’en réjouir. 

 قُلِ اللَّهُمَّ مَالِكَ الْمُلْكِ تُؤْتِي الْمُلْكَ مَن تَشَاءُ وَتَنزِعُ الْمُلْكَ مِمَّن تَشَاءُ وَتُعِزُّ مَن تَشَاءُ وَتُذِلُّ مَن تَشَاءُ ۖ بِيَدِكَ الْخَيْرُ ۖ إِنَّكَ عَلَىٰ كُلِّ شَيْءٍ قَدِيرٌ  

Et dans les deux cas, le seul vainqueur sera le peuple sénégalais et cette victoire là nous la lui devons. Dans ces circonstances décisives, pour le devenir de notre pays, nous devons nous retrouver sur l’essentiel : la paix pour le développement et le développement pour la paix. 

Notre pays regorge de ressources humaines variées de qualités exceptionnelles ayant l’expérience du pays, de l’Etat, de l’Assemblée, des institutions internationales et des exigences du monde moderne. Le Sénégal riche de ses cultures, de son histoire plusieurs fois séculaires, de ses confessions, de ses ethnies, de ses régions, de leurs diversités géographiques, enrichies par des alluvions fécondes. Ce pays d’assimilation parvient toujours à intégrer et à dépasser ses apports allogènes. 
J’entends contribuer en bonne place à cette alternative en construction, armé d’une éthique à l’image du grand théologien de  Damas du 13ème siècle, Ibn Taymiyya, qui disait : « La valeur d’un pouvoir est déterminé par les qualités morales et personnelles des hommes qui assument le pouvoir »  et « Si le détenteur du pouvoir est sain alors les affaires des hommes le seront également, mais s’il est corrompu, alors les affaires des hommes le seront tout autant ». 
Le droit d’être différent, le devoir d’être ensemble ! 
Serigne Mansour SY Djamil 
Khalife de Serigne Moustapha SY Djamil 
Co-Président de Religions pour la Paix 
Président Bes Dou Niakk 
Député à l’Assemblée nationale 
Fait à Dakar, le 27 Février 2019

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Babacar Bâ: « c’est la société civile qui doit organiser le dialogue national »

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Le président du Forum du Justiciable, est d’avis que « c’est la société civile qui doit organiser le dialogue national », lancé par le Président de la République.

Babacar Bâ qui s’est exprimé sur la RFM, estime que c’est « la société civile qui doit prendre son bâton de pèlerin et aller à la rencontre des différentes factions politiques, c’est-à-dire le pouvoir et l’opposition », pour harmoniser les positions en direction de ce dialogue. 

Le président du Forum du Justiciable a rappelé que lors du problème suscité par le parrainage avant les élections, c’est la même société civile qui est allée rencontrer les partis pour arrondir les angles.

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Cheikh Tidiane Sy : « Je crois à la sincérité de l’appel de Macky Sall »

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Dans une déclaration intitulée «Pourquoi accepter l’appel au dialogue du Président Macky Sall», l’ancien ministre d’État, Cheikh Tidiane Sy, invite la classe politique, surtout l’Opposition, à saisir la main tendue par le chef de l’État, dont la réélection a été «brillante». Voici l’intégralité de son texte.

« Notre pays est connu pour avoir institué le dialogue comme moyen de résorber les crises et de créer des consensus forts autour de l’essentiel. Notre histoire politique nous apprend comment, par exemple, le Président Senghor savait recourir au dialogue pour renouveler le paysage politique (1966 avec le PRA Sénégal), ou pour faire passer les réformes nécessaires à la stabilité du pays (1969 avec la création du poste de Premier ministre). Son successeur, Abdou Diouf, avait également pris des initiatives dans le même sens, sous le vocable de «Gouvernement de majorité présidentielle élargie» (GMPE), qui regroupait presque tous les partis historiques du pays (1994). Cette initiative avait été précédée par un moment fort de rencontre de tous les acteurs, ce qui avait débouché sur le Code électoral consensuel de 1992.

Le Président Abdoulaye Wade, pour sa part, n’a pas non plus manqué de poser des actes en vue, soit de rassembler les Sénégalais, soit de tenir compte des exigences de son Opposition, comme ce fut le cas dans la préparation des élections présidentielles de 2012.

Ainsi donc en appelant au dialogue au lendemain d’une élection présidentielle qu’il a remportée avec éclat, le président Macky Sall inscrit son action dans cette noble tradition.

Je ne suis pas de ceux qui regardent dans le rétroviseur et se demandent pourquoi maintenant et pas durant les sept années qu’il vient de passer à la tête du pays! Lui seul peut répondre à cette question. Cependant comme le dit l’adage, il n’est jamais trop tard pour bien faire!

Je voudrais, pour ma part, et sans être naïf, m’en tenir à sa proposition de rassemblement et de communion autour de l’essentiel. Je crois à la sincérité de cet appel qui doit susciter admiration du fait du contexte où il est lancé et donner espoir à tous ceux qui luttent pour l’union des cœurs. En effet le président Macky Sall aurait pu, comme l’a souligné quelqu’un récemment, se comporter en “maître” -du fait de sa brillante et très confortable réélection-en se disant qu’il a largement gagné et qu’il va donc continuer de gouverner seul avec sa coalition. Il l’a fait pendant sept années, et cela n’a pas empêché les Sénégalais de lui renouveler leur confiance. Dans des démocraties avancées comme les USA ou l’Angleterre, c’est de cette façon que l’on gouverne ! Mais, certainement, tenant compte du fait qu’il a été réélu par une majorité de Sénégalais qui n’ont rien à voir avec les partis coalisés, mais qui sont des citoyens lambda profondément soucieux de continuité et de stabilité, il se présente sous les habits de l’homme politique capable de décoder les messages qui viennent de la base. Cette politesse civique ne saurait être ignorée! Elle a son importance et doit être accueillie comme une volonté de vouloir vivre et agir ensemble! Nous Sénégalais, nous nous réclamons de la tradition démocratique certes, mais nous avons, avant tout, nos traditions, nos valeurs et bien sûr nos insuffisances! Notre culture nous enseigne d’être toujours à l’écoute de l’autre, de dialoguer; c’est une des significations de l’adage “Nit Nitay Garabam”.

Alors à l’attention de ceux-là qui, soit raillent l’initiative du président, soit veulent lui assigner des contours aux antipodes de l’esprit qui la porte, il convient de souligner que la démarche est plutôt un moyen d’oxygéner l’espace politique et de construire les plages de convergence nécessaires au maintien de la solidarité nationale. Le moment est certainement venu de sortir de l’emprise de la “guerre des tranchées” pour s’engager résolument dans la voie de la construction d’un futur commun. Dès lors l’idée de dialoguer en posant des conditions devient saugrenue, car pour un État qui se respecte le dialogue a aussi ses limites!

Cheikh Tidiane SY

Ancien ministre d’Etat

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Idrissa Seck: »« Les autorités en place doivent être des modèles et des références ».

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