Les
responsables et membres de 30 associations et organisations paysannes,
mobilisés derrière le président du Cadre national de concertation et de
coopération des ruraux (Cncr), Nazirou Sall, domicilié à Donaye-Taredji, ont
effectué une tournée dans le département de Podor, en vue de constater de visu
les impacts négatifs de l’épidémie du Coronavirus sur les activités agricoles.
Nazirou Sall, qui est aussi membre de l’Union des jeunes agriculteurs du
Koyli-Wirndé (Ujak), a déploré avec la dernière énergie le fait que les
cultivateurs ne parviennent pas à commercialiser ces quantités importantes de
riz de la contre-saison sèche chaude, l’oignon et autres produits agricoles. Nazirou est également le Secrétaire Général de la fédération
des ONG du Sénégal (FONGS Action paysanne) et Secrétaire Général du Bureau
exécutif du Réseau des Organisations Paysannes et de Producteurs de
l’Afrique de L’Ouest (ROPPA).
Au cours d’un
point de presse tenu à Podor, Nazirou a souligné que « la crise de la
Covid-19 est venue s’ajouter aux effets d’une campagne agricole 2019-2020 dont
les résultats ont été mitigés, en dépit de l’engagement de nos membres et des
efforts du gouvernement, aujourd’hui, l’essentiel de nos membres déclarent
l’épuisement du stock vivrier familial et ont recours aux marchés pour acheter
leur nourriture jusqu’aux prochaines récoltes ».
Or, a-t-il
poursuivi, « la fermeture des loumas hebdomadaires où nous écoulions nos
poules, moutons, chèvres, fruits, légumes, céréales, etc., pour maintenir une
trésorerie familiale durant la saison sèche, a aggravé la situation alimentaire
des familles, c’est le moment de saluer la réouverture de ces loumas ».
Dans son
discours, il a fait savoir que les exploitations horticoles dont la vente des
productions a coïncidé avec l’arrivée de la Covid-19, « traversent
une situation très difficile avec la restriction du transport interurbain qui
entrave l’écoulement de la forte production de légumes et de fruits vers les
grandes ville ».
Selon lui, « en zones
irriguées, la campagne de contre-saison est préoccupante, la commercialisation
et le remboursement des crédits aux banques dans ces conditions de
quasi-confinement et de stricte limitation des contacts et des échanges, sont
compromises ».
En ce qui
concerne l’élevage, a-t-il rappelé, « les transhumants sont encore
présents dans les zones de repli du bétail au Sénégal oriental et au sud du
pays. Avec les restrictions dans les déplacements, la mobilité des communautés
pastorales et agropastorales est très difficile voire impossible, ce qui
complique l’accès du bétail aux pâturages et aux points d’eau ».
Concernant
l’aviculture, a-t-il ajouté, « l’annulation de grands événements
religieux, les restrictions sur la mobilité, la fermeture d’hôtels, de
restaurants et de certains marchés ou de consommation de masse ont causé de
réelles difficultés dans l’écoulement des produits avicoles ».
A en croire
Nazirou Sall, le secteur de la pêche est aussi fortement impacté par la
fermeture ou la réduction du temps d’ouverture des quais de pêche. « Nos
membres constatent une baisse des débarquements entraînant une
réduction significative des revenus des pêcheurs. Avec la fermeture des
aéroports, les usines d’exportation qui prenaient 80% des captures ne
s’approvisionnent plus auprès de nous ».
Les
enseignements tirés de ce discours nous permettent de dire que cette situation est due aux conséquences désastreuses engendrées par
cette pandémie du Covid-19, qui empêche les populations de vaquer
tranquillement à leurs occupations, paralysant par la même occasion le trafic
routier et le transport inter régional. Et, du fait de ces contraintes, les
producteurs n’arrivent pas à convoyer les produits agricoles vers les localités
où ils pourraient les écouler sans difficultés.
Nazirou Sall n’a pas manqué d’évoquer ces mêmes problèmes notés dans le secteur de la pêche continentale, précisant que des quantités importantes de carpes, de tilapia et autres espèces de poisson d’eau douce ne sont pas commercialisées. Du coup, ce poisson devient un produit impropre à la consommation et n’encourage pas les pêcheurs à remettre les filets dans le fleuve. Ainsi, le Cncr attire l’attention des pouvoirs publics sur cette situation qui devient de plus en plus préoccupante dans le monde rural. Il invite l’Etat à se pencher sérieusement sur ce problème urgent et à réfléchir sur les voies et moyens à mettre en œuvre pour aider les cultivateurs et les pêcheurs de la vallée à se tirer d’affaire.
Mbagnick Kharachi Diagne.