Connect with us

Grands Reportages

Grand Reportage: Le Parc de Guembeul

Publié il y'a

Date :

Pour rallier Gueumbeul, à partir de la ville de Saint-Louis, il suffit tout simplement de débourser 600 Fcfa, pour un petit voyage à bord des taxis « clando », qui font la navette entre le village de Ndiébène Gandiole et la capitale du Nord. Ces véhicules de transport en commun sont stationnés, régulièrement, à Sor, à quelques encablures de l’entrée du pont Faidherbe, où ils attendent leurs clients. Il fait 11 heures trente ce samedi. La matinée s’écoule lentement, accablante et épuisante. En vingt minutes, nous sommes déjà dans les localités environnantes de Gueumbeul. A partir de Keur Barka, nous sommes sous le charme de ce paysage atypique et avons les yeux éblouis par les lumières vives de ce panorama splendide. Nous n’avons pas beaucoup de temps pour admirer et visiter cette partie très importante du Gandiolais. Mais, cela nous fait un grand plaisir de découvrir dans cet endroit perdu dans l’anonymat, un monde brillant, riant, époustouflant, où un ballet aérien incessant de moineaux invite au dépaysement, où nous pouvons deviser tranquillement avec des concitoyens affables, humbles et modestes, qui dissimulent un sourire sarcastique, où nous apercevons à tout bout de champ des singes rouges Patas (nom scientifique) qui vaquent tranquillement à leurs occupations. Selon le président des éco gardes du Nord, Pape Yamar Niang, ces singes rouges ne sont pas agressifs, ils cherchent tout simplement de quoi mettre sous la dent, « c’est la raison pour laquelle, ils n’hésitent pas à fouiller dans les maisons du village pour subtiliser des aliments qu’ils peuvent trouver dans les cuisines ou les chambres, ces singes font partie du décor et nous avons l’habitude de les côtoyer ».

                                                   Explications rassurantes

Des explications rassurantes qui nous permettent de poursuivre ce reportage éprouvant. Il fait 12 heures. La chaleur est torride et suffocante. En file indienne, des chenilles poilues sont en quête de végétation. Des cantharides et autres insectes floricoles sèment la pluie et le beau temps. Parfois, le climat est clément et la tiédeur lourde du vent nous apporte des senteurs d’herbe humide. S’il change brusquement, le souffle étouffant de l’été nous exaspère. Il y a de quoi conspirer avec un silence assourdissant et hostile que nous retrouvons entre cette nature paisible et cet habitat sommaire. Dans ce lieu de méditation, tantôt nous sommes ballotés entre les cris stridents des oiseaux migrateurs, le craquement sec d’une feuille morte d’acacia. L’environnement de Guembeul est un milieu où toutes les conditions sont réunies pour que le « génie » qui inspire les plasticiens, se manifeste à longueur de journée. Pour que ces derniers puissent pondre des chefs d’œuvre à la chaîne. Le vent fort a du mal à étouffer ces cris d’oiseau et autres notes suaves qui s’élancent claires, lumineuses, belles et agréables. Une onde d’exaltation nous fait vibrer le corps. Aimer la campagne, la respecter, relève d’une passion sublime, d’un désir brûlant. Ici, le climat change à tout moment. Tantôt, la chaleur est insupportable, tantôt, un brusque souffle d’air froid nous fait frissonner. Ici, si le visiteur a déjà la panse trop solidement collée à une table où rien n’a manqué, il ne pourrait pas, à coup sûr, musarder aux abords de la réserve de Guembeul. Ce matin, nous pouvons néanmoins humer l’odeur parfumée qui se dégage des grappes du printemps. Une odeur qui nous est restée dans le fond de la gorge tout au long de ce reportage. Nous admirons encore cette bibliothèque d’arbustes, ces écheveaux de Typha Australis (herbes sauvages communément appelées Barakh en ouolof) qui bordent la mangrove, ces épines charnues de certaines espèces forestières, ces plantes rabougries, quelques vaches grasses, dodues, des caprins caracolant en crabe et décrivant des cercles pour accéder rapidement à leur nourriture, et autres bovins et caprins qui broutent la pelouse.

                                   Recherche effrénée de leur pitance

Cette nature met en exergue l’énormité, la pointe, la masse, l’effilé, les corps solides et liquides, le volume et la quantité, toutes sortes de liquide et de fluide, la matière dans tous ses états. Guembeul est un hymne de couleurs et de formes. Ici, le roc et la forêt sont d’un seul tenant. Un milieu où le visiteur doit se rappeler impérativement que l’homme n’est qu’un fragment de la nature, qu’il estsimplement un animal comme ce singe rouge qui communique avec lui, mais, un peu différent de ce dernier par le fait qu’il est tout simplement doté d’une intelligence, qui lui permet de faire la part des choses, de dissocier la bonne graine de l’ivraie, de vivre en société et non en bande ou en horde, de maîtriser ses pulsions, de planifier ses activités, de s’amender, de se rectifier et d’avoir des ambitions. N’oublions pas aussi que l’homme n’est pas plus espiègle que ce singe rouge qui le talonne de 5 h du matin à 20 h, que l’homme extériorise souvent son instinct animal, qu’il se défend souvent par instinct de conservation s’il se sent agressé, humilié, blessé dans son amour propre. Ici, non seulement, on s’éloigne des vices de toute nature mais,  il y a vraiment de quoi nous en mettre plein les oreilles et la vue, des raisons valables de hausser nos frêles épaules décharnées et appesanties de fatigue, torturées par le dur labeur des reporters amortis et rompus à la tâche. Il fait 12heures 30. Il faudra encore nous tanner le cuir pour avoir la force de progresser vers la réserve. De temps à autre, des lobes verdâtres de cactus, dressées comme des oreilles de lapin sur notre chemin, nous incitent à rebrousser chemin. A hauteur du village de Bountou Ndour, nous interpellons un adulte. Nos questions indiscrètes allument une braise dans ses yeux qui expriment un étonnement mêlé de contrariété. Les muscles de ses joues vibrent sous une peau basanée. Il adopte une attitude qui exprime le refus. Rassuré par notre projet de reportage sur Gueumbeul, il revient à de meilleurs sentiments et accepte de coopérer. Très disponible, il nous demande de descendre à hauteur de la Réserve spéciale de faune de Guembeul. Dans ce village perdu dans l’anonymat, le visiteur rêveur se réveillera enchanté, s’il fait corps avec cette nature douce et simple qui exhibe fièrement quelques maisons construites en dur par des bras valides duterroir, notamment des pêcheurs.

                                                   Sagesse et largesse

 A Guembeul, le visiteur est loin de la promiscuité urbaine, où la vie est soudée à la détresse, à la misère profonde, aux rigueurs de l’individualisme, du capitalisme. Dans ce petit village, il est facile de croiser un vieux paysan amnésique et très lucide, de jeunes bûcherons qui passent leur temps à se démener sous un soleil de plomb, à galérer sur cette énorme charretée d’herbe sèche, à chercher leur pitance tout en renouvelant à la nature cette confiance sans borne. Ces villageois sont simples, humbles, modestes, affables, égaux à eux-mêmes. Ils ne connaissent pas la haine, la rancœur, le chagrin, l’esprit revanchard, l’ostentation, les crocs en jambe, les abus de confiance et autres pratiques malsaines qui usent et qui rongent les citadins. Ils rivalisent en bien, mais pas en mal. A les entendre parler, on se rend compte aisément qu’ils éprouvent souvent le besoin de croiser le fer s’il s’agit d’accueillir chaleureusement des invités, de rendre service à son prochain. Ils font tout avec tendresse, sagesse, largesse et n’ont besoin que de la paix et de la matière première pour travailler. Ils ne cherchent pas la gloire, la vie comblée, la fortune, le luxe insolent. Difficile de trouver dans leurs yeux, une toute petite lueur de reproche.
Dans ce havre de paix, on ne connaît pas la perdition, la vie prestigieuse et la dépravation des mœurs. C’est un milieu sain où on nous offre l’opportunité de recouvrer la lucidité et de chasser de la tête toutes ces pensées enquiquinantes qui nous assaillent dans les centres urbains. Où on nous distribue des salamalecs tonitruants.
                                                    Pas d’électricité

Il fait 13 heures trente. Nous sommes dans le domicile du chef de village, Baye Mor Diop, rappelé à Dieu l’année dernière. Il est remplacé provisoirement par son frère, Maguette Diop. Un homme généreux et disponible, détendu, enjoué, qui sourit avec indulgence, qui jette dans tous les sens, un regard à la dérobée. Sa voix porte. Très prudent, il répond à nos questions en détachant les mots avec nuance. A pas feutrés, pour ne pas déranger les autres membres de la famille qui faisaient la sieste, il marche doucement pour aller convoquer deux de ses neveux, Mamadou Diop et Doudou Diop, fils du défunt Baye Mor Diop. A entendre parler Maguette Diop, on se rendcompte que denombreux jeunes, originaires de ce village, ont préféré aller monnayer leur talent ailleurs. En effet, comme il l’a souligné, les bras valides, des pêcheurs en général, sont régulièrement retenus à Mbour, Joal, en Casamance et dans d’autres zones de pêche de notre pays, pour des campagnes de pêche qui durent des mois. D’autres s’activent de toutes parts pour trouver un emploi décent dans les grandes villes. Les plus chanceux, a-t-il précisé, sont parvenus à s’installer en Espagne. Nous rendons grâce à Dieu, a-t-il ajouté, car, « nous avons de l’eau potable en permanence et en abondance, la borne fontaine du village arrive à ravitailler tout le monde.

                                                              Priorités

 Tout ce que nous demandons en priorité au gouvernement, c’est de nous aider à connecter notre village au réseau électrique, à installer des robinets dans les foyers ». Ensuite, a-t-il indiqué, il serait nécessaire de doter ce village d’infrastructures sanitaires et scolaires. Les populations de cette partie du Gandiolais sont obligées de se faire soigner au poste de Santé de Ndiébène Gandiole ou à Saint-Louis. Quant aux élèves, ils s’installent à Ndiakhère, Dièle-Mbam, Ngayna et à Ndiébène Gandiole, pour y suivre leurs études. Les habitants de Gueumbeul, selon Maguette Diop, étaient des maraîchers avant l’existence du canal de délestage créé, en 2003, au niveau de l’embouchure du fleuve Sénégal pour protéger la ville de Saint-Louis contre les inondations. Avec cette brèche qui ne cesse de s’élargir, a-t-il fait remarquer, « l’eau est devenue très salée. Ce qui nous empêche de cultiver, nous avons assez de terres cultivables, le problème c’est de disposer d’eau douce et d’accéder au crédit pour mettre en valeur nos parcelles ». Pour ce qui est des femmes, a-t-il poursuivi, en attendant de trouver des financements qui leur permettront de mener des activités génératrices de revenus, elles essaient de gagner honnêtement leur vie dans la vente de sel. D’autres femmes veulent bénéficier de micro crédit pour se lancer dans l’embouche ovine et bovine et dans l’aviculture.

                               Les singes rouges, des intrus particuliers

 Les singes rouges Patas nous empêchent aussi de cultiver, a-t-il poursuivi, «de 5 h du matin à 20 h, ils détruisent nos cultures d’arachide, de pastèques, niébé, bissap, avant de passer la relève aux phacochères qui préfèrent agir la nuit ». Actuellement, ces braves paysans ne sont plus en mesure de cultiver ces terres qui ne sont plus fertiles à cause de la brèche et qui sont colonisées par les singes. Ils ne peuvent pas non plus développer l’élevage dans cette zone où le vol de bétail est érigé en règle.

                                   Le festin des singes rouges

Ces villageois, il faut bien le reconnaître, n’ont jamais oublié le passé glorieux de ce terroir qui baignait dans l’abondance. Mine de rien, ils ont appris à dépasser ce passé pour vivre au présent, en acceptant, la mort dans l’âme, à cohabiter avec ces populations de singes rouges Patas, qui agissent dans la discrétion, pour arracher avec une rapidité déconcertante tout ce qu’ils trouvent entre les mains moites des marmots du village, qui ne sont pas bien surveillés par leurs parents. Ils arrivent toujours à échapper à la vigilance des adultes. Cela nous fait marrer quand les villageois nous font comprendre que dans ce terroir, il est formellement interdit aux enfants de croquer à belles dents dans un sandwich, de tenir un bout de pain devant ces singes, de grignoter des morceaux de légumes, de fruits, des pièces de biscuits, des morceaux de beignets et autres friandises fort prisés par ces primates affamés. Ces hominidés, nous raconte Maguette Diop, attendent sagement que les membres de la famille se mettent quelque part pour déguster le repas de midi, pour qu’ils passent derrière les concessions, en vue de pénétrer dans les chambres par les fenêtres. Ce qui fait qu’eux aussi, organisent leur festin dans ces chambres où la famille avait pu garder le restant de la nourriture pour le repas du soir.

                               Le singe vert mis en quarantaine

Le conservateur de la Réserve de Guembeul, le Commandant Ibrahima Ndao et ses collaborateurs, ont pu neutraliser un grand singe vert qui a agressé le 15 août dernier son maître à Médina Courses. Actuellement, il est gardé à vue et bien entretenu par l’équipe du Commandant Ndao. Selon Mme Diané, agent en poste dans cette réserve, ce singe vert a été apprivoisé par son maître qui a réussi à l’élever pendant 7 ans et dans de bonnes conditions dans sa maison. Le malheur est arrivé lorsque ce dernier l’a bastonné pour le corriger. Le primate a eu le temps de ruminer sa colère et de bien préparer sa vengeance. Le 15 août dernier, il parviendra à mettre à exécution son plan. C’est ainsi qu’il l’a agressé au moment où ce dernier était en train de prendre son bain. Après l’avoir blessé, il a tenté de s’échapper. N’eut été la vigilance du Commandant Ndao (un excellent vétérinaire), qui est intervenu énergiquement pour l’endormir et le transférer à la réserve, ce singe vert allait agresser d’autres personnes. Le Conservateur de la réserve est en train d’étudier cet animal, pour voir s’il est atteint de rage ou d’une autre maladie au moment où il a mordu son maître. Il est donc en contact permanent avec le médecin traitant de cette personne qui a été agressée par ce singe vert, pour lui dire comment traiter son patient.

                               Transfert vers le parc zoologique de Hann

Si le singe vert ne souffre d’aucune maladie, il devra être mis à la disposition des responsables du parc zoologique de Hann. Pape Yamar Niang nous a fait comprendre qu’il fallait le mettre en sécurité en l’éloignant de la maison où il a été domestiqué, de ces singes rouges qui ne l’accepteront jamais dans leur milieu. Il a précisé que le singe rouge Patas (Erythrocebus patas), est un primate de la famille des cercopithécidés. Il est aussi appelé singe pleureur car il émet un son qui ressemble à celui d’un bébé (un « heu » plaintif, sur une tonalité constante). Le pelage est de couleur roux mais le ventre, les membres et les pieds sont blancs. Il mesure entre 50 et 70 cm et pèse entre 7 et 13 kg. Le singe rouge détient le record du primate le plus rapide il peut courir à la vitesse de 55 Km/h. Quant aux singes verts, a-t-il souligné, on les rencontre dans les forêts, les savanes et les zones boisées du continent africain, du Sénégal à la Somalie et jusqu’en Afrique du Sud. Bien qu’ils fréquentent des contrées arides, ils sont cependant totalement absents des régions sahariennes.

                                    Le singe vert n’a pas peur de l’homme

 Ce sont des primates au poil court de teinte gris vert et au visage plus sombre, le grivet vit en groupes constitués de 20 à 50 individus. Sa taille oscille entre 45 et 60 cm sans la queue, et son poids de 3,5 à 5 kg. La durée de la gestation est de 160 jours et la longévité d’une trentaine d’années. Il vit et recherche sa nourriture au sol, mais reste à proximité des arbres pour y trouver refuge en cas de danger. Ses principaux prédateurs sont l’aigle, le léopard et le python. Il se nourrit de fruits, de feuilles, de bourgeons, de graines, de lézards et d’insectes. Son opportunisme et son effronterie lui font oublier la peur de l’homme, car il n’hésite pas à s’aventurer dans les « lodges » aménagés dans les parcs, ni à chaparder le contenu des paniers repas que les touristes peuvent emmener avec eux lors des safaris photographiques.

Cliquez ici pour commenter

You must be logged in to post a comment Login

Leave a Reply

Actualités

Campagne hivernale de production agricole 2020/2021 dans la vallée: une pluviométrie excédentaire, un volume de crédit de 4,6 milliards Cfa et les premiers semis de riz sont au stade de levée.

Publié il y'a

Date :

Par

 Dans son dernier rapport de suivi hebdomadaire de la campagne hivernale de production agricole 2020/2021, le directeur régional du développement rural (Drdr), Hamadou Baldé, s’est déclaré satisfait d’avoir enregistré une pluviométrie excédentaire dans le delta et la vallée du fleuve Sénégal. 

En effet, la campagne agricole se déroule dans de bonnes conditions dans la Région-Nord où on a constaté, à la date du 5 août dernier, que tous les postes pluviométriques ont affiché des hauteurs d’eaux qui apportent du baume au cœur des paysans, des ingénieurs agronomes de la Saed, de la Drdr, de l’Isra, de l’Ancar et autres agents des sociétés nationales d’appui au développement rural qui interviennent dans la vallée. 

Une situation favorable au développement de l’agriculture dans cette partie de l’Axe-Nord de notre pays. Ce qui permet en même temps de poursuivre correctement les travaux de préparation du sol et les opérations de semis. Par rapport à l’année dernière, à cette même date, l’hivernage s’est installé prématurément dans la région Nord. Et les producteurs se sont rendu compte qu’il y a assez d’eau pour arroser les cultures d’hivernage.

Au rythme où vont les choses, ces derniers espèrent déjà se retrouver avec des récoltes très importantes, qui leur permettront de réaliser de très bons chiffres d’affaires à l’issue de cette campagne agricole, subvenir aux besoins de leurs progénitures et rembourser le crédit auprès de la Banque Agricole (ex Cncas). 

Dans le dernier rapport élaboré par Hamadou Baldé, on précise qu’à la date du 5 août 2020, « les cumuls saisonniers sont compris entre 143,6 millimètres en 6 jours à Dagana et 53,9 mm en 8 jours à Ross-Béthio, soit un excédent en termes de jours de pluies et d’hauteur d’eau par rapport à 2019 ». 

Parlant du stade de développement végétatif des cultures, M. Baldé a précisé« les premiers semis du riz d’hivernage sont au stade de levée et de début de tallage, pour le riz irrigué comme pour les cultures pluviales telles que l’arachide, le niébé, la pastèque et autres espèces, les travaux de préparation du sol ainsi que les semis se poursuivent activement ».

Pendant la période du 31 juillet au 6 août 2020, a-t-il poursuivi, « les activités agricoles sont ainsi marquées par le suivi des cultures d’hivernage, avec les travaux de préparation des champs, la mise en place des facteurs de production, les semis, le suivi de la pluviométrie ainsi que l’exécution des projets et programmes spéciaux ». 
Pour ce qui est du financement de la campagne hivernale agricole, M. Baldé a rappelé dans son rapport que « le premier comité de crédit de La Banque agricole (LBA) de Saint-Louis, dans le cadre du Financement de la production agricole (FPA) de l’hivernage 2020-2021, a accordé un volume de crédit arrêté à 4,604 milliards de francs CFA et destiné à financer les activités sur une superficie de 15.282 ha répartis à travers la vallée du fleuve Sénégal ».

Hamadou Baldé a fait savoir que « les objectifs d’emblavure sont estimés à 34. 800 hectares pour la région dont 31. 000 hectares pour le riz, soit 89,08 pour cent des objectif ».

Il n’a pas manqué d’évoquer le chapitre relatif à la mise en place des semences d’arachides, précisément qu’elle est quasiment terminée et qu’elle correspond à un taux de réalisation de 100%. Il a aussi fait allusion aux semences d’espèces diverses, rappelant que « 55 tonnes de  sorgho ont été mises en place, soit un taux de 100% dont 47,85 tonnes cédées soit 87% ».

Concernant le maïs, a-t-il indiqué, « 38 tonnes ont été mises en place soit un taux de 100% dont 21, 865 tonnes cédées, correspondant à 57,5%, pour le niébé, 393 tonnes ont été mises en place, sur un objectif de 383 tonnes, soit un taux de réalisation de 102,6%, pour des ventes évaluées à 30,45% ».
Hamadou Baldé a laissé entendre que les opérations de mise en place des engrais ont également démarré dans la région avec 12. 005 tonnes d’engrais mises en place, toutes formules confondues. Quant à la situation relative à la forte pression aviaire qu’on avait notée dans la vallée, il y a deux mois, « il y a une accalmie dans la vallée et les activités liées à la riziculture se poursuivent dans d’excellentes conditions, on voit de moins en moins des nuées d’oiseaux granivores survoler les vastes périmètres de paddy ». 

M. Baldé a enfin formulé des recommandations qui tournent essentiellement autour de l’urgence et de la nécessité de renforcer les moyens logistiques dont disposent actuellement les différents services de la Drdr aménagés dans le delta et la vallée du fleuve Sénégal.                                                                                              

Mbagnick Kharachi Diagne

Continuez la lecture

Actualités

Projet de fixation des dunes sur l’Axe Lompoul/Potou avec l’appui de la Coopération espagnole, une pépinière réalisée et plus de 1500 ha reboisés depuis 2009.

Publié il y'a

Date :

Par

La célébration de la Journée nationale se prépare activement dans la région de Louga. À cet effet, le Commandant Mamadou Badji, chef du service régional des Eaux et Forêts de cette partie de l’Axe-Nord de notre pays, à la tête d’une forte délégation, a visité la pépinière de Lompoul, localité située dans le département de Kébémer. Cette délégation a également constaté de visu les actions entreprises dans le cadre du projet de fixation des dunes, mis en œuvre sur une bande 20 kms, sur l’Axe Lompoul-Potou. 

Loin des embouteillages et des fumées de voitures, le village de Lompoul offre un cadre touristique exceptionnel. Malgré le désert qui s’impose, plusieurs activités s’y développent. Cela redonne un sourire aux ruraux en quête permanente de revenus. Ici, tout est conçu pour offrir au visiteur un dépaysement. Un site dans son état naturel entouré des dunes de sable qui, au loin, offrent le cadre magnifique d’une carte postale. Une végétation clairsemée, en majorité de filaos, signe d’une flore typique de la région désertique. L’espace naturel est d’une rare beauté coincée entre le village de Lompoul et l’Océan Atlantique.
Lompoul est peuplé d’agriculteurs, de pêcheurs wolofs et de bergers de l’ethnie peule.

Ce sont des peuples indépendants, au premier coup d’œil, qui sont fortement attachés à leurs formes de vie ancestrale. Ici, on va à la rencontre du Sénégal rural authentique. De petits villages traditionnels de deux à trois cases, voire une dizaine rarement, défilent tout au long de la route. Les réalités culturelles et économiques sont fondées sur une agriculture de subsistance, la pêche, l’élevage.

Maintenant, les populations comptent sur les activités touristiques qui se développent petit à petit sous forme de tourisme communautaire.

Le Commandant Badji a saisi cette occasion offerte par cette ballade organisée dans les dunes de Lompoul, pour rendre un vibrant hommage à la Coopération espagnole qui, par l’entremise de l’ong « Solidarité Internationale Espagne », n’a pas hésité à financer la mise en place de cette pépinière, des activités de reboisement à Kébémer (cette année, sur 100 ha, l’année dernière, sur 180 ha, etc), des actions relatives à l’hydraulique villageoise, aux Volets Genre, Droits Humains, Droits de la Femme, etc . 

Toutes ces réalisations ont été faites dans le cadre d’un grand programme de développement environnemental, qui se développe depuis 2008 à Kébémer, avec un financement global de 450 millions Cfa. Ce grand projet de la Coopération espagnole a permis depuis 2009 de fixer des dunes sur 1500 ha entre Lompoul et Potou.

Un travail remarquable effectué avec des plantations d’eucalyptus, de filaos, d’accacia melifera, d’accacia radiana, accacia nilotica, d’accacia Sénégal et autres espèces végétales forestières.                                                                  

Stabilisation mécanique des dunes.

Parlant de la stabilisation mécanique des dunes, le Commandant Badji a précisé que la phase initiale de la lutte contre l’ensablement consiste à freiner le mouvement du sable en érigeant des palissades de 1 à 1,5 m de hauteur, afin de provoquer à leur niveau une accumulation de sable qui permettra la formation d’une dune artificielle.
Le phénomène s’explique mécaniquement par le fait que la palissade ralentit l’écoulement de l’air, et cette réduction de vitesse provoque des flux d’air, qui se délestent à ce niveau de leur charge de sable. On distingue deux types de dunes artificielles, selon le positionnement de la palissade par rapport à la direction du vent dominant. La dune en arrêt est la pratique la plus courante pour arrêter la progression du sable.

La dune se forme à partir d’une palissade perpendiculaire à la direction du vent dominant (figure 10). Si les vents viennent de directions autres que celle du vent dominant, le dispositif mis en place est complété par un clayonnage croisé ou un quadrillage entre deux palissades successives.

Le quadrillage est un réseau de lignes d’arrêt délimitant entre elles des carrés ou des losanges. La nature et la technique de mise en place sont similaires à celles des palissades. En effet, a-t-il poursuivi,  chaque élément de clayonnage fonctionne comme une palissade au-delà de laquelle se dépose le sable.

Les unités d’espace à l’intérieur du clayonnage se comblent progressivement au fur et à mesure qu’elles piègent le sable. La dune en défilement, ou dune de déviation, dévie la progression du sable dans une direction autre que celle du vent dominant. L’orientation de la palissade fait un angle de 120 à 140 degrés avec la direction moyenne du vent dominant.

Cette disposition est cependant peu utilisée car le sable détourné risque d’envahir d’autres sites (habitats, cultures et infrastructures diverses), même très éloignés de la zone qui fait l’objet des travaux de stabilisation. Les palissades peuvent être tressées (plus coûteuses) ou non tressées; elles sont généralement constituées de branchages provenant de boisements matures d’espèces appropriées, comme les peuplements naturels de Prosopis juliflora, de Balanites aegyptiaca et de divers acacias, mais aussi de feuilles de palmiers ou de tiges de Leptadenia pyrotechnica ou d’euphorbes.                                                         

Associer l’arbre aux cultures Abondant dans le même sens, le Lieutnant Sidy Gadio, chef du service départemental des Eaux et Forêts de Kébémer, a rappelé que la pépinière de Lompoul date de la nuit des temps et, grâce à la coopération espagnole, produit des millions de plants qui permettent de reboiser une bonne partie de ce département et des autres localités de la région du Djolof et du Ndiambour. Il a précisé que cette année, dans le département de Kébémer, cette pépinière a produit 362.000 plants, dont 16.000 plants de filaos.

 Le représentant au Sénégal de l’Ong « Solidarité International Espagne », Makhtar Ndiaye, a magnifié l’exemplarité de la coopération entre ces deux pays, avant de réitérer l’engagement indéfectible de cette Ong à poursuivre cette étroite collaboration avec les responsables des services régionaux et départementaux des Eaux et Forêts de Louga, « qui permettra, à coup sûr, d’atteindre tous les objectifs du projet de fixation des dunes entre Lompoul et Potou. 

Un autre acteur du développement rural, notamment Serigne Cheikh Tidiane Sarr, qui exploite une parcelle maraîchère sur une superficie de 4 ha située vers Potou, dans la commune de Léona, s’est réjoui de la mise en place de cette pépinière et du rôle prépondérant qu’elle joue dans les activités de reboisement de cette zone. Non seulement, il adhère à la mise en œuvre de ce projet de fixation des dunes, mais, avec l’appui de nos partenaires espagnols et l’encadrement technique des responsables des services des Eaux et Forêts de la région de louga et du Département de Kébémer, il a appris, au bout de deux ans, les stratégies à mettre en œuvre pour associer l’arbre aux cultures d’oignon, de pomme de terre, de carottes, de navet, de tomate industrielle, etc. Il a acquis des connaissances qui lui ont permis de dresser des clôtures faites de haies vives, de brise-vents et autres espèces végétales produites dans la pépinière de Lompoul, qui protègent son champ contre la divagation des animaux.                                                                                   

Mbagnick Kharachi Diagne

Continuez la lecture

Actualités

Plan départemental de développement de Podor : une territorialisation pertinente et réaliste du PSE.

Publié il y'a

Date :

Par

Situé dans la partie la plus septentrionale du pays et dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal qui constitue sa frontière au Nord, le département de Podor est limité à l’Ouest par le département de Dagana, à l’Est par celui de Matam, et au Sud par ceux de Louga et de Linguère. Il couvre une superficie de 12 947 Km², représentant 68 % du territoire régional et 7% de l’étendue nationale et est crédité en 2015 d’une densité de 30 habitants au Km². La population du département de Podor, estimée à 387.827 habitants en 2015, est caractérisée par une croissance de 2,5%  par an, soit un dédoublement tous les 28 ans.

Dans les archives du centre de recherches et de documentation du Sénégal (Crds), situé à la pointe-Sud de l’île de Saint-Louis, on note qu’au plan administratif, il est constitué de quatre arrondissements abritant 301 villages officiels et plus de 100 hameaux. Il abrite 23 collectivités locales dont 22 communes et le conseil départemental. La RN2 (Route nationale N°2) est l’artère vitale du département et l’eau est la ressource autour de laquelle s’organisent les activités économiques et le milieu environnemental

                              Caractéristiques physiques

Le visiteur qui fait un saut dans cette partie du Fouta, sera, à coup sûr, impressionné par la beauté de la nature simple et joviale dans ce département, qui est composé de deux grandes zones éco-géographiques, notamment le Walo et le Diéri, deux termes génériques qui désignent respectivement les terres inondables et celles qui ne sont jamais atteintes par la crue. Entre les deux, s’étend une zone de transition : le Jéjéngol. Le département possède plusieurs types de sols selon les zones et à l’intérieur des zones. Les sols du Walo sont : le « palé » limoneux et enrichi par les apports fluviaux et le « holaldé » hydro morphe composé essentiellement d’argile.

Il faut juste taquiner les ingénieurs agronomes de la Saed, pour comprendre aisément que les sols du Jéjéngol sont de texture sableuse et légèrement gravillonaire. On y trouve des sols à tâches et concrétions et des sols brun-rouges subarides. Les sols du Diéri non inondables, sont pour l’essentiel de type Dior, sablonneux où l’on distingue les sols « seňo » aptes à la culture du « souna » et les terres légèrement argileuses « baljol » réputées pour ses herbes nutritives.

                                   Une chaleur torride et suffocante

 Dans ce département, il fait excessivement chaud. La chaleur y est torride et suffocante. Avec une pluviométrie irrégulière, en baisse constante depuis plus de 30 ans, le climat de type sahélien du département évolue vers un climat subdésertique. Les moyennes pluviométriques enregistrées au cours des 25 dernières années, indiquent que le département de Podor est la station la moins arrosée du Sénégal. La température de l’air balance entre deux maxima, 41,4° en mai et 37,6° en octobre et deux minima, 14,3° en janvier et 24° en aout. Les températures sont très élevées dans le département, avec une moyenne de 28,6°. Cette forte insolation surchauffe l’air et crée des tourbillons qui balaient le sol en entraînant des nuages de poussière, sable, limons et fétus de paille, accentuant l’érosion éolienne, facteur de désertification. Les vents sont dominés par le harmattan chaud, direction nord-Est, caractérisé par une grande sécheresse liée à son long parcours continental. Cet aperçu du cadre géographique, fait apparaître les problèmes qui se posent dans le département avec les déficits pluviométriques qui impactent négativement sur l’élevage, les cultures pluviales et même de décrues.

                               Processus de décentralisation

Le Sénégal a engagé un processus de décentralisation avec des évolutions erratiques au gré des préoccupations des régimes politiques qui se sont succédé de la période coloniale en 1872 à l’avènement du Régime du Président Macky Sall en 2012. Durant toute cette période, la décentralisation sénégalaise a eu du mal à afficher des résultats à la hauteur des espoirs suscités, à cause des aspects institutionnel, politique et social, auxquels s’ajoute un manque de moyens financiers et humains.

Ainsi, le Président  Macky Sall, dès sa prise de fonction, a initié la réforme dénommée « Acte 3 de la Décentralisation », qui s’adosse à l’option de territorialisation des politiques publiques pour bâtir le développement du Sénégal à partir des potentialités et dynamiques des territoires. Ainsi la loi 2013-10 du 28 décembre portant code général des collectivités, a permis la mise en place de collectivités locales d’égale dignité, compétitives et porteuses de développement et la création progressive de Pôles territoires. Les Départements ont une fonction centrée sur l’aménagement du territoire pour la promotion d’un développement économique et social durable des territoires, contribuant à la réalisation des objectifs du Plan Sénégal émergent (PSE), qui constitue le cadre d’orientation des interventions dans le pays.

Autant de raisons pour lesquelles, selon des sources proches du conseil départemental de Podor, dirigé par le doyen Mamadou Dia, ancien Directeur Général de la Sde, « aucun effort n’a été épargné pour faire du Plan départemental de développement de Podor, une territorialisation pertinente et réaliste du PSE pour obtenir une participation active de l’Etat et des partenaires au développement dans la mise en œuvre ».

 En effet, ont-elles précisé, au plan institutionnel et opérationnel, les Conseils départementaux sont tous désignés pour apporter l’efficacité, la dimension inclusive et l’équité territoriale érigées en principes dans la mise en œuvre du PSE. Par ce PDD, réalisé par le conseil départemental, en étroite collaboration avec le Directeur Général de l’Ard, Ousmane Sow et l’ensemble de ses collaborateurs,  les collectivités locales de Podor répondent à l’invitation du Président de la République sur la territorialisation des politiques publiques, et compte retrouver à travers sa mise en œuvre, la place de leadership dans le développement économique et social du département en vue de démontrer la grande valeur ajoutée de « l’Acte III de la décentralisation ».

                                      Profil économique attractif

On relève dans les documents de l’Agence régionale de Saint-Louis (Ard) que, dans le département de Podor, l’agriculture est pratiquée en irriguée et en décrue dans le Walo et en pluviale dans le Diéri. Elle fait vivre une population de 95.976 âmes, soit 25% de la population totale du département. En 2015, la culture irriguée a porté sur 19.682 ha dont 12 038 ha soit 61% occupés par le riz, 5 244 ha soit 27% par le maraîchage, 1 107 ha soit 5% pour les fruits (banane et pastèques) et 1 293 ha soit 7% par l’arachide et le maïs. La culture de décrue et celle de sous-pluie orientées vers une fonction vivrière, ont respectivement couvert des superficies de 2167 ha et 1616 ha portant sur le niébé, le bissap, les mils, le maïs, le béref, la pastèque, etc. Avec un rendement de 5 tonnes à l’hectare, le département a déjà assuré son autosuffisance en riz à 112% selon les résultats de l’ESAM (ANSD).

 L’agriculture a enregistré une valeur ajoutée de 23,3 milliards de fcfa et a offert 11 997 emplois dont 32% constituées de femmes, soit respectivement 46% et 48% des richesses et des emplois créés dans le secteur primaire. Réunissant les conditions de réaliser trois campagnes par an, seuls 19 682 ha ont été mis en valeur sur un potentiel de superficie exploitable en irriguée de 23 811 ha, soit une faible intensité culturale de 0,8.

                                   Atouts et défis de l’agriculture

 L’agriculture irriguée a une très grande marge de progression 57.600 ha dans le Walo dont moins de 20 000 ha sont exploités avec une intensité culturale de 0,8 et plus 75 000 ha dans le Jéjéngol propices à la culture maraîchère, fruitière et fourragère. La maîtrise de l’eau et un climat permettant trois campagnes par an, avec des rendements élevés (5 tonnes de riz paddy et plus de 30 tonnes d’oignon à l’hectare). Existence d’une main d’œuvre locale et de plusieurs demandes de terres des privés nationaux et étrangers. Avec ce fort potentiel, le département peut apporter une contribution décisive à la politique d’autosuffisance alimentaire du pays en matière de riz, de produits maraîchers et de fruits (bananes).

                                 Contraintes

 L’accaparement du foncier par la propriété traditionnelle, reste la grande contrainte à laquelle il faut ajouter : la faiblesse de l’intensité culturale des superficies exploitables (0,8), le déficit de moyens pour le financement des investissements et des campagnes, l’enclavement des zones de production, les difficultés de cohabitation entre l’agriculture et l’élevage, les vols et l’insécurité.

                                                    Solutions

Les solutions préconisées par la Saed vont dans le sens de la facilitation de l’accès à la terre aux résidents (agriculture familiale) et aux privés nationaux (entrepreneurs agricoles), de la formation des agriculteurs familiaux qui doivent rester la base de l’agriculture, de la facilitation de l’accès des exploitants familiaux à des de financements adaptés, du désenclavement des zones à fort potentiel agricole, de l’application des POAS (Plan d’occupation et d’affectation des sols) en punissant sévèrement les contrevenants, de l’incitation à la création d’industries agroalimentaires.

                                    Les performances de l’élevage

 Pratiqué dans tout le département, le Diéri constitue la zone de prédilection de l’élevage extensif, le Walo et ses environs se lancent de plus en plus au semi intensif et à l’élevage de case. Les espèces élevées sont les bovins (bœufs), les ovins (moutons), les caprins (chèvres), les camelins (chameaux), les équins (les chevaux), les asins (les porcs) et la volaille. Il fait vivre 96.200 habitants, soit 25% du total départemental. Il est crédité d’une valeur ajoutée de 27,1 milliards de fcfa et fait travailler 12 026 habitants dont 18% de femmes, ce qui le place devant l’agriculture. Cette performance relative de l’élevage est surtout soutenue par les naissances, la montée des prélèvements pour la vente sur pieds des bétails et l’intérêt de plus en plus accordé à la production de lait qui connaît des prix au producteur attractif.

                                                  Compte de l’élevage

La plupart des éleveurs se sont aujourd’hui lancés dans l’insémination et l’achat de races étrangères pour améliorer la productivité de leur troupeau. A côté des peulhs, ethnie traditionnellement éleveur, de nombreux jeunes qui ont pris la ferme décision de retourner à Podor après avoir tenté de gagner leur vie sous d’autres cieux (ces derniers ne croient plus en l’exode rural et ne parlent plus d’émigration clandestine), des retraités et des travailleurs s’engagent dans l’embouche bovine et ovine avec les races améliorées. Les organisations professionnelles d’éleveurs foisonnent et nécessitent une revue pour la promotion d’une fédération départementale crédible et plus efficace. Les éleveurs continuent de bénéficier des soutiens de l’Etat et des partenaires au développement dans les domaines des infrastructures d’appui et de l’amélioration de la productivité.

                                                             Atouts et défis pour l’élevage

Il suffit d’interroger quelques responsables et membres de Gallé-Aynabé (Maison des éleveurs) de cette partie du Fouta, pour entendre dire que le département est crédité de vastes zones de pâturage naturel dans le Diéri et le Walo, de l’abondance de sous-produits agricoles et agro-industriels, de l’existence de forages pastoraux et de cours d’eau pérennes et de marres et de services vétérinaires publics et privés. Les éleveurs montrent des signes de professionnalisation avec l’augmentation de la productivité des troupeaux par l’insémination artificielle et l’acquisition de races étrangères ainsi que la gestion économique des cheptels par des prélèvements plus importants. Avec le fort potentiel et les importants atouts de l’élevage, le département de Podor a, entre ses mains, une bonne opportunité pour s’ériger en pôle pastoral porteur de richesses et d’emplois pour contribuer à l’autosuffisance en viande et en lait du pays et réduire largement les importations de moutons lors des fêtes de Tabaski.

                                               Contraintes pour le développement de l’élevage

Ces contraintes sont relatives aux menaces sur les prairies naturelles (feux de brousse, déficit pluviométrique), aux difficultés d’accès aux aménagements pour développer la culture fourragère, à la mauvaise gestion des forages pastoraux (1/4 à l’arrêt), à la réapparition de certaines maladies qui déciment les troupeaux, au déficit des parcs à vaccination et des infrastructures d’appui à la commercialisation, aux vols de bétail récurrents, à l’insécurité et à la pratique illicite d’auxiliaires vétérinaires, au manque de fabriques et de magasins de vente d’aliments de bétail.

                                             Solutions pour le développement de l’élevage

Certains experts de l’Ard insistent sur l’incitation des privés à l’implantation de fabriques d’aliments de bétail de qualité, la nécessité de promouvoir la culture fourragère et l’aménagement des marres, de mettre en place des infrastructures d’appui pour la commercialisation et l’abattage, d’augmenter les parcs à vaccination et les postes vétérinaires, de promouvoir des métiers liés à la filière élevage, de faciliter l’accès des éleveurs à des crédits adaptés, d’accroître le contrôle des médicaments et des entrées du bétail extérieur, de promouvoir l’assurance bétail et de lutter contre le vol de bétail.

                                Pêche fluviale et continentale

 Avec le fleuve Sénégal et ses affluents, le département dispose de 650 Km environ de cours d’eau auxquels s’ajoutent des mares pérennes et temporaires. La pêche continentale a connu une période faste dans le passé, exportant du poisson transformé partout dans le pays. Son déclin a débuté avec l’avènement des barrages et des aménagements hydro-agricoles, où le développement de la pêche continentale n’était pas pris en compte.

La pêche fluviale est actuellement pratiquée par plus de 500 pêcheurs dont des immigrés maliens. Les tonnages débarqués en 2015 s’élèvent à 288 tonnes pour une valeur commerciale 360 millions de fcfa, contre 356 tonnes pour une valeur commerciale de 158 millions de fcfa en 2014, soit un triplement du prix au kilogramme, passant de 448 fcfa en 2014 à 1249 fcfa le kg en 2015. Le département vit actuellement de l’importation de poisson frais et transformé en provenance de Saint-Louis et des régions de Dakar et Thiès.

 La contribution de la pêche fluviale à la valeur ajoutée du secteur primaire est de 352 millions de fcfa soit 2%. Elle occupe 450 personnes tous de sexe masculin et faisant vivre 2 500 habitants représentant à peine 1% de la population totale du département. Avec le recul sans précèdent de la pêche fluviale, quelques fermes aquacoles communautaires et privées ont été implantées dans le département, mais par manque de maîtrise technique des opérateurs et les difficultés d’accès aux alevins et à des aliments de qualité, la plupart de ces initiatives sont aujourd’hui en arrêt. La plupart de ces fermes ont été financées par les projets d’appui au développement et avaient ciblé les groupements de femmes et quelques individus non-initiés à la pêche. Les villages Thioubalo aujourd’hui sans perspectives, font appel à l’Etat et aux collectivités locales pour leur apporter un appui pour l’ensemencement des marres et le développement de la pisciculture. Les Thioubalo disposent d’une organisation professionnelle, rarement invitée dans les concertations.                                                                                              Mbagnick Kharachi Diagne/Chroniques.sn

Continuez la lecture

Articles tendances