La 75ème
Assemblée Générale des Nations Unies me donne l’occasion de donner un point de
vue modeste sur la marche du monde. C’est évident, L’ONU n’a pas rempli
correctement son rôle et ses missions.
Il est
bien établi que les inégalités de revenus se creusent : les 10 % de
personnes les plus riches perçoivent près de 40 % du total des revenus
mondiaux, tandis que les 10 % les plus pauvres en gagnent 2 à 7 % selon le
PNUD. Les relations internationales sont sous tension permanentes. Les
modèles existants sont fondamentalement matérialistes avec peu de place laissée
à l’éthique et à la solidarité désintéressée. Ils ont été souvent formés sur du
virtuel (marché à terme, bourses volatiles déconnectées de la sphère réelle de
l’économie, ) et sur l’expropriation (exploitation coloniale, systèmes
post coloniaux de maintien de prébendes économiques perceptibles à travers une
organisation imparfaite des marchés internationaux des matières premières,
l’existence de nombreux paradis fiscaux et des conquêtes militaires injustes
(exemples Cuba, Irak, Lybie) , validées par des organes de gouvernance mondiaux
illégitimes parce que reflétant peu les rapports de force internationaux). Sans
oublier les préoccupations de droit pendantes comme la question
palestinienne ou le droit des minorités. Le monde est presque devenu une
jungle.
L’ordre
international actuel, date de la chute du mur de Berlin qui a consacré un monde
unipolaire dominé par les Etats-Unis. Cet ordre au service de la haute finance
internationale s’est illustré par des armées occidentales coalisées au service
des marchands d’armes et de la finance internationale qui ont mis presque
toutes les banques centrales mondiales dans leur escarcelle, en dehors de quelques-unes.
L’Ordre mondial en vigueur s’est installé par un coût élevé en termes de
sang des peuples. Le Moyen-Orient en est la preuve. Des peuples envahis et
bombardés juste pour faire main basse sur leurs ressources. Un continent plein
de richesses comme l’Afrique n’arrive toujours pas à s’inscrire dans une
dynamique de développement.
Au
demeurant, la montée en puissance de la Chine, de la Russie de la Turquie et de
l’Iran, a prouvé à l’Amérique qu’elle a perdu ses suprématies économiques et
militaires et que le monde est devenu multipolaire à nouveau. L’Occident n’a
plus les capacités de maintenir un ordre mondial vu ses difficultés économiques
et la résurgence de nouvelles puissances économiques pus compétitives.
Le monde
a besoin d’une nouvelle dynamique de relations internationales porteuses de
franche coopération, de paix, de sécurité et de prospérité pour
tous, toutes valeurs que l’ordre croulant actuel se refuse de permettre à
l’humanité.
Une
réflexion métaphysique d’introspection s’avère désormais nécessaire afin
d’ériger un nouvel ordre international basé sur une Responsabilité Sociétale
Mondiale (RSM) plus affirmée.
L’Onu
doit placer la vie humaine au-dessus de tout, éviter autant que possible
d’opposer le genre humain à l’environnement et admettre enfin la réalité du «
choc des civilisations» afin de lui apporter les réponses appropriées.
Le
conseil de sécurité des nations unies et les droits de vétos y adjacents ne
reflètent plus la géopolitique mondiale et doivent être réformés.
L’ampleur des écarts de développement, de la corruption et la
persistance des paradis fiscaux amènent des réflexions sur la nécessité
d’instaurer une Droit Ingérence Economique (DIE) et pousser des
organismes comme le FMI et de la Banque mondiale à plus de responsabilité
dans les fuites de capitaux en provenance des pays en développement.
Il faut
aussi au plan politique un Droit d’Ingérence Démocratique (DID) incarné par un
organisme dédié constitué des meilleurs experts et de personnalités mondiales
sages et expérimentées.
Il est
tout aussi important de revoir les missions des casques bleus des Nations unies
afin d’introduire des mécanismes d’alertes plus précoces et des possibilités
d’interventions militaires actives dans certaines situations : extermination
des minorités, modifications impopulaires de constitutions afin de se maintenir
au pouvoir, entorse au droit international etc….
Enfin
dans le cadre des réflexions à mener portant sur les réformes à apporter au
système Onusien, nous proposons l’ajout à la nouvelle architecture à mettre en
place d’une institution à vocation éthique et religieuse dans un contexte où
selon le Pew Forum on religion & public life, un centre de recherche
indépendant basé aux États-Unis 84% de la population mondiale s’identifie à un
groupe religieux.
Au cas
où ces réformes n’arriveraient pas à être enclenchées dans un délai de trois
ans, je rêve d’une recomposition de l’ONU et l’avènement de trois
organisations mondiales concurrentes regroupant les pays selon leur vision et
leur affinité. Une telle architecture pourrait, à la faveur d’une guerre
froide permanente salvatrice, mais aussi d’une saine compétition et d’une
surveillance mutuelle plus renforcée, garantir la paix, la sécurité et le
développement.
Magaye GAYE
Economiste
International