La pandémie du
Coronavirus covid-19 poursuit son expansion dans le monde. L’Afrique reste très
faiblement touchée comparée au reste du monde. Cependant, chaque semaine, à un
rythme très lent, la maladie progresse dans le Continent et par rapport au
reste du monde. Ainsi cette semaine l’Afrique a dix-sept (17) cas testés
positifs sur mille (1000) cas testés positifs dans le monde, soit une
progression de deux (2) cas par rapport à la semaine dernière. Pour les décès
liés au corona virus covid19, l’Afrique a huit (8) décès sur mille (1000) décès
déclarés dans le monde, soit le même nombre que la semaine dernière. Cette
évolution asymétrique entre le nombre de cas et le nombre de décès montre
encore, s’il en était besoin, la spécificité de Continent par rapport au développement
de la maladie. J’ai du mal à comprendre toutes ces prédictions catastrophistes
sur l’avenir de la pandémie sur notre Continent.
Au Sénégal, nous sommes à une moyenne d’un (1) décès lié au corona virus
covid19 par trois (3) jours, ce nombre était d’un décès (1) par cinq (5) jours
la semaine dernière, soit une progression de deux (2) jours. Le taux de
mortalité du corona virus covid19 est de 1% au Sénégal contre 3.3% en Afrique
et très en deçà du taux mondial qui est de 6.64%.
Le Sénégal est passé d’une stratégie d’arrêt de diffusion du virus à une
stratégie d’une propagation contrôlée du virus. Il est important d’identifier
les forces, les faiblesses et les risques liés à chaque stratégie. Pourquoi la
première stratégie n’a pas fonctionné ? Quels sont les défis liés à la nouvelle
stratégie ?
Pourquoi la première stratégie n’a pas permis de stopper la circulation du
corona virus covid19 ?
Avec le contrôle des frontières, la fermeture des aéroports, les cas importés
ont disparu. Par contre les cas communautaires ont fait leur apparition sans
jamais être jugulés. Madame KK Shailaja, Ministre de la Santé de l’État de
Kerala en Inde, un État de trente-cinq (35) millions d’habitants avec 524 cas
et 4 décès, lorsqu’on lui demande les raisons de son succès dans la lutte
contre le corona virus covid19, invoque les mesures drastiques prises pour
endiguer l’avancée de la maladie (isolement des contacts, hospitalisation des
malades, etc.), l’engagement des autorités religieuses dans l’application des
mesures prises et surtout la planification rigoureuse. Cette déclaration met en
évidence nos faiblesses qui ont conduit à la saturation des lits
d’hospitalisation, à une augmentation des contacts donc des occupants des lieux
d’isolement, à l’expansion régionale et départementale de la pandémie. Sans une
réorientation ou de nouvelles infrastructures, la stratégie allait conduire à
une implosion du système.
La stratégie de contrôle de la propagation du corona virus covid19, peut-elle
réussir ? Elle essaie de résoudre un certain nombre de contradictions que la
première stratégie n’a pas pu surmonter ou même a semblé aiguiser :
– l’insuffisante convergence du milieu maraboutique ou de divers courants
religieux musulmans par rapport aux décisions prises en particulier la
fermeture des mosquées ;
– l’incompréhension socio-culturelle entre différentes autorités (pouvoirs
publics, religieux, coutumiers, etc.) de la représentation des actes
d’engagement et d’adhésion à une stratégie ;
– l’impérieuse nécessité du démarrage des activités agricoles pour la campagne
agricole 2020 avec les risques réels pour tous les pays importateurs de
céréales d’être confrontés en 2021 à une pénurie sur le marché mondial et donc
à un risque de famine ;
– l’épuisement inévitable des forces de défense et de sécurité, des personnels
de santé, etc. ;
– l’insuffisance du système de sécurité social qui oblige une grande partie de
la population à aller travailler pour nourrir les familles : marchés,
transports, services, etc. ;
– etc.
La nouvelle stratégie présente des risques :
– l’isolement des contacts dans les maisons, en raison de l’indiscipline de
beaucoup de nos compatriotes et des habitudes de visites à domicile, peut
contribuer à l’expansion de la maladie ;
– la levée de l’interdiction de circuler de région à région si elle devait
intervenir pourrait faciliter la contamination des vingt-deux (22) départements
qui sont indemnes de corona virus covid19 ;
– Etc.
Évidemment chaque stratégie a ses avantages et ses inconvénients. Elle doit
aussi avoir une manière spécifique de communiquer. Tout en continuant à mettre
l’accent sur les gestes barrières, la communication devrait mettre une touche
particulière sur :
– la sensibilisation des groupes vulnérables (personnes âgées et/ou personnes
souffrant de maladies comme le diabète, l’hypertension, l’asthme, le surpoids,
etc.) ;
– la prise de conscience des familles, des communautés religieuses, des femmes
et des jeunes pour protéger les personnes vulnérables en leur sein ;
– le sens du malade asymptomatique, un malade sans signe extérieur de maladie
pour lequel, culturellement, il est difficile d’imaginer qu’il puisse
contaminer une autre personne;
– Etc.
Cette stratégie comme la précédente pour réussir a besoin de discipline et de
responsabilités individuelles et collectives. Le citoyen a un rôle essentiel à
jouer et l’autorité administrative a sa responsabilité qui est engagée.
L’Afrique bénéficie de spécificités qui empêcheront la maladie de faire des
dégâts humains à l’image de l’Europe et de l’Amérique. Cependant le meilleur
moyen de tirer profit de ces circonstances atténuantes, d’éviter la
multiplication des cas graves, est d’être unis et engagés autour des mesures
prises par le Comité national de Gestion des Épidémies et les autorités de la
santé.
L’Afrique vaincra le COVID-19 !