D. Diallo, né en 1986 à Sinthiou, dans le département de Podor et domicilié à Ourossogui, dans la région de Matam, se fait passer pour un vendeur de moutons. Accusé des délits de trafic international de chanvre indien et de contrebande, il a balayé d’un revers de main toutes ces accusations, alors que l’Avocat Général de la Chambre Criminelle de la Cour d’Appel de Saint-Louis, Adama Ndiaye, a prouvé qu’il allait régulièrement se ravitailler à Kayes, au Mali, pour revenir écouler sa « marchandise » à Matam.
De plus, le fait qu’il ait été condamné en 2012 par la Cour d’Assises de Kaolack à trois ans d’emprisonnement ferme pour trafic de chanvre, ne l’a pas mis à l’aise au moment où il comparaissait à nouveau à Saint-Louis.
En effet, après avoir quitté la citadelle du silence, il n’a pas perdu du temps pour renouer avec le trafic de chanvre. La Cour l’a condamné hier à 10 ans de réclusion criminelle et à payer une amende de 5 millions Cfa, confirmant la première peine prononcée par le tribunal régional de Matam.
Ainsi, le 16 septembre 2015, le chef de la Brigade des douanes de la commune d’Ourossogui (Matam) avait saisi le Commandant de la Brigade territoriale de Gendarmerie de cette même localité, d’une correspondance relative à un compte-rendu de saisie de chanvre indien d’un poids total de 36, 6 kg, au cours d’une patrouille, dans la nuit du 15 septembre 2015, au village de Doumga Ouro Alpha, situé à quelques encablures de la ville d’Ourossogui.
Le Patron des douanes de cette brigade expliquait que le conducteur d’une moto de couleur noire, à bord de laquelle cette saisie de chanvre a été opérée, avait réussi à se faufiler dans la pénombre pour s’échapper, laissant sur place son engin. Les douaniers avaient pu néanmoins remarquer que le conducteur de cet engin était enturbanné et qu’il était de taille élancée et de teint clair.
Le 31 Octobre 2015, le nommé B. Bâ, qui venait d’être inculpé pour trafic de chanvre par les gendarmes d’Ourossogui, lors d’une opération de sécurisation au village de Doumga Ouro Alpha, leur avait déclaré que son fournisseur D. Diallo, était joignable à un numéro de téléphone portable qui a été mis à la disposition des hommes en bleu.
Le 1er novembre 2015, à la suite d’une opération de vérification d’identité, ces gendarmes enquêteurs avaient interpellé un individu de teint clair qui, conduit à la brigade, a été facilement identifié par B. Bâ comme étant le fournisseur activement recherché et qui ressemblait rigoureusement, d’après les recoupements et les vérifications des informations, au conducteur de la moto.
Il portait aussi le même nom mentionné sur une facture sur cette moto. Mieux, B. Bâ, qui était son client, est allé jusqu’à confier aux gendarmes que D. Diallo, qui faisait partie d’une bande de malfaiteurs qui officiait au village de Doundé, a eu l’occasion de lui vendre trois kg de chanvre.
Il avait précisé que ce fournisseur était même venu se réfugier chez lui vers 4 heures du matin, en lui faisant savoir qu’il était pourchassé par les douaniers et qu’il était obligé de laisser sur place sa moto et une grande quantité de chanvre. Il aurait expliqué également à ce client généreux qui l’avait hébergé, qu’il avait refusé d’obtempérer au moment où il a été interpellé par les douaniers.A la barre de la Cour d’Appel de Saint-Louis, il a tenté d’expliquer aux magistrats qu’il était allé à Doundé pour soigner ses hémorroïdes auprès d’un guérisseur, qu’il avait pris une chambre en location à Ourossogui, pour les besoins de son commerce de moutons, « j’avais effectivement une moto que j’avais achetée à Kidira et que j’ai fini par la troquer dans le Ferlo, contre dix béliers, je n’ai jamais vendu du chanvre à B. Bâ et ce dernier ne m’a jamais hébergé ».
Il a été appuyé par son avocat, Me Sally Mamadou Thiam, qui a laissé entendre que les douaniers étaient incapables d’identifier un individu enturbanné et qui conduisait une moto dans l’ombre vers 2 heures du matin, « dès lors, personne ne peut prouver que ce conducteur était bel et bien mon client, la Cour doit savoir qu’avant de trafiquer du chanvre, il faut d’abord le détenir et mon client ne détenait par devers lui du chanvre, le nom qui figurait sur cette facture peut correspondre à n’importe quelle coordonnée, mon client n’est pas le seul à porter ce nom, nous sommes dans une juridiction pénale et répressive, le droit pénal étant un droit de certitude, on ne peut pas, sur la base d’une reconnaissance utopique, condamner un individu sans prouver qu’il est réellement l’auteur des faits qu’on lui reproche, par conséquent, je demande à Cour de le relaxer ».Dans son réquisitoire, l’Avocat Général, Adama Ndiaye, a rappelé que nul ne peut témoigner contre sa personne, l’accusé a le droit de mentir, « mais, lorsque le hasard multiplie les coïncidences, il ne s’agit plus du hasard ; c’est son propre client qui l’a balancé, qui a dévoilé, de bonne foi, son stratagème, en passant aux aveux, il a été très facile de faire le lien entre sa personne, la description du conducteur, la facture, sa condamnation préalable à Kaolack pour trafic de chanvre et autant de charges suffisantes pour le déclarer coupable, je demande à la Cour de confirmer la première peine prononcée par le tribunal régional de Matam ». L’accusé a été finalement condamné à 10 ans de réclusion criminelle.
Awa Diagne Sall Kharachi
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