Thierno Arona Niang, professeur de français au lycée
Seydou NorouTall de Dakar, a brillamment décroché sa thèse de doctorat en
littérature comparée avec la mention « Très honorable », vendredi
dernier, à l’Auditorium de l’Université Gaston Berger de
Saint-Louis. Le jury, composé des professeurs Boubacar Camara, Banda Fall,
Mamadou Camara et du professeur Moussa Cissé de L’Université Cheikh Anta Diop,
a positivement sanctionné le travail de Thierno Arona Niang, jugé « original,
innovant et très fouillé ».
La
thèse du jeune Docteur Niang intitulée « Mythologies et littératures de
l’imaginaire gréco-yoruba depuis l’antiquité jusqu’à nos jours : corpus
comparé des mythes littéraires homérico-camariens » est un volumineux
document de plus de quatre cents pages où les œuvres des deux grands écrivains
sont soumises à une comparaison systématique, autant sur le plan de la forme
que du fond. Après deux tours d’horloge au cours desquels le jury et le
candidat se sont livrés à un riche débat d’idées, le verdict est finalement
tombé, accueilli avec enthousiasme par un public venu en nombre assister à
cette soutenance d’une qualité exceptionnelle. Un public qui n’a pas été avare
de ses cris de joie et autres salves d’applaudissement. Outre les étudiants et
professeurs de l’UGB, il y avait aussi les amis et membres de la famille du
Docteur Niang, parmi lesquels son père très ému par la belle prestation et
surtout la brillante réussite de son fils. Également présent à l’auditorium,
Louis Camara n’a pas caché sa satisfaction de voir le magistral travail du Dr
Niang couronné de succès. « C’est une thèse très originale, audacieuse,
qui ne manquera pas d’ouvrir de riches perspectives à la recherche littéraire à
l’université. Je félicite le Docteur Thierno Arona Niang pour sa réussite
brillante et méritée car je n’ignore pas tous les efforts et sacrifices
auxquels il a consenti pour arriver à un tel résultat. Je m’associe pleinement
à ce succès intellectuel qui, je l’espère, va lui ouvrir toutes grandes les
portes de l’enseignement et de la recherche universitaires. Je le remercie
également d’avoir inséré mes œuvres, à côté de celles de l’illustre Homère,
dans le corpus de sa thèse. Honneur plus grand ne pouvait être fait à
l’écrivain que je suis ».
Quant à
Thierno Arona Niang, à la fois ému et fier, revêtu de sa toge de nouveau Docteur en littérature comparée,
il a rendu hommage aux membres du jury, à son père et à sa maman auxquels est
dédié sa thèse, à ses amis et collègues enseignants venus le soutenir et à
l’écrivain Louis Camara qui n’a cessé de l’encourager et dont l’œuvre a été une
précieuse source d’inspiration pour sa thèse.
Ci-dessous, un
extrait de la thèse du Docteur Thierno Arona Niang qu’il nous a aimablement
autorisé à publier.
« Par le
truchement de la littérature comparée, « discipline soucieuse de
décloisonner les enseignements littéraires » (Pageaux, 1986, 72) la
comparabilité d’Homère et de Camara se justifie par leur statut d’écrivains
manipulateurs du mythe à vocation œcuménique. Leur goût pour la mythologie se
manifeste par l’importance qu’ils accordent au récit des divinités, pour l’un,
du panthéon des Grecs et, pour l’autre, celui des Yorubas. Les genres qu’ils
utilisent, à savoir le conte et l’épopée, ne constituent que des motifs pour se
jouer du mythe. Ils constituent des prétextes qui leur permettent de mettre en
valeur les relations privilégiées que les individus entretiennent avec les
êtres imaginaires. Leurs écritures s’enracinent dans la mythologie. Cependant,
quoi que leurs œuvres soient de l’ordre de l’imaginaire, c’est-à-dire qui
dépasse ce que Heidegger appelle l’« étant » comme manifestation de
l’Être en tant que phénomène, il n’en demeure pas moins qu’elles restent
contemporaines à l’homme des temps modernes. Seule une lecture allégorique deleurs mythes permet de mieux en saisir l’essence. Ainsi, la symbolique des
titres offre un premier contact, une prénotion annonciatrice d’une littérature
mythologique » fin de citation. (P. 22)
Pour terminer précisons que les œuvres du corpus de la thèse du Docteur Niang sont « L’Iliade » et « L’Odyssée » d’Homère et « Le choix de l’Ori », « Histoire d’Iyewa » et « Le tambour d’Orunmila » de Louis Camara.