En quelques jours, la semaine dernière, au moins 130 personnes ont été tuées dans la localité de Kulbus. Tout a commencé par une dispute autour d’une parcelle de terre, faisant des morts parmi les tribus Riziegat et Gimr. Le conflit a rapidement dégénéré et les habitants ont fait face aux assauts répétés de milices armées. Une vingtaine de villages ont été brûlés. Des milliers de personnes déplacées.
À hôpital de Geneina, la capitale du Darfour occidental, Al-Tom Adam est allongé sur un lit d’hôpital. La jambe gauche enserrée dans une armature en métal. Il a reçu une balle dans le genou : « Pendant l’attaque, j’étais à la mosquée. Ils m’ont tiré dessus à la kalashnikov. Les miliciens étaient à motos, accompagnés de pick-up des forces de soutien rapide, armés de mitrailleuses. On a essayé de les repousser, mais ils attaquaient à l’arme lourde. Ils ont encerclé le village, personne ne pouvait sortir. Ils ont tué des enfants, tout pillé, tout brûlé. »
Sur le lit d’à côté, un vieillard a subi le même sort, cuisse droite perforée, jambe gauche brisée. Ces rescapés de la tribu Gimr accusent les unités paramilitaires dirigées par le numéro deux de la junte soudanaise, le général Mohamed Hamdan Dagalo, Alias Hemetti, d’avoir participé à la destruction de leurs villages. L’armée soudanaise, elle, pourtant présente dans les environs, ne s’est pas interposée.
Signe que le problème est politique selon Saiffedine Osman, avocat et porte-parole des Gimrs : « Ce n’est pas un problème tribal. Ce sont des attaques menées par des gens armés et organisés dont le but est de déplacer par la force les habitants, jusque dans les villes. Quand ces miliciens attaquent, un de leur slogan c’est soit tu meurs, soit tu dégages. »
Les évènements de Kulbus viennent s’ajouter à une longue liste de massacres et d’exactions commises ces derniers mois au Darfour occidental, déplaçant des centaines de milliers de personnes.