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Scienti’Filles, vivre la science au féminin à Saint-Louis

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Dans le cadre de la mise en œuvre du programme du Centre culturel français de Saint-Louis, portant sur la promotion des sciences auprès des jeunes filles à Saint-Louis, un événement a été organisé avec brio par la jeune Adama Pouye, qui ne cesse d’initier des projets d’inclusion des filles dans le processus de développement local.

L’Institut français de Saint-Louis a mis en œuvre récemment la première édition du programme Scienti’Filles au lycée de jeunes filles Ameth Fall de Saint-Louis, en partenariat avec l’UNESCO et l’ASFTech (Association des Femmes pour la promotion des Sciences et de la Technologie au Sénégal).

 Cette célébration entre dans le cadre de La Journée internationale des femmes et des filles de science, célébrée chaque année et adoptée par l’Assemblée Générale des Nations Unies, afin de promouvoir l’accès et la participation pleine et équitable des femmes et des filles à la science.

 Selon Victor Faye, Coordonnateur des activités de la Villa Saint-Louis Ndar du centre culturel français de Saint-Louis, cette journée permet de rappeler que les femmes et les filles jouent un rôle essentiel dans la communauté scientifique et technologique, que leur participation doit être renforcée. En effet, il est noté une faible représentation des femmes, notamment africaines, dans les domaines scientifiques.

Ainsi, a-t-il précisé, dans le strict respect des mesures sanitaires en ce contexte de pandémie, 50 jeunes filles en T-shirts « Scient’Filles » ont bénéficié d’activités diverses programmées par l’Institut.

 Marc Monsallier, Directeur délégué de l’Institut français de Saint-Louis, dans son discours de lancement de la journée, a rappelé l’importance du projet Scienti’Filles : « Il s’agit de corriger le déséquilibre qui place les femmes de sciences dans le groupe minoritaire alors même que les filles sont meilleures élèves que les garçons, un programme comme celui-ci est là pour rendre justice au travail, au mérite, pour réveiller l’ambition et la confiance féminines et les femmes modèles invitées sont là pour en montrer l’accessibilité ».

  Scienti’Filles, programme baptisé par la jeune médiathécaire de l’Institut français, Adama Pouye, se veut, selon son initiatrice, « une vitrine pour vulgariser les travaux de femmes qui se sont illustrées dans le domaine scientifique en Afrique, motiver et encourager les plus jeunes à se tourner vers les séries S et T ». 

Le projet, a-t-elle souligné, «  est une première à Saint-Louis, il représente un cadre approprié pour la découverte, l’apprentissage, le partage et l’accompagnement entre chercheuses, professionnelles et élèves. L’intention à long terme est d’organiser un rendez-vous, chaque année à Saint-Louis, autour des sciences et de faciliter l’accès à la documentation scientifique. »

Pour mieux atteindre ces objectifs, l’Institut français de Saint-Louis a diversifié les activités, sur une journée. Ces dernières ont débuté par un panel sous forme de retour d’expérience de femmes scientifiques sénégalaise. Les élèves ont ainsi pu découvrir le parcours et les travaux de Salma SYLLA, première femme astrophysicienne du Sénégal. A travers sa communication « La tête sur les étoiles » elle a expliqué aux élèves ses recherches sur les flashs d’impact sur la planète Jupiter et l’évolution des étoiles variables. Elle a notamment insisté sur la compatibilité entre vie professionnelle et familiale.

 Monique Ndiaye CISSÉ et Pascaline COLY, représentantes de l’AFSTech ont appuyé les propos de Salma en demandant aux femmes de croire en elles.

La deuxième communication menée par Abibatou Banda FALL, Docteure en géographie, environnementaliste et présidente d’Arades (Association pour la Recherche Action Développement et Environnement au Sahel) a porté sur « les technologies vertes et numériques ». Elle a permis aux élèves de découvrir dans le cadre des technologies vertes : le home-biogaz, le bio-charbon, la cuisinière solaire, le panier thermique, etc. et dans le cadre des technologies numériques le codage, différentes applications, l’autonomisation des femmes, la réalité virtuelle et augmentée, etc.

Madame Khady Ba SY, proviseure du lycée de jeunes filles Ameth Fall, a salué l’initiative Scienti’Filles qui permet de résorber progressivement les disparités afin de rééquilibrer la faible représentation des femmes dans les sciences et mettre fin aux préjugés. Elle s’est réjouie de la pertinence du choix de son établissement comme première école bénéficiaire du programme.

En effet, seul lycée exclusivement féminin de Saint-Louis, celui des jeunes filles « Ameth Fall » est un établissement référent (charnière dans la promotion de l’égalité des chances pour une Région plus ambitieuse) dans la région. Chargé d’histoire et existant depuis l’époque coloniale, il a vu passer de nombreuses et brillantes personnalités notamment l’écrivaine Mame Younouss DIENG, Aïda MBODJ maire de Bambey, Khoudia MBAYE maire de Gandon, entre autres. Aujourd’hui encore, il a conservé l’excellence avec de très bons taux de réussite au baccalauréat.

A la fin du panel, les élèves ont visité l’exposition « Femmes de science africaines » où 14 femmes scientifiques du continent sont présentées pour servir de repères, de modèles pour les jeunes filles tout comme cela s’est fait toute la journée.

D’ailleurs Marc Monsallier, dans son discours d’ouverture, a cité une autre brave femme de science, Lila Bouadma, professeure de médecine depuis 2015, une des trois femmes du conseil scientifique en France chargé d’éclairer la décision politique depuis le début de la crise sanitaire. En tant que femme, elle confie dans une interview au journal Le Monde : « Depuis mars, j’ai l’impression qu’il y a deux personnes en moi. Il y a le médecin, professionnel, qui va voir les malades, accomplit les mêmes gestes que d’habitude. Et puis, il y a une autre personne qui a envie de pleurer tous les jours, comme cela ne m’était jamais arrivé avant dans ma vie. Ce qui m’en empêche, c’est le manque de temps. Avez-vous remarqué qu’il faut du temps pour pleurer ?»

 Ce passage illustre la force des femmes comme des hommes de science, avec sans doute ce détail sur la compassion que la société leur autorise de formuler ainsi.

Les activités se sont poursuivies dans l’après-midi avec une série d’ateliers menés par Nogaye MBAYE, docteure en électronique et membre de l’association Mathsolo qui œuvre pour la vulgarisation des sciences en vue de faciliter son enseignement et son apprentissage. Ces ateliers permettent d’apprendre à travers des jeux de modèles et de matériels didactiques manipulables, l’utilité des mathématiques en autonomisant l’élève. Ils incitent à réfléchir et génèrent une stimulation intellectuelle à travers des concepts basés sur la vie quotidienne des apprenants. La stupéfaction réjouie des élèves s’entend dès que l’une des petites voitures qu’elles ont eu pour mission de configurer, a roulé : « C’est impressionnant ! Elle fonctionne ! »

S’en est suivie la programmation cinéma avec la projection du film français de 2019 « Femmes et science en Afrique : une révolution silencieuse » de Kate THOMPSON-GORRY, qui retrace le parcours de trois femmes africaines battantes dont la contribution à la science au niveau international est majeure. En partenariat avec le producteur Michel WELTERLIN, la projection a été suivie d’un débat où il a pu échanger avec les élèves par visioconférence.Les apprenties scientifiques ont exprimé leurs attentes d’autres éditions : « Ce genre d’activités devrait se tenir plus souvent, nous n’avons pas l’occasion de rencontrer beaucoup de femmes dans ces domaines… », a commenté l’une des bénéficiaires, avant de laisser sa camarade poursuivre : « aujourd’hui on a pratiqué et changé de méthode d’apprentissage, on devrait voir cette possibilité se répéter ».                                                       Awa Diagne Sall Kharachi

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