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Rencontre avec l’icône de la littérature Saint-Louisiane : Entre ombres et lumières

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Il s’appelle Louis Camara. Il est écrivain. En 1996 il a remporté le « Grand prix du Président de la République pour les lettres » avec son livre intitulé » « Le choix de l’Ori » qui fait aujourd’hui partie des œuvres littéraires au programme des classes de seconde des lycées du Sénégal. Il est également lauréat du « Prix de la meilleure nouvelle de la fondation Léopold Sédar Senghor » en 1998 et a été fait chevalier des palmes académiques de la république française en 2013. 
Sa bibliographie d’auteur comporte actuellement une dizaine d’ouvrages de fiction et bien qu’étant à la retraite depuis une dizaine d’années, il poursuit inlassablement son travail de création littéraire. Mais Louis Camara est aussi un chercheur comme il nous le dit lui-même : « Si j’évoque la recherche, c’est parce que la pratique de l’écriture littéraire m’y a conduit presque naturellement dans la mesure où c’est par le biais de ce que les critiques appellent  la « réécriture » et « l’intertextualité »  que je suis arrivé à la création littéraire. 
Il ne faut pas non plus oublier « l’aspect culturel important qui irrigue une bonne partie de mon œuvre et qui lui vient de ce qu’elle tire son origine de la mythologie du peuple yorouba. »Et en effet, au fil des ans, Louis Camara est devenu un véritable spécialiste (même s’il n’aime pas beaucoup ce mot) de la culture, des mythes et de la littérature yorouba. Il se sent proche d’écrivains comme Amos Tutuola, Wole Soyinka, le prix Nobel de littérature et D.O Fagunwa, le premier écrivain en langue yorouba dont il a adapté les œuvres en français.  Tous ces éléments confèrent donc à l’œuvre de Louis Camara une originalité certaine et une place tout fait à part dans le paysage littéraire Sénégalais.      
Ce n’est aujourd’hui plus un secret pour personne que Louis Camara est un chantre de la culture yorouba, ce qui lui a valu le surnom de « Conteur d’Ifa » dont il est par ailleurs très fier. « Mes livres sont une porte d’entrée pour accéder à la culture yorouba, une grande culture africaine. En les écrivant je pense avoir contribué d’une certaine manière au panafricanisme culturel et littéraire. » assène t-il avec conviction. 
Ainsi l’écrivain est très heureux de voir ses œuvres lues et étudiées par les jeunes élèves Sénégalais qui de la sorte enrichissent leur imaginaire avec des éléments authentiques de la culture africaine. 
 Voilà qui n’aurait pas déplu à Cheikh Anta Diop et à Léopold Sédar Senghor deux personnalités intellectuelles pour lesquelles l’écrivain a une grande admiration. Mais la palette littéraire de cet écrivain protéiforme ne se limite pas au seul monde yorouba. En effet, ce fier Saint-Louisien, très attaché à  sa ville natale, qui lui colle à la peau, est aussi l’auteur d’ouvrages à caractère plus « réaliste », ouvrages du terroir pourrait on dire, comme « Il pleut sur Saint-Louis » ou encore « Au dessus des dunes » ou « La fille de Mame Coumba Bang » qui décrivent l’environnement sociopolitique Sénégalais et plus spécifiquement Saint-Louisien.Quittant les hauteurs de l’olympe yorouba, l’écrivain jette un regard sans complaisance sur sa propre société, un regard souvent caustique dans un style humoristique voire satirique dont il fait usage avec une grande aisance. Écoutons ce qu’il nous dit à ce sujet : « L’écrivain n’est pas un être désincarné, inodore, incolore et sans saveur. Il est un membre à part entière de sa société et en tant que tel il a des responsabilités par rapport à cette dernière.  Il  lui est loisible partager ses opinions à travers ses œuvres ce qui ne fait bien sûr pas forcément de lui le militant d’une cause, d’une idéologie ou d’un parti politique. Il ne sert à rien de vouloir se réfugier dans une tour d’ivoire, même si c’est son droit le plus absolu. Néanmoins je pense qu’en définitive la seule cause qui vaille pour l’écrivain, c’est celle de la littérature. »Écrivain inspiré, curieux de tout, Louis Camara est, dans la vie de tous les jours, un homme d’une extrême simplicité, plein d’humour et très apprécié de ses concitoyens qui l’appellent affectueusement  « Monsieur l’écrivain ». 
C’est aussi un homme de foi, attaché aux valeurs d’humanisme, à la justice sociale, au respect d’autrui, à la paix et à la liberté sous toutes ses formes. Mais qui pourrait deviner que derrière le sourire engageant de cet homme aimable se cache aussi une profonde amertume, une déception incommensurable par rapport à la société dans laquelle il vit ? 
A moi; Kharachi, qui suis son ami de longue date, je dirais même son frère, Louis   a confié ses griefs et sa frustration face  à l’injustice dont il estime être l’objet. De sa propre bouche j’ai appris que la littérature dans laquelle il s’est tant investi ne lui a jamais rien rapporté en termes d’avantages financiers et matériels, même si elle l’a fortifié sur le plan intellectuel et spirituel. 
Selon lui les maisons d’édition ne s’acquittent pas ou trop peu du règlement des droits d’auteur et ne respectent pas les termes des contrats qui les lient aux auteurs dont elles ne font pas la promotion ni n’assurent correctement la diffusion de leurs œuvres. « Mon cher Mbagnick, dans ce pays il y a surtout des écrivains qui écrivent en vain » m’a-t-il dit un jour sur un ton d’humour désabusé.  Louis m’a également fait part de ses difficultés matérielles du moment ainsi que de l’état de précarité dans lequel il se trouve après que sa maison se soit effondrée il y a de cela quelques années.  Le coût des travaux de restauration étant trop élevés pour lui, il s’est donc vu obligé de vivre en location avant de se faire héberger chez son beau-père où il se trouve présentement. Tout cela n’est pas de nature à lui faciliter la tâche et pèse négativement sur son travail de création littéraire. 
« Je ne peux même pas me payer un bon ordinateur et je suis obligé de travailler dans les cybercafés » me dit-il encore d’un ton de tristesse. Il se plaint de l’indifférence à laquelle se sont habitués les artistes, écrivains et autres poètes ainsi que la majorité des intellectuels qui ne font que « se gargariser de bons mots et faire des promesses qu’ils ne tiennent jamais. »Ne parlons pas de la jalousie, de la méchanceté, de l’hypocrisie, de l’opportunisme et même du clientélisme politique qui règnent dans ces milieux pseudo-littéraires. Pour illustrer ses propos, Louis me raconte qu’il y a deux ans de cela, à l’occasion de la journée mondiale du théâtre au théâtre national Daniel Sorano, son œuvre « Le choix de l’Ori » avait été mise en scène et jouée par de jeunes et talentueux  comédiens en présence du ministre de la culture Mbagnick Ndiaye. Mais lorsqu’il s’est agi de parler de droits d’auteur avec la direction du théâtre, on lui a fait comprendre qu’il n’en était pas question et pire, la pièce qui avait pourtant fait un tabac, avait purement et simplement été éliminée du répertoire des œuvres du théâtre Sorano, au grand dam des jeunes comédiens qui l’avaient interprétée. « Tout cela est bien dommage. Les arts, la littérature, le théâtre sont entre les mains de lobbies qui ont malheureusement l’oreille du ministère de la culture » conclut Louis Camara qui reste pourtant convaincu que tout cela va changer avec la nouvelle génération d’écrivains et de poètes pétris de talent qui pointe à l’horizon. Mais « Le conteur d’Ifa » n’entend pas baisser les bras et malgré les immenses difficultés auxquelles il est confronté, il compte parachever son œuvre littéraire et se consacrer, avec encore plus d’engagement, à la littérature qui est sa raison de vivre « pour que rayonnent la beauté et la vérité » pour repr endre ses propres termes. No comment !

                                                       Mbagnick Kharachi Diagne/Chroniques.sn         

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Ziguinchor : 200 enfants circoncis gratuitement par la Fondation du basketteur Gorgui Dieng

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C’est une activité qui a duré deux jours au niveau de l’école primaire de Boucotte Est. Au total, deux cent enfants ont subi la circoncision gratuitement. Une épreuve à l’actif de l’Association Ndimbël Jaboot Aide Familiale financée par Gorgui Sy Dieng Fondation. Ces deux cents enfants ont reçu chacun un kit sanitaire pour le suivi.

Djiby Ndiaye, président coordonnateur régional programme de cette 8ème édition  » Nëegu Goor, circoncision gratuite « , d’expliquer qu’ils vont assurer eux même le suivi. Selon lui, ces kits composés du matériel nécessaire pour suivre les enfants circoncis ont été remis pour éviter de regrouper ces enfants en cette période où la pandémie de Covid-19 fait sa progression.  » Nous avons décidé de prendre individuellement ces enfants à domicile, pour voir leur état de santé, l’état de la cicatrisation de leur pénis », déclare Djiby Ndiaye. Ce dernier annonce en outre qu’ils prévoient la circoncision de 1200 enfants dans tout le pays

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ISI de Diourbel: les étudiants initiés aux techniques de recherche d’emplois pendant trois jours par l’ANPEJ

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Les étudiants de l »institut Supérieur Informatique (ISI) de Diourbel ont démarré ce mercredi une formation de trois jours à l’initiation aux techniques de recherches de l’emploi avec comme thème employabilité et insertion. Formation assurée par l’antenne régionale de l’ANPEJ de Diourbel.


En partenariat avec l’ANPEJ, l’Institut Supérieur Informatique de Diourbel soucieux de l’avenir de ses étudiants a pris les devants en initiant cet atelier qui a pour but de les préparer pour affronter le marché de l’emploi qui devient de plus en plus difficile.
Selon Abdoulaye Kane chef de l’antenne régionale de l’Agence Nationale pour la Promotion de l’Emploi des Jeunes (ANPEJ), chaque année, plus de 250.000  jeunes sortent  des écoles de formation avec des diplômes. Ils descendent sur le marché à la porte des entreprises, à la recherche d’un emploi.


 » Seuls 40.000 postes sont disponibles selon l’ANDS et le gap est énorme. Pour être employables, il faudrait renforcer ces jeunes, dans un monde en perpétuelle compétition, il faut qu’ils soient bons, d’un bon profil et pour y arriver il faut qu’ils soient préparés pour répondre à l’exigence de ces entreprises.C’est pour cette raison que nous sommes là dans le cadre de préparer ces jeunes, après le diplôme, à l’insertion » dira – t – il.


Il y a beaucoup de jeunes qui sortent de l’université, des écoles de formation, mais qui ne maîtrisent pas les techniques de recherche d’emploi. » C’est pourquoi il faut réadapter ces techniques au monde de l’emploi qui est en perpétuelle mutation » souligne Abdoulaye Kane.


Le personnel comme les étudiants de l »ISI de Diourbel ont accueilli avec beaucoup d’enthousiasme et d’intérêt ce partenariat avec l’ANPEJ.Modou Ndiaye responsable de l’Institut dira que ce partenariat répond à une préoccupation du Directeur Général de l’ISI qui a exigé à ce qu’on insére dans chaque campus des cellules de rentabilité professionnelle pour les jeunes étudiants.


 » Raison pour laquelle on a noué un partenariat avec l’ANPEJ qui nous a facilité la tâche pour qu’on puisse organiser ces trois jours d’échange et de partage entre nos étudiants et l’ANPEJ. Cette capacitation leur permettra à la sortie de trouver un emploi, avec un bon comportement, et d’avoir une bonne présentation.

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Manque d’eau à Ndoulo: les populations dans la rue, 21 personnes arrêtées.

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Les populations de Ndoulo, dans le département de Diourbel, restées pendant 21 jours sans la moindre goutte d’eau sont sorties manifester leur ras- le bol en initiant une marche qui a été réprimandée par les éléments de la gendarmerie en renfort à la brigade de Ndoulo. Vingt et une personnes ont été arrêtées, onze parmi elles présentées au procureur.


La commune de Ndoulo dans le département de Diourbel vit une tension sans commune mesure. Les populations qui sont restées pendant vingt et un jours durant sans la moindre goutte d’eau dans les robinets , sont sorties bruyamment depuis hier pour réclamer le retour du liquide précieux mais surtout pour demander le départ de l’Aquatec qui est la source de tous leurs maux.


Seaux et bidons en bandoulière, hommes et femmes font des kilomètres sous un soleil de plomb à la recherche de l’eau.


Le mouvement Ndoulo ca Kanam, qui porte le combat par la voix El Bachir Diaw , chargé de communication fustige l’attitude des forces de l’ordre qui sont entrain de traquer et d’arrêter des citoyens qui n’ont eu comme seul tort que de manifester paisiblement et de réclamer un droit élémentaire: l’accès à l’eau potable.
 » Nous lançons un appel aux autorités plus précisément au président de la République, Monsieur Macky Sall pour qu’il règle au plus vite cette situation. Nous ne voulons plus de Aquatec qui est la source de toutes nos difficultés. Qu’on nous laisse gérer nous mêmes notre forage. 


Nous demandons aussi à ce que ces arrestations arbitraires des populations s’arrêtent. Nous réclamons la libération sans condition de onze parmi nous qui ont été arrêtés par la gendarmerie et qui ont été présentés au procureur. On nous informe que la gendarmerie continue de traquer les gens dans les rues et jusque dans les maisons. Il y a eu encore dix autres arrestations » confie El Bachir Diaw

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