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Présidentielle au Mali: IBK-Soumaïla Cissé, le match-retour

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En 2013, les deux hommes politiques s’affrontaient déjà au second tour de l’élection présidentielle. Si Ibrahim Boubacar Keita l’avait emporté haut la main il y a cinq ans, durant son mandat, son adversaire Soumaïla Cissé ne s’est jamais éloigné des arcanes du pouvoir.

De notre correspondante à Bamako,

Dans les quartiers généraux des troisième et quatrième hommes de l’élection, le discours officiel est direct : pour le second tour de l’élection présidentielle malienne « c’est ni l’un ni l’autre ». Ni Aliou Diallo, l’homme d’affaires, ni Cheikh Modibo Diarra, l’astrophysicien de la Nasa, n’ont donné de consignes de vote. « Remplacer Ibrahim Boubacar Keita par Soumaïla Cissé n’est pas l’alternance. C’est ni plus ni moins qu’un jeu de chaise musicale », déclarait Cheikh Modibo Diarra devant ses partisans au lendemain de l’annonce des résultats définitifs du premier tour par la Cour constitutionnelle.

Les deux finalistes 2018 sont des figures de la vie politique malienne. Depuis les années 1990, leurs parcours s’entrecroisent. Ministres dans le même gouvernement, ils militent ensemble dans le parti historique du Mali : l’Adema. En 2002, ils s’affrontent pour prendre sa direction. Ce premier duel, IBK le perd, avant de prendre sa revanche en 2013 lorsqu’il devient président de la République avec 77 % des voix, quand Soumaïla Cissé en obtient 22 %. Cinq ans plus tard, le devant de la scène est toujours occupé par les mêmes hommes.

L’institutionnalisation du chef de file de l’opposition

Au début de l’année 2015, l’Assemblée nationale, où la mouvance présidentielle est majoritaire, adopte un projet de loi sur le statut du chef de file de l’opposition. Le parti Union pour la République et la démocratie (URD), qui au sein de l’opposition a le plus grand nombre de députés au Parlement, désigne Soumaïla Cissé. Dorénavant, il dispose d’un cabinet. Sa prise en charge est inscrite au budget national, à hauteur de 500 millions de francs cfa par an. Dans les textes, le président de la République peut consulter ce porte-parole qui jouit désormais d’une place dans le protocole d’Etat.

A ce titre, Soumaïla Cissé est invité au printemps 2015 pour l’un des temps forts du mandat IBK : les accords de paix d’Alger. Après trois années de conflit entre les autorités de Bamako et des groupes armés rebelles du nord et après une année de négociations périlleuses, la signature intervient. Le président est sur l’estrade aux côtés de nombreux chefs d’État africains et de leaders de la communauté internationale. « C’est une grande réussite du mandat. Désormais, il y a la paix entre frères maliens, ce qui n’était pas le cas en 2013 à l’arrivée du chef de l’État au pouvoir », déclare Mahamadou Camara, le directeur de la communication de la campagne d’IBK.

« A l’époque, nous avions émis des réserves sur cet accord mais nous pensions qu’avec une bonne gestion, les faiblesses pouvaient s’améliorer. Nous n’avons pas fait campagne ou gêner le gouvernement dans sa mise en oeuvre », se souvient le deuxième vice-président de l’URD, Ibrahima N’Diaye. Même si Soumaïla Cissé a effectivement toujours dénoncé sa lente et difficile application, il déclarait lors la cérémonie de signature à l’Office de radio et télévision malienne que « ce n’est pas le jour de la critique. C’est un jour où en tant que républicain, il faut juste être présent et témoigner. Demain, nous discuterons dans le détail de ce qui ne va pas ». En politique, « Soumaïla a toujours été l’homme qui ne fait pas de vague », analyse Issa N’Diaye, professeur à l’université de Bamako.

Bataille constitutionnelle

Mais deux ans plus tard, l’opposant est en première ligne. Si la réforme de la Constitution devait permettre de relancer ces accords d’Alger, selon les autorités, ce projet ne consolidait en rien la paix dans le nord mais risquait plutôt de faire d’IBK un super président aux pouvoirs accrus, assurait le camp de Soumaïla Cissé. « Nous avons réussi à convaincre tout le monde, à maintenir une opposition soudée et à faire plier le gouvernement », poursuit le cadre de l’URD, Ibrahima N’Diaye.

Mais pour d’autres observateurs, c’est plutôt l’opposition qui « raccroche les wagons » d’un mouvement populaire, issu de la société civile « Touche pas à ma Constitution » ou « Anté a bana », en bambara la langue nationale, un mouvement de jeunes, critique de la gestion d’IBK. Soumaïla Cissé a alors « sauté sur la campagne référendaire et a davantage surfé sur la vague », analyse Issa N’Diaye. Quoi qu’il en soit, après une série de manifestations, le gouvernement suspend l’organisation de sa réforme à l’été 2017.

A l’époque, chaque camp avait en ligne de mire l’ultime bataille, celle de l’élection présidentielle de 2018. Si l’opposition s’est « sentie pousser des ailes » grâce à la mobilisation, affirme un proche de Soumaïla Cissé, « elle était plutôt un prétexte car nous n’avons jamais entendu leurs contre-propositions pendant cinq ans », rétorque le camp présidentiel. « Aujourd’hui encore, l’opposition tente de mobiliser à tout prix pour barrer la route à un second mandat d’IBK. Soumaïla Cissé joue sa dernière carte politique. Il y a des jeunes loups qui veulent la place », poursuit le professeur malien. Pour IBK aussi, le contexte a changé. Si en 2013, il jouissait de l’image relative de « l’homme de la situation », selon Issa N’Diaye, il doit aujourd’hui, à 73 ans, défendre son bilan.

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Invasion russe : le chef de la diplomatie ukrainienne à Dakar en octobre

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Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, est attendu à Dakar les 3 et 4 octobre prochain. D’après Le Quotidien, qui donne l’information, il sera reçu par son homologue sénégalaise, Aïssata Tall Sall, et le Président Macky Sall.

Le journal souligne qu’à travers ce déplacement au Sénégal, qui assure la présidence de l’Union africaine, Kiev cherche à élargir son cercle d’amis dans ce contexte d’invasion russe et, surtout, à établir des rapports solides avec les pays du continent.

«Je suis convaincu que le Président Macky Sall peut jouer un rôle important en tant que président en exercice de l’Union africaine», avait déclaré Dmytro Kuleba, en juin dernier, dans un entretien avec le journal Le Quotidien.

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Iran: au moins 76 personnes tuées dans la répression des manifestations selon une ONG

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Au moins 76 personnes ont été tuées en Iran dans la répression des manifestations déclenchées il y a dix jours par la mort d’une jeune femme détenue par la police des mœurs, a indiqué lundi une ONG. 

Selon l’ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, « au moins 76 personnes ont été tuées dans les manifestations » dont « six femmes et quatre enfants », dans 14 provinces du pays. L’IHR a affirmé avoir obtenu des « vidéos et des certificats de décès confirmant des tirs à balles réelles sur des manifestants ».

Les protestations ont éclaté le 16 septembre après le décès à l’hôpital de Mahsa Amini, une jeune Iranienne de 22 ans, arrêtée trois jours auparavant à Téhéran pour non-respect du code vestimentaire strict pour les femmes en République islamique d’Iran. Depuis, les Iraniens descendent chaque soir dans la rue à Téhéran et ailleurs dans le pays. Les autorités iraniennes ont elles jusque-là donné un bilan de 41 morts incluant manifestants et forces de l’ordre. Elles ont aussi annoncé l’arrestation de plus de 1 200 manifestants. 

Tirs à balles réelles

Ce lundi soir, les protestations ont repris avec les mêmes slogans de « Mort au dictateur » dans la capitale et dans d’autres villes, selon des témoins. À Tabriz dans le nord-ouest, une vidéo diffusée par l’IHR a montré des policiers tirant du gaz lacrymogène contre les manifestants. Le bruit des tirs de balles y est en outre entendu.

Selon de récentes vidéos publiées par l’AFP, la police anti-émeute a, lors des protestations, frappé des manifestants à coups de matraque et des étudiants ont déchiré de grandes photos du guide suprême Ali Khamenei et de son prédécesseur, l’imam Khomeiny. Et d’après des groupes de défense des droits humains, elle a aussi tiré des plombs et à balles réelles sur les protestataires qui ont lancé des pierres, incendié des voitures de police et mis le feu à des bâtiments publics. D’autres images ont montré des femmes enlevant et incendiant leurs voiles ou se coupant symboliquement les cheveux, encouragées par la foule, dans plusieurs villes.

Outre les plus de 1 200 arrestations par les autorités, le Comité pour la protection des journalistes a fait état lundi de l’arrestation de 20 journalistes iraniens depuis le 16 septembre.

L’UE dénonce l’usage « généralisé et disproportionné de la force »

Face à la répression, l’Union européenne a dénoncé l’usage « généralisé et disproportionné de la force ». Condamnant la « répression brutale » de la contestation par Téhéran, la France a indiqué lundi soir qu’elle examinait avec ses partenaires européens « les options disponibles en réaction à ces nouvelles atteintes massives aux droits des femmes et aux droits de l’homme en Iran ».

Le président américain Joe Biden a, lui aussi, dénoncé la répression des manifestations, se disant solidaire des « femmes courageuses d’Iran ». Le Canada a décidé d’imposer des sanctions contre une dizaine de responsables iraniens et d’entités dont la police des mœurs. Et Berlin a appelé l’Iran à « ne pas recourir à la violence » contre les manifestants.

Mais les autorités iraniennes restent fermes. Samedi, le président conservateur Ebrahim Raïssi a appelé les forces de l’ordre à agir contre les manifestants, qualifiés « d’émeutiers ». Après lui, le chef du pouvoir judiciaire, Gholamhossein Mohseni Ejei, a exclu toute « indulgence » envers les instigateurs des « émeutes ».

RFI

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RDC: Kinshasa confrontée à la résurgence d’attaques des «kulunas»

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La terreur règne dans plusieurs communes de Kinshasa à la suite de la résurgence des attaques des « kulunas », criminels qui amputent des membres, tuent, rackettent et volent des biens, le jour comme la nuit. Les autorités assurent que la situation est sous contrôle, mais la flambée des cas inquiète la société civile. Les députés dénoncent un vide sécuritaire dans la capitale.

Le cas le plus récent des attaques des « kulunas » est celui d’un policier tué durant le week-end du 24-25 septembre à coups de machettes dans la commune de Kimbanseke, la plus peuplée des 24 communes de la capitale Kinshasa. Le député provincial Erick Bukula est excédé :

« La police n’arrive plus à contenir le phénomène. Il y a des  » kulunas  » qui abattent, tranchent la main ou la tête de telle ou telle personne, qui blessent même des policiers. Ils sont devenus comme des milices pour des règlements des comptes. »

La police fait, selon lui, face à plusieurs problèmes, dont des effectifs réduits, mais pas seulement : « Dans plusieurs communes, comme dans la commune de Limete par exemple, avec 14 quartiers, vous serez étonnés de savoir qu’il y a moins de quatre sous-commissariats. Dans ces commissariats, vous ne trouverez que trois ou quatre policiers, soit un seul qui a une arme à feu. Donc, il y a un problème d’effectifs, d’équipements et de recrutement des policiers. Le gouvernement national devrait financer la police de Kinshasa en ce qui concerne la sécurité. »

Le chef de la police de Kinshasa, Sylvano Kasongo, assure que la situation est sous contrôle grâce aux opérations de bouclage et des patrouilles de routine. Mais il attend une plus grande collaboration :

« Nous ne sommes pas débordés ni dépassés. Il y a des mesures que nous allons prendre pour endiguer le phénomène. La difficulté, c’est la collaboration de la population, parce que ces  » kulunas  » ne sont pas des extra-terrestres. Ils habitent dans des maisons, des parcelles, ils ont des parents et tout ça. J’appelle la population à collaborer toujours, pour charger les  » kulunas  » pour que ces gens puissent être condamnés par la justice. Nous avons installés des boîtes aux lettres anonymes dans chaque commune pour que les populations se sentent à l’aise de venir dénoncer. »

Des milliers de « kulunas » ont été mis aux arrêts depuis le début de l’année par la police. Certains ont été envoyés au service national pour leur rééducation, tandis que d’autres ont été déférés devant la justice.

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