Actualités

Pourquoi le monde a besoin de plus de récits de personne de descendance africaine? (Par Kofi Appenteng).

Publié il y'a

Date :

Lorsque j’avais quatre ans, l’un de mes passe-temps favoris du Samedi matin consistait à manger du kenkey dans la cuisine chaude et ensoleillée. Puis, au milieu des chaleurs estivales, je jouais au football avec mes frères, jusqu’à ce que ma mère nous appelle pour le souper, ragoût de poisson et sauce au piment accompagné d’une autre portion de kenkey. A cinq ans, je me suis retrouvé dans un endroit peu familier et froid du nom d’Angleterre, où les garçons de mon âge engloutissaient une montagne de porridge au petit-déjeuner.
J’ai eu la chance d’être né dans une famille qui valorisait l’éducation et disposait de ressources suffisantes pour avoir le choix. Mes parents décidèrent de m’envoyer dans des écoles privées au Royaume-Uni. J’y ai reçu une éducation académique si rigoureuse que j’étais capable de donner des cours particuliers de physique à ma future belle-soeur, étudiante à la faculté de Droit de l’Université de Columbia. Cependant, je ne me souviens d’aucune histoire incroyable de bourse d’étude, de fantaisie ou même de bravoure dont le protagoniste me ressemblait. Dans mon cœur, je savais que ce n’était pas vrai, car ma mère m’avait raconté les histoires de la légendaire Reine Yaa Asantawaa laquelle, tandis que la plupart des hommes été terrifiés, avait tenu bon aux envahisseurs britanniques dans les années 1800. La Reine Yaa Asantawaa était ma grande grand-tante.
Au moment de mon acceptation à l’Université de Wesleyan, mon désir de faire partie du paysage était si important que j’avais aménagé mon emploi du temps scolaire et athlétique afin d’avoir du temps pour lire les livres de mon choix. J’ai ainsi appris l’existence des Amazones Dahomey du Bénin, une armée de guerrières impitoyables lesquelles ont inspiré Wakanda’s Dora Milage dans Black Panther; et j’ai découvert la vie de Mansa Musa, peut-être l’homme le plus riche de tous les temps, lequel a provoqué une inflation mondiale durant son somptueux trek à travers le Sahara. C’était dans la ville de Middletown, dans le Connecticut, à l’Université de Wesleyan que j’ai également appris le rôle central que les personnes d’ascendance africaine avait joué dans le tissu économique et intellectuel des Etats-Unis, lequel a été brillamment illustré dans le numéro “1619 Project” du New York Times Magazine.
Lorsque je suis devenu Président de l’Africa-America Institute (AAI) en 2016, jai appris que les africains étaient venus étudier aux Etats-Unis dès 1890. Cela a incité les fondateurs de l’AAI, William Leo Hansberry et Horace Mann Bond, de créer en 1953, un organisme bénévole pour assister les nouveaux étudiants africains. Sous la tutelle de ces deux afro-américains, ont émergé les premiers leaders africains de la République du Ghana et du Nigeria, Kwame Nkrumah et Nnamdi Azikiwe.

Pendant 66 ans, l’héritage de l’Africa-America Institute a existé comme l’un des récits les plus fascinant et complexe de l’Afrique et de l’Amérique. L’organisme, qui au début du siècle avait éduqué plus de 16,000 étudiants africains, est responsable de la production de leaders, dont de nombreux chefs d’Etat, à travers l’Afrique et le monde. L’influence de l’AAI remonte même à un ancien Président des Etats-Unis, dont le père avait reçu une bourse de l’AAI pour poursuivre ses études universitaires, Barack H. Obama, Sr.
En tant que Président d’un organisme qui demeure convaincu du potentiel de la jeunesse de descendance africaine, j’ai finis par réaliser que ce potentiel ne s’accomplira pas seulement grâce au développement des compétences. Leur ascendance nécessite le pouvoir de la narration. Dans un monde où les contributions historiques des personnes d’ascendance africaine ont systématiquement été exclues, être une personne d’ascendance africaine est difficile: mais l’AAI voit ca comme une opportunité. Le pilier de l’AAI, Africa Illuminated (Afrique Illuminée), a précisément pour but d’intégrer les récits de personnes d’ascendance africaine au coeur des programmes scolaires.
Nous vivons à une époque où les mouvements pour l’inclusion prennent forme et ont sensibilisé davantage à la fois l’identité individuelle et notre humanité commune. Afin que nos efforts portent leurs fruits, nous devons être également intentionnel et non pas seulement inclure les voix des personnes d’ascendance africaine autour de la table, mais aussi inclure leurs récits historiques. Le monde ne peut que bénéficier de ces histoires riches, qui ont façonné le monde moderne.
A l’AAI, nous sommes convaincus que tous les établissements scolaires qui aspirent à préparer les jeunes à devenir des citoyens du monde échoueront s’ils n’incorporent pas les récits des personnes d’ascendance africaine dans les discours dominants, lesquels, ultimement, façonnent nos perceptions. Nous avons besoin d’un programme historiquement authentique. La prochaine génération de jeunes du monde doivent comprendre que les femmes et les hommes d’ascendance africaine ont également contribué à l’innovation et au progrès. Le changement des démographiques mondiales font des personnes d’ascendance africaine une majorité croissante de talent, la prospérité de notre planète pourrait bien dépendre de la réussite de nos efforts.
Kofi Appenteng. Organisation: Institut d’Afrique-America (Africa-America Institute)

Cliquez ici pour commenter

Articles tendances

Quitter la version mobile