Accusé de non respect aux institutions et de boycott aux réunions sans justification légale, l’émir de Kano, Muhammadu Sasuni a été destitué, hier lundi, par les autorités locales de cet état du nord du nord. Une décision rare qui marque le dernier épisode d’une guerre ouverte entre le gouvernement de Kano et l’émir, l’une des plus grandes figures du pouvoir traditionnel au Nigeria.
Le bras de fer a finalement été remporté par le gouverneur de Kano, Abdullahi Ganduje. Lundi, le conseil exécutif de cet Etat a donné son accord à l’unanimité pour détrôner Muhammadu Sanusi II. Décision ultime alors que déjà, en mai dernier, les autorités avaient divisé l’émirat en quatre territoires pour réduire l’influence de l’émir, lui-même régulièrement convoqué par l’Agence anti-corruption pour répondre à des accusations de détournements de fonds ou d’appropriation de terres.
Le gouvernement de l’Etat de Kano accuse Muhammadu Sanusi II de détruire l’image de l’émirat. Il assure que cette décision a été prise pour « défendre le prestige, la religion, la culture et la tradition » car il faut dire que l’émir fait parti de la nouvelle génération de chefs traditionnels qui n’hésitent pas à donner leur avis sur la chose publique. Il avait d’ailleurs mécontenté de nombreux religieux en dénonçant certaines pratiques traditionnelles, par exemple la polygamie, dans cette région très conservatrice.
Aussitôt décidé, aussitôt appliqué. Des membres des forces de sécurité et sont allés chercher Muhammadu Sanusi II dans son palais… avant de le conduire dans l’Etat voisin de Nassawara où l’émir déchu restera en exil.