Les populations de Guet-Ndar, Santhiaba, Gokhou-Mbathie, de l’Hydrobase et plusieurs autres professionnels de la pêche domiciliés dans la Langue de Barbarie et dans le Gandiolais, se sont retrouvés, depuis ce matin, sur le pont Moustapha Malick Gaye, pour manifester bruyamment leur colère. Ceci, après avoir constaté qu’ils n’ont pas la possibilité d’aller opérer dans la zone maritime mauritanienne.
Depuis plus de 5 mois, ont-ils précisé, ils ont payé tous les droits de licence pour une année, « mais jusqu’à présent, nous n’avons reçu aucune licence et les autorités sénégalaises ne nous ont donné aucune explication, d’autres collègues pêcheurs ont été obligés également d’arrêter de pêcher, car on leur a fait savoir que la date de validité de leurs licences, alors qu’ils ont travaillé, tout simplement, durant deux mois ».
Par la voix de Mama Fall, ils ont laissé entendre que trois pirogues et autres petites embarcations ont été arraisonnées par les garde-côtes mauritaniens sans aucune raison valable. Ces derniers ont dépouillé les membres de ces équipages sénégalais, avant d’emporter leurstéléphones portables, les bâches de protection et autres biens appartenant à ces jeunes pêcheurs de la Langue de Barbarie.
Par la même occasion, ces jeunes manifestants ont remis sur le tapis l’épineux problème de la brèche, qui n’est pas encore draguée et balisée.
Autant de raisons pour lesquelles, ils ont arboré des brassards rouges, dès les premières heures de la matinée, pour bloquer la circulation sur le pont de Guet-Ndar, qui débouche sur le monument aux morts, à l’aide de barricades faites de vieilles embarcations, de pneus incendiés, de branches d’arbres, et paralysant tout le trafic routier entre l’Ile (le Nord et le Sud) et la Langue de Barbarie. Un blocage que les autorités administratives ont voulu lever avec l’intervention des forces de l’ordre.
Ainsi, les policiers ont dû utiliser des grenades lacrymogènes pour disperser cette foule en délire et interpeller les plus récalcitrants, les plus hargneux et belliqueux.
De nombreux blessés (on parle d’une vingtaine), enregistrés dans les deux camps, ont été évacués à l’hôpital régional de Saint-Louis. Survoltés, trempés de sueur, ces jeunes manifestants ont eu le temps de brûler un véhicule 4×4 L 200/Double cabine qui était stationné dans le parking de la Senelec.
N’ayant pas la possibilité d’attaquer les sièges de la Sonatel et de la Senelec, ils se sont rabattus sur un kiosque d’orange money pour le saccager. Ils étaient bien organisés et ont pu mettre en œuvre un stratagème qui leur a permis de se diviser en plusieurs groupes pour opérer en même temps et dans des endroits différents.
Les policiers étaient confrontés à d’énormes difficultés pour les canaliser. Vers 16 heures, on a noté une accalmie. Cependant, les manifestants et les forces de l’ordre, campés sur leurs positions, se regardaient en chiens de faïence jusqu’à la fin de l’après-midi.
Mbagnick Kharachi Diagne / CHRONIQUES.SN