La décision longtemps mûrie, qui consistait à exclure la langue française du Parlement a finalement été adoptée. Sa concrétisation a été mise en application durant les dernières séances de la première session ordinaire qui a pris fin ce vendredi soir.
N’avait-il pas raison, le sage Cheikh Anta Diop, quand-il disait qu’un pays
ne pouvait pas se développer avec une langue étrangère? La Mauritanie a pris en considération ces propos en adoptant désormais la décision interdisant la langue française dans le Parlement. Une décision qui, ne faisant pas l’unanimité, oblige les députés à s’exprimer arabe, leur langue officielle, ou dans les langues nationales. Chez les députés négro-Africain qui ne parlent pas l’arabe, la décision est une pilule amère à avaler, même si le Président de l’Assemblée Nationale a soutenu avoir mis en place un système de traduction simultanée.
Le français, langue de travail selon la Constitution mauritanienne, n’a jamais été interdit dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. C’est une première qu’instaure le Président actuel. Cheikh Ould Baya s’est voulu précis en s’adressant aux députés. « Si vous parlez aux Mauritaniens, vous avez quatre langues d’expression qui sont prévues dans l’Assemblée. Un discours en français n’a plus de sens dans l’Assemblée ici. » Les 4 langues citées sont: l’arabe, le pular, le soninké et le wolof.
Ladji Traoré, un parlementaire de l’Alliance populaire progressiste, désapprouve l’absence du français. « La langue de travail, que ce soit dans le domaine privé ou public en Mauritanie, reste le français. C’est la langue de communication avec les pays périphériques, avec le monde extérieur. Par conséquent, on ne peut pas dire aux députés : « exprimez-vous dans votre wolof, pular ou soninké ». En réalité, c’est pour faire en sorte que nous ne soyons compris que par nos communautés. C’est du communautarisme, pas de la politique. »
Entre 1992 et 2005, le Sénat était présidé par un négro-mauritanien, Dieng Boubou Farba. Ne parlant pas arabe, il faisait ses discours en français et cela n’a jamais posé problème, rappelle un ancien sénateur.
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