Samedi, à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, le Premier ministre par intérim du Mali, le colonel Abdoulaye Maïga, s’en est violemment pris au gouvernement français ainsi qu’à ses homologues africains. L’opposition malienne réplique et s’indigne à la suite de ces propos.
Le gouvernement français a été comparé à une junte par le Premier ministre malien Abdoulaye Maïga. De leur côté, le président nigérien Mohamed Bazoum et le chef d’État ivoirien Alassane Ouattara ont été accusés par le Premier ministre malien d’avoir mené une « manœuvre politique » pour conserver le pouvoir. Et le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres n’a pas non plus échappé à la critique des autorités maliennes.
Ces propos suscitent l’indignation des opposants maliens, à l’image de Babarou Bocoum, secrétaire politique du bureau politique national du parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (Sadi). Il pointe non seulement les incohérences du discours du Premier ministre malien, mais aussi son manque d’élégance : « Il [le colonel Abdoulaye Maïga ndlr] attaque ceux qui ont été plébiscités par leur peuple, à tort ou à raison. Il n’appartient pas au Mali ni à un dirigeant malien de dénoncer ou de remettre en cause la légitimité d’un autre chef d’État africain qui est passé par les urnes. Et cela ne peut pas être concevable lorsque ceux qui tiennent ce langage se sont imposés par des armes. Ça manquait de classe, parce que la tribune des Nations unies est une tribune qui a vu passer des éminentes personnalités qui ont réussi à faire passer leur message avec beaucoup de classe et en respectant également leurs confrères. »
Pour Babarou Bocoum, les propos tenus par Abdoulaye Maïga ne sont pas dans l’intérêt du Mali : « Tenir des propos au mépris de tous les corps diplomatiques en s’en prenant à n’importe qui et à tous les étages, ce n’est pas une politique qui honore notre pays, ce n’est pas dans l’intérêt du Mali. Et tenir de tels propos belliqueux, pendant que le pays est en train de crouler, pendant qu’on est dans l’incapacité de protéger les Maliens, au lieu d’appeler les amis du Mali à accompagner le Mali avec un discours responsable. On s’en prend toujours à des gens à tort ou à raison sans que cela puisse apporter une solution aux problèmes que nous connaissons. »
« Ils ont violé la charte de la transition pour se maintenir au pouvoir »
De son côté, Ismaël Sacko, le président du Parti socialiste démocrate africain (PSDA) et membre du Cadre d’échanges des partis politique d’une transition réussie, pointe l’inconstance et l’immaturité de l’État malien : « Nous avons vu un Premier ministre et un gouvernement ingrat, arrogant, imbus qui a préféré brandir les muscles et les menaces comme un coup d’épée dans le lot, sans effet. Ils reprochent à la Côte d’Ivoire, ce qu’ils ont reproché au président Alassane [Ouattara], de faire du forcing, de non-respect de la Constitution, d’un troisième mandant et tout ce qui s’en suit. Mais ils ont oublié qu’eux-mêmes, ils ont violé la charte de la transition pour se maintenir au pouvoir. »
Il tacle aussi le discours du Premier ministre malien concernant les allégations envers la France. Pour lui, il faut maintenant des preuves : « Cela fait presque un mois que partout, sur tous les toits, ils ont crié qu’ils ont des preuves concrètes contre la France. Ils ont eu l’opportunité de s’exprimer devant les Nations unies pour faire un show. Pourquoi n’ont-ils pas présenté une seule preuve convaincante ? Ils ont préféré faire des allégations et terminer par des menaces contre le président [Umaro Sissoco] Embaló, président de la Cédéao, qui a été le premier chef d’État à les soutenir. […] C’est un pleurnichard qui a tout simplement haussé le ton ».