L’été 2019 a été profondément marqué par la politique anti-migrants de Matteo Salvini, leader de la Ligue souverainiste et ancien ministre de l’Intérieur, qui avait fermé tous les ports italiens aux ONG secourant les naufragés en mer. Depuis septembre, c’est un gouvernement de coalition entre le Parti démocrate et le Mouvement 5 étoiles que dirige Giuseppe Conte. Avec le retour des beaux jours, et en toile de fond le Covid-19, Rome cherche l’appui de l’Europe pour gérer la situation en cas de reprise massive des débarquements sur ses côtes.
La ministre italienne de l’Intérieur vient de transmettre une lettre à Bruxelles pour demander le soutien de l’Europe face aux flux migratoires provenant de Libye. C’est un signe d’inquiétude, et pas seulement de la part de l’Italie puisque la lettre, rédigée par la ministre Luciana Lamorgese, une technicienne très attentive aux processus d ’intégration, a été co-signée par l’Espagne, la Grèce, Malte et Chypre.
En substance, il est demandé à Bruxelles de garantir une politique migratoire et d’asile basée sur une redistribution équitable, automatique et obligatoire entre les États membres de l’Union européenne. Alors que jusqu’à présent, c’est plutôt au cas par cas que chaque pays est intervenu, à la suite d’ opération de sauvetage de migrants en Méditerranée. Par ailleurs les cinq pays demandent aussi le soutien de Bruxelles pour le rapatriement des immigrés en situation illégale.
Selon les services italiens de renseignement et de sécurité externe, cités par le quotidien Il Corriere Della Sera, environ 20 000 migrants exploités par des trafiquants en Libye seraient prêts à prendre le large pour se diriger vers les côtes du sud de la péninsule. Et on note, surtout depuis ces dernières semaines, une reprise des débarquements par petits groupes.
Entre le 1er janvier et le 7 juin, 5 472 personnes, pour la plupart originaires du Bangladesh, de Tunisie et de Côte d’Ivoire, ont débarqué, notamment à Lampedusa en Sicile. Contre 1 878 à la même période en 2019. Et puis, la phase la plus critique de la pandémie de coronavirus étant passée, des ONG relancent leurs activités dans les eaux internationales. Parmi elles, l’allemande Sea Watch, dont un des navires s’est dirigé vers le nord de la Libye.