La Dépakine, n’est pas le seul médicament antiépileptique qui présente un risque de malformations pour les enfants exposés dans le ventre leur mère. Dans un rapport publié ce jeudi, l’Agence du médicament dresse une échelle des risques pour 21 antiépileptiques.
Cette analyse confirme
que la Dépakine et ses dérivés sont les plus à risque. Mais ce risque de
malformations est « élevé » pour cinq médicaments, un risque
multiplié par trois par rapport à ce qui est observé dans la population non
traitée. « L’existence d’un risque avec ces antiépileptiques était
connue, mais pas quantifiée les uns par rapport aux autres », explique le
docteur Philippe Vella de l’ANSM.
Prescrit à
30.000 femmes en âge de procréer en 2015
« Avec le
valproate (Dépakine et dérivés) le risque est multiplié par cinq »,
rappelle-t-il. Il s’agit en particulier du topiramate (Epitomax et ses
génériques) qui entraîne un risque accru de malformations orales de type
bec-de-lièvre et d’une anomalie au niveau de la verge avec l’orifice de
l’urètre anormalement positionné (hypospadias).
Ce médicament prescrit
à des femmes en âge de procréer (30.000 environ en 2015) et aussi en dehors des
indications officielles (notamment à des fins amaigrissantes ou pour des
troubles bipolaires), présente de plus un risque potentiel de troubles
neuro-développementaux. Les quatre autres sont le phénobarbital, la primidone,
la carbamazépine et la phénytoïne.
Troubles du développement et malformations
Jusqu’à 30.000 enfants
pourraient avoir été atteints par des troubles du développement (autistiques,
retards mentaux, difficultés ou retards de langage…) après avoir été exposés au
valproate/Dépakine dans le ventre de leur mère ces cinquante dernières années,
selon la première estimation officielle délivrée par l’ANSM et
l’Assurance-maladie en juin 2018. Auxquels s’ajoutait une estimation de
2.000 à 4.000 victimes de malformations.
Par ailleurs, l’ANSM « appelle à la vigilance » sur l’utilisation de la prégabaline (Lyrica et génériques) étant donné le risque malformatif potentiel et sa prescription importante en France (150.000 femmes en âge de procréer). L’ANSM réunira un comité d’experts indépendants (CSST) le 14 Mai pour proposer des mesures complémentaires de réduction des risques liés à l’exposition » in utero » aux antiépileptiques. Les auditions seront retransmises en direct sur le Web.
En outre, l’agence sanitaire a mis en place, en lien avec l’Association des parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anticonvulsivant et le Réseau français des centres régionaux de pharmacovigilance, un formulaire complémentaire pour mieux signaler les cas d’expositions d’enfant à des antiépileptiques au cours de la grossesse(signalement-sante.gouv.fr). Elle conseille, entre autres, aux femmes de consulter sans délai leur médecin en cas de grossesse pour savoir s’il faut modifier le traitement et de ne pas arrêter le traitement sans consulter.
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