Membre du Comité
directeur du Pds, Lamine Bâ parle de son parti, de l’affaire des 94 milliards
pour se montrer critique envers le pouvoir de Macky Sall. Suffisant pour le
président de la Commission communication de la Fédération nationale des cadres
libéraux (Fncl) de monter au créneau pour afficher l’ambition de son parti de
revenir au pouvoir en passant par les locales d’abord. Il a parlé avec Le
Quotidien de l’arrestation de Guy Marius Sagna et Adama Gaye non sans manquer
d’évoquer le cas de Khalifa Sall dont les partisans s’accrochent à une
éventuelle grâce présidentielle pour sortir de prison.
Comment se porte le Pds ?
Le parti se porte bien, le parti vit à son
rythme, marche à son rythme. Je ne vous dirai que nous avons le meilleur modèle
de fonctionnement. Nous avons des problèmes. Mais ce sont des problèmes
comme tout parti politique sénégalais en a. Mais ces problèmes n’obèrent
en rien son fonctionnement. Parce que les structures fonctionnent,
que ce soit la Fncl, le Meel ou l’Ujtl, tous tiennent correctement et
normalement leurs réunions. S’il y a des désaccords dans le cadre du
fonctionnement du parti, je pense que les gens peuvent le dire. Mais il serait
mieux de venir le dire dans les instances du parti. Maintenant, animer la
presse sur des problèmes du parti ne me parait pas être la bonne méthode. J‘ai
dit qu’il faut qu’on change notre manière de fonctionner. Nous sommes un parti
qui avons exercé le pouvoir pendant presque 12 ans. Nous l’avons perdu. Après
avoir perdu le pouvoir, nous sommes restés 7 ans dans l’opposition. Mais ces 7
années ont été des années de combat acharné. Le parti n’a pas eu le temps de se
refermer sur lui-même et de repenser son modèle organisationnel. Donc, j’ai
pensé qu’il fallait chan ger son modèle organisationnel dans le cadre
d’une large concertation entre tous les acteurs concernés et autour du frère
Secrétaire général, qui détient tous les pouvoirs statuaires et réglementaires
que lui confèrent nos statuts et règlement intérieur
Votre sortie dans la presse alertant sur la léthargie de votre parti a-t-il porté ses fruits ?
Si c’est le cas, tant mieux. Les changements
sont en cours. Nous sommes en phase de transition. Et cette phase de
transition, nous la surmonterons. Et je pense que ça nous permettra d’aller
droit vers les objectifs.
Quels sont ces objectifs ?
Nous sommes un parti politique qui a vocation
d’exercer le pouvoir. Mais nous sommes en train d’observer également la
situation politique, tranquillement et sereinement, suivant nos objectifs et
aussi nos ambitions. Notre ambition est de revenir au pouvoir pour abréger la
souffrance des Sénégalais, remettre le Sénégal sur la voie du développement.
Remettre vraiment à leur place les principes démocratiques qui sont aujourd’hui
hypothéqués et dénoncés par tout le monde. Nous avons une ambition de
refaire un Sénégal de justice, un Sénégal de démocratie, un Sénégal
de développement, pas un Sénégal comme nous vivons aujourd’hui, avec
des difficultés de l’eau, de l’électricité, des transports, une flambée
des prix. D’un discours politique qui ne colle pas aux réalités, ni à la
vérité. Nous avons quand même un grand chantier de rénovation et de changements
du Sénégal.
Avant de penser revenir au Palais, vous devrez
faire face à vos adversaires aux Locales ?
Ces élections locales sont importantes. Parce
que nous parlons aujourd’hui de gouvernance locale. Qui est importante dans la
gouvernance au plan général. Nous avons l’ambition de reconquérir le pouvoir.
Quand nous disons le pouvoir, ce n’est pas forcément la présidence de la
République ou l’Assemblée nationale, c’est aussi les municipalités, pour qu’on
puisse exercer et changer la donne au niveau de la base. Le moment venu,
nous aurons des candidats. Nous n’avons jamais manqué de candidat. Il s’est
trouvé lors des dernières élections, Macky Sall et son régime ont remué terre
et ciel pour nous empêcher de nous présenter avec notre candidat Karim Wade.
Vous savez que notre candidat a été ciblé depuis 2012, trainé devant la
justice. Une justice décriée et dénoncée par tous. Les institutions
internationales, je veux dire l’Onu à travers son Groupe de travail et sa
Commission des droits de l’Homme, la Cedeao, toutes les autres juridictions du
monde qui ont été saisies de l’affaire Karim Wade, se sont
prononcées et lui ont donné gain de cause. Donc, ce n’est pas pour des
raisons juridiques légalement reconnues que Karim a été empêché, c’est
pour des raisons de politique politicienne de Macky Sall que Karim Wade
n’a pas pris part à la Présidentielle.
Abdoulaye Wade, votre Secrétaire général,
travaillerait-il à la mise en place d’une coalition avec les concertations
qu’il est en train de mener avec des responsables de l’opposition comme Ousmane
Sonko ?
Nous sommes conscients qu’aucun parti à lui seul
ne peut gagner les élections, par rapport à la configuration politique
nouvelle. Nous avons l’expérience des coalitions et des alliances par le passé.
Nous en avons tiré les leçons. Le parti est dans la réflexion de s’affirmer
pour ces prochaines élections, de s’affirmer tout en restant ouvert. Mais s’il
devra y avoir des alliances, elles porteront sur un programme de gouvernement
local. Elles porteront sur les leaderships du Parti démocratique sénégalais.
Mais comme on a eu à le faire, créer des plateformes ou des alliances c’est
bien. Mais mieux vaut aller plus loin que ça. Parce qu’on a vu des alliances
qui se sont créées par le passé, n’ont pas donné des résultats que les gens
attendaient. Nous sommes pour le changement. Nous sommes pour refaire les
choses autrement et mieux. Je pense que nous avons connu un revers avec ce
pouvoir, je ne pense pas que les Sénégalais attendront jusqu’en 2024 pour
imposer que les choses aillent dans le bon sens. Nous n’allons pas parler de la
Présidentielle parce que ce n’est pas arrivé. Nous avons des échéances
intermédiaires, les Locales, les élections législatives prochaines, certes nous
n’avons pas une visibilité
Qu’est-ce que voulez dire par là ?
Le pouvoir est en train de tout faire pour
reporter les élections locales. Parce que simplement, le pouvoir de Macky Sall
sait qu’il a perdu toute crédibilité suite à l’affaire Petrotim. Le pouvoir
sait que son impopularité, la déception que son action a créée auprès des
Sénégalais ne lui permettent pas d’aller aux élections locales. Parce que
perdre les élections locales en décembre prochain, c’est alourdir les
difficultés du règne de Macky Sall pour la période 2019 à 2024.
Mieux vaut qu’il cherche un dilatoire, passe par des subterfuges
politiciennes pour reporter les élections pour quelqu’un qui a clamé haut et
fort le respect du calendrier républicain et je rappelle que si les
élections doivent être reportées ça va être pour une seconde fois. Nous allons
vers un second report des élections locales. Le Pds s’y est prononcé par son
Secrétaire général national, Me Abdoulaye Wade, qui a sorti un communiqué. Et
la Fédération nationale des cadres s’est prononcée sur cette tentative de
report. Nous avons dit non ! Et Nous espérions que le pouvoir nous entendra.
Le meilleur moyen de se faire entendre n’est-il pas de répondre au Dialogue national auquel vous invite le Président Macky Sall ?
On ne participe pour l’instant à ce dialogue.
Non pas parce que nous ne voulons pas dialoguer. Nous ne sommes pas pour
le dialogue. Parce que nous considérons que les conditions pour un dialogue ne
sont pas réunies. Ce qui nous a aujourd’hui amené à imposer un dialogue, c’est
parce que les ressorts de notre démocratie ont été cassés. C’est parce que les
ressorts qui ont déterminé l’évolution politique du Sénégal ont été cassés et
gâchés par qui ? Par Macky Sall. Donc c’est à lui de remettre les préalables au
dialogue pour rassurer les Sénégalais et prouver sa bonne foi afin que les gens
puissent revenir parler des problèmes du pays. Il a refusé systématiquement le
choix d’une personnalité neutre pour organiser les élections, fait tout ce
qu’il a voulu faire sur le processus électoral, créé de nouvelles lois comme la
loi sur le parrainage, fait tout ce qu’il veut par la violence, par
l’unilatéralisme et revient deux ou trois mois après nous parler d’un dialogue.
Il y a un problème. Nous avons estimé que le Sénégal est un pays sérieux. La
réalité de la politique est une affaire sérieuse. Et Macky Sall a la lourde
responsabilité de rendre son sérieux au Sénégal et à la politique sénégalaise.
Nous avons dit ce que nous pensons être mieux pour le Sénégal. Maintenant, il
faut un pouvoir qui se doit d’avoir de l’écoute, qui se doit de respecter les
Sénégalais, qui n’a pas le droit de rabaisser ou de faire moins que les
prédécesseurs de Macky Sall. Raison pour laquelle nous considérons que
les positions seront rectifiées et que Macky Sall reviendra à la raison. Parce
qu’il y va de son avenir et de sa crédibilité.
Malgré les accusations d’Ousmane Sonko à l’encontre de Mamour Diallo sur les 94 milliards détournés, le rapport de la Commission d’enquête parlementaire a blanchi l’ancien Dg des impôts et domaines. Quel est votre avis sur la question ?
Ont-ils la prérogative de blanchir quelqu’un ou
de l’inculper ? Est-ce que c’est l’Assemblée nationale ? Ce n’est pas
l’Assemblée nationale. La Commission d’enquête a-t-elle le droit de publier ce
rapport ou une seule phrase du rapport ? Je ne crois pas. La Commission
d’enquête a été mandatée par l’institution parlementaire. Après son travail, la
commission devrait remettre ce travail à la plénière qui porte la
voix de l’assemblée nationale. Mais ce n’est pas le cas. Nous sommes dans des
postures politiciennes pour régler les problèmes du Sénégal. Je ne crois pas
que cette tendance politicienne soit la bonne solution. Il faut remettre les
choses à l’endroit, le pays a une législation qui nous permet de transcender
toutes sortes de crise. Il ne faudrait pas que les politiques politiciennes
viennent quand même diluer la quintessence du droit pour lire la politique à la
place du droit. Ça, c’est inadmissible et ce n’est pas acceptable
Comment jugez-vous les arrestations de Guy Marius Sagna et d’Adama Gaye ?
Le Pds, à travers un communiqué de la Fncl, a
dénoncé et condamné l’arrestation de Guy Marius Sagna que nous considérons
comme arbitraire. Pour Adama Gaye, nous pensons qu’il est temps pour notre
démocratie, de faire sauter l’article 80 qui est un article fourre-tout entre
les mains du pouvoir, entre les mains du président de la République pour sévir
contre toute velléité d’opposition ou de contestation. Il est temps qu’on le
fasse sauter de notre arsenal juridique. Il y va de l’image de notre démocratie
et des principes de liberté d’expression.
Jugez-vous normal qu’on fasse des posts pour insulter un Président de la République qui est quand même une institution ?
Pour éviter cela, Macky Sall doit aller jusqu’au
bout de sa logique. Quand il est parti signer les conclusions du Dialogue
national, les gens avaient prôné que le président de la République ne puisse
plus être chef de parti. Mais il continue à être en même temps chef de parti et
président de la République. Dans ce cas, Macky Sall devrait aujourd’hui quitter
la tête de l’Apr et accomplir pleinement sa mission de président de la
République. Dans ce cas, on pourrait envisager d’autres verrous pour aider
l’institution qui est le président de la République au lieu de supporter les
deux.
Espérez-vous que le Président de la République tienne promesse de gracier l’ancien maire Khalifa Sall après que toutes les voies de recours sont épuisées ?
On avait dit dès le début qu’il faut le libérer.
C’est Macky Sall qui l’a kidnappé. Qui doit trouver les moyens de libérer
Khalifa Sall. A lui de voir, comment il va le libérer. Ce qu’on dit c’est que
ça suffit. Khalifa Sall, sa place n’est pas en prison.
LE QUOTIDIEN.
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