Dans cette crise Iran/USA qui se dessine, des effets d’opinion internes se produiront normalement. Le cadrage de l’information et sa saillance joueront, dans le court-termes, dans les définitions des réalités politiques internes et, potentiellement, dans le dénouement des rendez-vous électoraux.
Les stratégies de communication politique sont fonction des positions de pouvoir. L’exercice du pouvoir offre un éventail de ressources symboliques qui permettent à l’exécutif, particulièrement au président, d’effectuer une gestion politique et/ou une gestion médiatique de l’information.
Cette position de pouvoir convoque des crédibilités sectorielles, au-delà du positionnement idéologique, où le Président est peu concurrencé. C’est généralement le cas de la politique étrangère, surtout dans sa dimension conflictuelle.
“L’effet de ralliement”
Mis en lumière par MUELLER (War, President and public opinion, 1973), l’effet de ralliement est produit par un événement généralement international, qui implique la nation et son président directement, qui est spécifique, dramatique et capte l’attention publique. L’effet de ralliement se traduit par un mouvement de popularité au profit du Président.
Ainsi, BUSH-père est passé de 61% de soutien populaire en décembre 1990 à 90% en février 1991 avec l’opération “Tempête du Désert en Iraq”. BUSH-fils est passé de 50% de soutien le 10 septembre à 90% le 22 septembre 2001. L’opération “Restore Democracy” contre Yaya JAMMEH qui, en janvier 2017, a vu le leadership du Président Macky SALL se manifester, avait créé une accalmie politique et sociale à son profit (qui a pu se prolonger jusqu’aux législatives de septembre de la même année).
Jacques Gerstlé, spécialiste Français de la communication politique (2016, avec Christophe PIAR), a proposé deux thèses pour expliquer cette soudaine popularité: le réflexe patriotique et le leadership d’opinion. Dans les deux cas, la centralité de l’enjeu dans l’agenda médiatique et sa conjonction avec la communication contrôlée du Président autorisent le mouvement.
Risque d’instrumentalisation
C’est pourquoi le risque est élevé pour un Président d’instrumentaliser la politique étrangère pour une finalité intérieure en amorçant un jugement préférentiel. Á ce titre, la guerre du Golfe est largement étudiée par les chercheurs Américains. G. EDWARDS (1995) montre qu’au moment où G. H. BUSH bénéficiait de 70% d’approbation “globale”, il était approuvé à 81% pour sa politique étrangère et seulement 30% pour ses performances économiques. Il apparaît clairement que le jugement global était fonction de la politique étrangère qui avait une prime de visibilité médiatique. Contrairement à Michael DUKAKIS, son adversaire de 1988, CLINTON eut recours, en 1992, a une identique stratégie d’amorçage sur les questions économiques.
Aujourd’hui TRUMP et NETANYAHU font face à différentes crises internes. Certains observateurs ont vite fait de penser que cet enjeu amorcé contre un ennemi commun vise à redistribuer les cartes. Qui sait de quoi le politique est capable…
Mouhamadou Lamine Bara LO
Consultant Communication Politique & RP
TULLIUS AFRICA
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