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EXTRAITS DU LIVRE « LA PREMIERE HEGEMONIE PEULE: LE FUUTA TOORO DE KOLI TENGUELLA A ALMAAMI ABDUL » DU PROFESSEUR OMAR KANE

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Professeur honoraire, Oumar Kane (né en 1932 à Kanel, département de Matam, région du fleuve Sénégal) est ancien doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Il s’est spécialisé dans l’histoire du Fuuta Tooro et de l’islamisation de l’Afrique de l’Ouest, et compte, dans ces domaines, de nombreuses publications. Nourri à la culture locale par un père profondément enraciné dans les valeurs traditionnelles de sa société, Oumar Kane a l’avantage de connaître, de l’intérieur, les populations et leur culture.

LES SEBBE

Dans son Traité sur l’origine des castes, Cheikh Moussa KAMARA écrit : « Le Ceddo du Fuuta Tooro est un individu noir, non pullo, mais parlant Pulaar, musulman de religion, ayant comme l’agriculture et la pêche qu’il exercé à la fois. Je crois que Sébbé vient de seddubé qui désigne les wolofs infidèles. On les appelle aussi Faddubé dont le singulier est Paddo. Peut-être, aussi seddube veut dire les infidèles noirs en général et ceux d’entre eux qui sont illettrés. II se peut aussi que Faddubé signifie les coupeurs de routes, qui empêchent les voyageurs de passer ».

Le terme des ceddo désigne d’abord tout individu qui ne parle pas pulaar. Le groupe des Sebbé inclut les Soninké, appelés Sebbé Aalambe (sing Ceddo Galambo) et les Wolof appelés Sebbé Diéri. Dans le Gaabu, le terme ceddo désigne le Soosé.

Dans cette acception, ceddo est précisé par l’attribut lohotooddo (celui qui parle une langue étrangère, qui jargonne) . II existe au Fuuta Tooro des Sebbé Aalambe, originaires du Diaara, du Haayré, du Gadiaaga, qui forment des villages autonomes ou des quartiers individualisé dans certains villages. Les Sebbé Diéri. sont des Wolof lointains, originaires du Diolof, du Waalo, du Kajoor ou du Baawol, ou proches que l’on trouve dans des villages comme Seedo, Thiaareen, Thiaambe, Mogo Nianga Edi, Nguendar, Nianga Ndioum, Podor, Ndiaayeen, Thillouki, Lougge Sebbé, etc, Le wolof qui y est parlé est fortement influencé par le pulaar, de la même façon que le pulaar du Tooro occidental et du Dimar comporte une forte dose de termes wolof.

L’autre acception du terme ceddo a une connotation religieuse. Le ceddo désigne le païen, sectateur des religions traditionnelles liées aux valeurs agraires. Buveur de liqueurs fortes, il est adonné à tous les excès, et particulièrement portés à la violence.

La dernière acception, qui découle des deux précédentes, a une connotation sociale plus marquée ; le ceddo est un professionnel de la guerre, généralement d’origine étrangère, en particulier wolof. Ces Sebbé forment un groupe social à part. Soldats aguerris, ils étaient portés à la violence, à l’ivrognerie. Ce sont des hommes d’un courage exceptionnel et qui se moquent de la mort. Ces Sebbé parlent poulaar et sont totalement assimilés sur le plan culturel. IIs sont groupés en communautés villageoises, avec à leur tête des Farba, Diagaraf ou Diagodin.

Lors des guerres les Farba viennent chacun avec un contingent d’hommes dont le nombre varie avec la puissance démographique de la communauté. A la veille des combats (Jamma Gundabi), ils exécutent des danses guerrières et se livrent à des beuveries qui rendent téméraires ces hommes naturellement courageux. Encouragés par les griots qui leur rappellent les hautes faits de leurs ancêtre, dont la plupart sont morts à la guerre, chacun fait serment de ne pas lâcher pied et de tailler en pièces l’ennemi, soit collectif, soit individuel. A cette occasion, ils dansent au son des tam-tams de guerre « baw di peyy aay iiyam », et entonnent les daade yiiyam, les voix de sang.

Origine des Sebbé

A l’origine, il y avait au Fuuta Tooro, vingt quatre Farba, tous d’origine wolof détenant chacun un tam-tam de guerre. IIs répondent à la convocation des rois avec leurs tam-tams et à la tête de leurs contingents. Bon nombre d’entre eux étaient des personnages très puissants : Farba Waalalde qui est un Dieng, Farba Ndioum ,Farba Ndiowol, Farmbaal, Farba Awgal, etc… La plupart d’entre eux étaient d’anciens chefs wolofs qui avaient été mis en place par les Bourba au milieu du XVe siècle, à la suite de l’intégration du Fuuta à l’empire du Diolof par Thioukli Njiklaan Sarré Ndiaye . IIs avaient pour rôle, comme tous les esclaves de la couronne, d’administrer les circonscriptions administratives regroupant une ou plusieurs leyyi ou kinnde de Fulbe.. IIs devraient lever sur les Fulbe un tribut dont une partie était envoyée au Bourba. L’oppression exercée par certains d’entre eux a poussé nombre de Fulbe à émigrer soit vers le nord, soit vers sud et l’est. Les migrations de Tenguella et de Doulo Demmba datent de cette période.

Le mécontentement des Fulbé a rendu plus aisée la conquête de Koli Tenguella. Beaucoup de Fulbé se sont mis au service de Koli pour battre les Farba. Mais les nécessités de la lutte ont obligé Koli et ses successeurs à récupérer la puissance militaire de ces Sebbé auxquels ils ont conservé quelques avantages, en particulier la garantie, pour eux, de mener le même genre de vie que par le passé, surtout comme soldats et soudards qui se livrent aux activités guerrières, autant par goût que par désir de faire du butin. Ceux qui se sont ralliés ont été appelés les Sebbé kolyaabe à l’instar des premiers guerriers de Koli originaires de Kolia au Fuuta Jallon. IIs ont relayé les contingents fulbé et peut-être malinké décimés par les guerres de Koli incessantes. Certains d’entre eux vivent directement auprès de Satigi,à Horkayere, à Diowol, à Godo et à Diandiooli, Toute capitale royale compte un nombre plus ou moins important de sebbe. D’autres vivent dans les villages. IIs sont à la fois les chefs politiques et militaires à Nguidjilon, Diuude-diaabi ,Waalalde, Sinthiou-Garba, Ndioum. II y a des villages où ils cohabitent avec les Fulbé et les toorobbe, comme à Thilogne et Kayhaydi ; on trouve parmi eux de puissants maîtres de terres.

Ces terres leur ont été concédées par les Satigi ou, plus récemment, par les Almaami. Leurs relations avec la dynastie sont des relations de maître à serviteurs, mais ce ne sont pas des esclaves. C’est en cela qu’il différent des esclaves de la couronne des pays wolof. IIs sont si puissances que leur seule défection, en cas de guerre, provoque la défaite. Si Thieerno Sileymaan BAAL a eu raison de la dynastie deeniyanke, c’est parce qu’il a su persuader les Sebbé que le Satigi les considérait comme des esclaves. En effet, au reproche qu’on lui faisait d’avoir plus de quatre femmes, le Satigi aurait répondu qu’il n’en avait que quatre légitimes, les autres n’entrant pas en compte, car ce sont ses Sebbé, donc ses esclaves ; il pouvait donc en disposer à volonté comme concubines. A ces propos, les Sebbé on fait sécession et ont rallié le parti maraboutique, Faute d’appui militaire, réduits à la seule force de leur famille, les Deeniyankoobe ont dû abandonner le pouvoir au profit des marabouts.

Les clans Sebbé
Le clan des Sebbé kolyaabé comprend d’abord l’ancien stok de guerriers recrutés au Fuuta Jallon dans le district de Koolia. A mesure que progresse la conquête, ces guerriers décimés en majeure partie ont été renforcés par des contingents des Sebbé Worgankoobé ralliés à Koli et par des mercenaires originaires du Dieri Fuuta, dont l’appui a permis à Koli de venir à bout de la résistance des Diaawbé sur le Njorol prés de Demmbankani. Après la défaite de Farba Diowol, les Sebbé du Nguénaar ont été récupérés et intégrés aux armées de Koli, en conservant leurs privilèges. L’immense majorité des comme Bah, Diah, Sall, Soh. IIs constituent sans doute les premiers guerriers recrutés à Koolia. Ii se peut aussi que des marginaux peuls aient préféré se faire oublier en changeant de profession et de genre de vie. En outre, des esclaves affranchis peuls, qui n’arrivent pas à s’intégrer dans le groupe social de leurs anciens maîtres, préfèrent se faire appeler Sebbé. C’est le cas , en particulier, des Sebbé Gallunkoobe du Tooro. Par leur nom de clan ( Gallunke), ils font penser aux esclaves de la couronne des princes du Kajoor ; ce sont ceux qui habitent la concession des esclaves ou gallu. Le terme gallu est, pour les wolofs, ce que le runde est pour les fulbé du Fuuta Jallon. Ces Gallunkoobe refusent cependant d’être assimilés à des affranchis. IIs préfèrent d’intégrer au groupe social des Sebbé . A Guédé, Ils occupent une place dominante et fournissent le chef de village ou Diagodin. Certains d’entre eux portent le patronyme Kamara, ce qui tend à indiquer leur origine soninké.

A côté des Kolyaabé Il y a les clans des Sebbé Laboyaabé et des Duganaabé que l’on retrouve également dans l’entourage des Satigi deeniyankoobé et des Yaalalbe. Ils sont nombreux dans le Damga, en particulier à Hamadi- Hunaare, sis sur le marigot Dioulol, à Padalal, Barkewi Boruuje. Les deux familles dominantes des Laboyaabé portent le patronyme Saaxo et Jah. Apparemment, la première est d’origine soninké et la seconde peule. Les Duganaabe, surtout nombreux à Padala et à Horkayere, sont dirigés par des familles qui portent le patronyme de Ndiaye et Thiaam. Ils sont étroitement attachés aux Deeniyankoobe et au Sayboobe.

De tous les clans Sebbé, celui des Wurankoobé est sans doute le plus nombreux et le mieux connu. A en croire Cheikh Moussa Kamara il est constitué des vestiges des anciennes populations du Nammandiru , étant les seuls à avoir conservé une mémoire relativement claire du Nammandiru.

Les Sebbé Wurankoobé sont nombreux dans le district des Nianga : Nianga Pendaaw ; Nianga Nguendar, Nianga Guédé , Nianga Ndioum et Nianga Edi. On en trouve à haayré – Laaw sous le nom d’Awgalnaabe qui sont des pêcheurs Il y en a aussi à Thikkite, Diaarba, Hoorefoonde, Agnam Godo, Agnam Siwol, Agnam Goday et Agnam Baarga dans le Booseya ; Bokidiawe, Nabbadji, Wuro-Soogi dans le Nguenaar ; à Fumihara Joobbe dans le Damga. Ils sont appelés des Faddubé dans le Bundu et dans le Ferlo : à Doude-bagge, Denndudi Caadli, Jiya et Nakon.

Parmi leurs patronymes les plus fréquents, il y a Ndiaye, Ndaw, Sebbor, Gooy, Ndoom, Kobboor, Lakkoor ; Sudiaan, Mangaan, Ndemaan, Gueye, Ndianoor, ,Mbathie, Mbaaye, Mbenniga, Urgo, Dibilaan, Sam, Bekken, Thiongaan, Faal, et d’autre noms qui sont très peu usités dans le Fuuta. On peut citer en outre Fedioor, Mbanoor, Gaye, Ndir, Mbooc, Ngingue, Ndinik, Ndongo, Ngom, Ngueet, Niang, Sambou, Paam, Sarré, Seck, Thioune , Thioye, Seem, Faye, Wade, Woone, Tine, Maar, Maal, Lakh, Mbengue. Ce dernier groupe de patronymes est également fréquent dans les clans des Buurnaabe et des Mboonnaabe. On trouve aissi, parmi les Sebbé, des patronymes de type Daraame, Fofana, Guindo, Kamara, Saakho, Loh, Soggo, Sumaaré.

Il ressort de l’analyse de ces patronymes que les majeures parties des sebbe sont d’origine wolof et sereer. Ce sont probablement les résidus de l’ancien peuplement du Fuuta antérieur aux poussées berbères du VIIIe siècle. Ces Sereer et wolof ont coexisté avec des Fulbé et des Soosé, dans le royaume de Nammandiru, à l’époque des Diaoogo. Bien avant le mouvement almoravide, les migrations soninkés du Wagadu, du Haayré et du Gadiaaga vers le Fuuta ont eu pour conséquence leur intégration dans les groupes statutaires déjà en place. Les nouveaux venus ont été assimilés linguistiquement et culturellement par les Fulbé. Ils finissent par parler poulaar et exercer la profession dominante de leurs hôtes. Le fait que des Sérère, Wolof, Soninké, Soosé et Malinké sont devenus haalpulaar implique davantage leur assimilation par le groupe linguistique dominant qu’un métissage biologique avec les Fulbé. En d’autre terme, les élément wolof, soninké, sérer ,soosé ; en se fixant dans le Fuuta, ont adopté la langue du pays, en même temps que le genre de vie des paysans sédentaires, faisant valoir les terres du Dieri et du Waalo, pratiquant la pêche, se livrant à la chasse, tout en gardant leurs patronymes et en conservant de leurs origines leur goût pour les armes et les hauts faits militaires. Ceux qui ne sont pas devenus subalbé et toorobbe ont grossi les rangs des différents clans Sebbé: Kolyaabé, Wurankoobé, Buurnaabé, Mboonnaabé, Laboyaabé, Duganaabé.

Fonction et idéologie du groupe des Sebbé.

Bien avant la conquête de Koli, les Sebbé dirigeaient le pays après avoir mis fin au règne des Laam Termes sur le Fuuta. Les grands dignitaires Sebbé, qui avaient proclamé l’indépendance du pays, se sont partagés le pouvoir : Farba Waalaldé contrôle le Laaw, Farba Diowol le Nguenaar, Farmbaal le Booseya, et Ali Eli Bana devient Laamtooro. Les conflits entre les chefs Sebbé des provinces du Fuuta ont facilité la conquête du pays par Koli. Leur défaite fait suite à celle du Bourba, leur maître. Cette conquête n’a pu être menée à bonne fin que grâce à la récupération des Sebbé par Koli surtout lorsqu’il s’est agi de combattre la confédération des Diawbe,dirigée par Ardo Yero Diide. Pendant toute la période deeniyanke, les Sebbé ont joué un rôle capital dans la vie politique du pays. Ils ont constitué, avec les Sayboobé et les Yaalalbé, la force militaire essentielle des satigi. C’est sur eux que s’est appuyée la famille de Bumusa pour combattre et évincer celle de Gelaadio Dieegui. Ils ont donc été les acteurs principaux de la guerre civile qui, pendant toute la première moitié du XVIIIe siècle, a mis le Fuuta à feu et à sang et a favorisé l’ingérence maure dans les affaires du pays.

Peu islamisés, les Sebbé sont élevé dans l’idéologie de la guerre. Ces soldats paysans, pêcheurs à l’occasion, sont tous préparés, des le jeune âge, à servir dans les armés, dans le cadre des contingents fournis par les chefs de famille. Ainsi à la bataille de Bilbassi, Gorel Biry est, dit-on, à la tête d’un régiment de 1000 guerriers, Yero Damga Beela en apporte 600, Juma Barroga 600, Biram Barrada 1500, etc. En dehors des contingents fournis par les Yaalalbe et les sayboobe, chaque chef vient avec son tam-tam de guerre. La veille des combats est toujours l’occasion pour les différents chefs Sebbé de prêter serment au Satigi en jurant sur la lance de ce dernier, plantée en terre, de ne pas lâcher pied et de tailler en pièces l’ennemi. C’est à l’occasion de cette cérémonie de prestation de serment, la veille des combats (Jamma Gundabi), qu’on bat les tam-tams de guerre détenus par les vingt-trois chefs de clan Sebbé et les deux chefs des griots. Parmi les détenteurs des « bawdi peyyaa yii yam » on peut citer Farba Diowol, Farba Waalalde, Farba Erem-Thilogne, Farba Ndioum, Farmbaal de Kayhaydi, Laamtooro de Guedé, Bumuyde Hoorefoonde, , Diaagaraf Kolyaabe de Nguijilon, Bidiew de Waali Diantang, Diaagaraf de Padalal, Diaagaraf de Diandiooli. Comme l’écrit Agostinho Manuem e Vasconcelos. « Ces charges se transmettent successivement de père en fils». Ils chantent en même temps les « daade yii yamé » tout en dansant. Ces « voix de sang » sont chantées par les chefs de guerre qui entrent dans la mêlée, exécutent des pas de danse mettent la main sur la lance du Satigi fichée à terre. Ils brandissent leurs armes (haches, lances, sabres, poignards, fusils parfois). Impavides devant la mort, ils redoutent plus que tout le déshonneur. Ils sont encouragés par leurs propres griots, appelés namakala, qui chantent en leur honneur le gumbala ou chant des héros. A l’occasion, ces redoutables guerriers s’enivrent avec des liqueurs fortes, comme le dolo ou leeedam (boisson faite à partir du fruit du ceri). C’est également au son des tam-tams et au chant des griots que s’engagent les combats qui sont rendus plus acharnés par les cris des femmes Sebbé qui encouragent leurs maris et leurs enfants. La fuite est impensable, mais la mort ouvre les portes de la renommée. A l’issue des batailles, les morts et les blessés étaient honorés dans une cérémonie où les femmes, au son des bawdi alamari, et les griots exaltent leur bravoure, rappellent les hauts faits de leurs aïeux et font leurs derniers adieux à ceux qui ont préféré la mort au déshonneur.

LES SUBALBE

Par leurs activités professionnelles, les subalbé ou pêcheurs se rapprochent beaucoup des Sebbé Selon Cheikh Moussa Kamara, « le Cuballo, est un individu noir non peul, mais parlant la langue pulaar, de religion musulman et pratiquant comme métier la pêche et l’agriculture … Le Ceddo et le Cuballo étant proches par leur métier, il arrive qu’ils s’allient matrimonialement dans certaines régions du Fuuta comme le Boosea et le Toro»

Comme pour les Sebbé et les toorobbé, la formation de ce groupe statutaire résulte d’un processus complexe de migration et de métissage de population diverses, dans le cadre des communautés établies sur le bord du fleuve, des rivières affluentes et des mares.

L’analyse anthroponymique révèle que les subalbé sont formés à partir d’anciennes communautés wolof, séreer et soninké. A la suite de la migration qui a conduit les populations du dhar et du baten de Tichitt-Walata vers le sud, celles qui, pour une raison ou une autre, sont restées sur le bord du fleuve, se sont groupées dans des villages où elles ont constitué de fortes communautés vivant de la pêche. A cette activité primordiale s’ajoute celle de l’exploitation des pale et des poode où elles font pousser mil, mais, courges et autres patates douces, en même temps que le tabac. L’organisation était si forte qu’elle a pu assurer l’autonomie de ces communautés de pêcheurs. Dans la mise en place du peuplement actuel. L’antériorité du fond sereer n’est pas contestable. On peut le voir en recensant les noms des pêcheurs.

La majeure partie des subalbé ont des noms typiquement séreer : Saar, Thioub, Faye, Diouf, Dieye, Mboodj, Ndiaye, Mangaan. Les Saar sont les doyens de tous les subalbe. Ils ont préséance sur les autres pêcheurs.

A côté des subalbe d’origine sereer, les plus nombreux sont d’origine wolof et portent des patronymes Faal, Béye, Diéye, Gaye, Niang, Wade ou Waddu, Diaw,Diop,Boye. A ces groupes initiaux se sont agrégés les pêcheurs d’origine soninké ou mande, qui portent les noms de Diaako, Konté, Kebbe, Koné, Baccli.

Ils proviennent du Wagadu, du Gajaaga, ou même du bassin du Niger. Leur présence est antérieure au mouvement almoravide. La poussée berbère en a accru le nombre. Ils sont assimilés par les pêcheurs, en adoptant leur genre de vie et leur culture. Ils ont donc adopté le poulaar tout en conservant, le plus souvent, leurs patronymes originels. Rares sont ceux qui changent de nom de famille, comme ce Talla toorodo qui, installé au milieu des subalbé à Mbagne, a épousé une femme de ce groupe, et a changé de nom en adoptant celui de sa belle-famille. Il est devenu Sih et ses descendants sont devenus pêcheurs.

On trouve aussi parmi les subalbe des noms typiquement peuls : Sih, Bah, Sal, Soh, Diah, Diaw, Ngaydo ou Diatara, Woone, Daat, Dial . Comme nous l’avons précédemment vu, ce sont des Fulbe ruinés ou marginalisés, des affranchis qui ont décidé de changer de statut en se livrant aux activités de pêche. Il se peut aussi que bon nombre de ces subalbé, d’origine peule, appartenaient au groupe des Diaawbé Dalli, qui auraient été les premiers à initier les subalbé aux techniques de la pêche. Pour cette raison, ils ont préséance sur tous les subalbe, y compris les Saar.

Entre autres titres portés par les dignitaires subalbé, citons Diaasak, Dialtaabe, Diawdiin, Farba, Borom qui est le pendant wolof du Dioom des Fulbe.

D’autre portent le titre de Laamdiaan. Le titre de Teigne est porté par le chef des subalbé de Kayhaydi et de Duungel. Teigne Duungel est un Gaye et celui de kayhaydi est un Gueye. Selon Cheikh Moussa Kamara, avant la conquête de Koli, la plupart des grands chefs Sebbé (Laamtooro, Farba Ndioum, Farba Waalaldé) reconnaissaient l’hégémonie du Teigne de Duungel. Ce dernier était le gouverneur de l’ensemble de l’Ile-à Morphil, nommé par le Bourba à l’époque où le Fuuta était intégré à l’empire du Diolof. L’émergence de Farba Waalalde et de Farba Ndioum et la conquête de Koli seraient à l’origine de la déchéance du Teigne de Duungel. Certains prétendent que Teigne Duungel est l’ancêtre des Teignes du Baawol. Dans bien des localités, comme Nguy, Maatam, Diammel,Ngawle, les subalbé occupent une position dominante, non seulement comme chefs de commandements, mais aussi comme maitre de terres.

Au plan culturel, les subalbé, plus particulièrement spécialisé dans l’exploitation des eaux continentales, croient aux génies de l’eau, ou munuuji (sing munu maayo) qu’il faut se concilier pour faire de bonnes prises. On les invoque souvent au moment de pêcher ; on leur fait des libations sous forme de lait lorsque les Fulbé veulent traverser le fleuve. Ceux qui sont initiés au secrets de la pêche, peuvent, par leurs sortilèges, empêcher les poissons en crapauds ou en têtards. Ils sont aussi les exorcistes des possédés par les munuuji.

Leur folklore ressemble, à s’y méprendre, à celui des Sereer. La phrase musicale est pratiquement la même chez les subalbé et chez les Sereer Sine et Nominka. Il suffit, pour s’en convaincre, de comparer le pékaan cuballo aux chants populaires séreer. Les instruments de musique sont également les mêmes. Les manifestations culturelles se font surtout du fifiire, c’est-à-dire de la chasse collective aux crocodiles dévastateurs des stocks halieutiques. Les chefs des communautés de subalbé voisines se concertent pour organiser le fifiire, ou sont impliqués hommes, femmes et enfants. Ce sont les adolescents qui conduisent les pirogues montées par les pêcheurs armés de harpons qui est l’unique arme utilisée à cette occasion. Les pêcheurs, maîtres de pirogue, chantent des incantations pour maîtriser les crocodiles, et rivalisent d’adresse.

Tout pêcheur qui tue un crocodile s’en attribue la queue. Les femmes, richement parées, chantent les louanges des plus vaillantes et des plus adroits des pêcheurs. La notoriété des subalbé se forge à cette occasion.

Ces pêcheurs contribuent aussi à la défense des Maures. Le Diaaltaabé, le Teigne, le Farba ou le Diaasak n’est pas seulement le doyen de la communauté des subalbé et le responsable de l’exploitation des eaux des rivières, des lacs, des marigots et des étangs, il est aussi chef de terre ,chef du port et des pirogues et, à l’occasion, chef de guerre, chargé de la sécurité de la région où se trouve son village.

LA PLACE DES WOLOFS ET DES SEREER DANS LA FORMATION DU PEUPLE FUUTANKE

Extraits du livre « la Première Hégémonie Peule le FuutaTooro de Koli Tenguella à Almaami Abdul » pages 74 ,75 et 76 par le Professeur Omar KANE .

Professeur honoraire, Oumar Kane (né en 1932 à Kanel, département de Matam, région du fleuve Sénégal) est ancien doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Il s’est spécialisé dans l’histoire du Fuuta Tooro et de l’islamisation de l’Afrique de l’Ouest, et compte, dans ces domaines, de nombreuses publications. Nourri à la culture locale par un père profondément enraciné dans les valeurs traditionnelles de sa société, Oumar Kane a l’avantage de connaître, de l’intérieur, les populations et leur culture.

Les anthroponymes d’origine wolof sont extrêment nombreux. La plupart d’entre eux se retrouvent dans les groupe socio professionnels des subalbé ou pêcheurs et des sébbé ou guerriers. Les subalbé en majorité se nomment Gaye , Faal , Diop , Mbodj , Guéye , Diack , Dieye , Niang , Wadd alors que les noms d’origine soninke (Konté , Bathily, Sumaaré) et peul (Bah, Soh, Sall , Thiam) sont très rares. Les anthroponymes sereer ( Saar, Ndiaye , Ngom, Thioubou , Diouf, Tine) sont majoritairement les subalbé. Au demeurant, ce sont les Saar qui fournissent toujours les doyens des subalbé. Les titres portés par leurs dignitaires sont Diaaltaabé, Teigne ,Dumel, Diagodin.

La majorité des groupes des sébbé est d’origine wolof, en particulier ceux de Nguenaar : Niang, Faal, Diop, Diack, Ndiaye, Dieng. La plupart des grands farba du Fuuta (Farmbaal, FarbaWaalaldé, Farba Erem, Farba Ndioum, etc..) sont des Wolof d’origine.
Parmi les sébbé les plus notables du Fuuta, on peut citer les farba de Waalalde descendants de Biram Mbagnick comme la plupart des Dieng du Jolof, du Kajoor et du Fuuta. Ses descendants sont les chefs du Laaw avec le titre de Dyalaw Saré Ndiougou dans le diéri des Halaybé Sammayel Biram Mbagnick avec le titre de Diaafando, a le privilège d’accorder l’asile politique à tous les réfugiés et à tous les persécutés. C’est de lui que descendent aussi les Wane de Mboumba, de Kanel et de Wan-Wan et les Dieng de Saadel qui sont devenus des toorobbé. L’expansion de l’Islam a favorisé la « toorodisation » de bon nombre de ces populations d’origine wolof, même si la majorité est restée Thiouballo ou Thiédo .
L’influence des Wolof est importante car ils sont les voisins occidentaux et méridionaux du FuutaTooro. Ils ont vécu pendant longtemps au contact des Sereer et des Fulbe, d’abord au sein de l’empire du Ghana. Ce sont eux qui, sans doute, peuplaient Senghana et Awlil au XIe siécle. Ils étaient les voisins les plus proches des Gdalla. Malgré la pression berbère et hassan, qui les a refoulés plus vers le sud, leur impact sur le terrain se traduit se traduit par la multiplicité des toponymes commerçant par Téne, tin (le puits) et par wa (ceux de) : comme dans Téne-Mohamed, Téne-Wa–Ghaimil, Téne-gadoum et Téne-Bouyali dans l’Amechtil ; Téndegh-Ma-Djek- Téndegemi, Téndeg-Fadma dans l’Iguidi, etc.
Si l’arc hydrographique Guiers-Taouey-Khomak et R’Kiz constitue la limite théorique entre Fulbé et Wolof, il va sans dire qu’il a été franchi de part et d’autre par les deux peuples. C’est ainsi que le milieu du XVe siècle est marqué par l’expansion du Jolof aux dépens du Fuuta, du Nammandiru ou Ndiarmeew et du Saalum, sous le règne de ThiouklyDjiglaaneNdiaye . Ce souverain a partagé le Fuuta entre les farba qui administraient les différentes provinces au nom du Bourba et prélevaient sur les populations un tribut en nature (bestiaux, mil.) Cette politique n’est assurément pas étrangère aux migrations des Fulbé du Fuuta vers le sud et le Sahel au milieu du XVe siècle

A la suite de la conquête du Fuuta par Koli sur les faren et les farba, ces derniers ont été associés à nouveau au pouvoir deeniyanké qui mit à profit leur force militaire non négligeable.
La conquête deeniyanké, ayant beaucoup contribué au processus de dislocation du Diolof, a fourni au Satigi l’occasion de prendre sa revanche sur le Bourba, grâce à son intervention dans le conflit qui oppose le Bourba au Damel.
Il a même donné asile à une branche de la famille royale du Diolof chassée du pouvoir ; il l’a installée à Hooréfoondé où elle fournit les chefs de village avec le titre de Bumuy ou Bummudi et où elle gère de vastes kolaadéwaalo.
Etudiant les Wolofs, Faidherbe va jusqu’à écrire « Ce qui est certain, c’est que les Wolofs occupèrent d’abord la plus grande partie du Fuuta et un vaste territoire sur la rive droite (Ganar).

Le Cayor était alors occupé par les Socé (Malinké) ; l’invasion peule fit refluer les Wolofs du Fuuta vers l’ouest.
L’invasion berbère et arabe repoussa ceux du Ganar vers le sud, de sorte qu’à leur tour, les Wolofs repoussèrent les Sérères et les Socés vers la Gambie et occupèrent définitivement le pays qu’ils habitent encore aujourd’hui. »
Les indications fournies par Al-Bakri sur les croyances religieuses ses Takruriens avant la conversion de WarJaabi nous laissent supposer la présence des Wolof dans le Takrur. En effet, Al-Bakri nous dit que les gens du Takrur adoraient des idoles, appelées dékakir. Or le terme dékakir en wolof sert à désigner l’ébénier, dont le bois sert à fabriquer les idoles. Ce terme wolof dékakri correspond en pulaar au dialanbaani, l’arbre à partir duquel on fabrique les dialang, c’est-à-dire les idoles.

Au plan culturel, on peut supposer que ce sont les Wolof et les Sérère qui ont transmis au peuple fuutanké les techniques de la pêche et même l’agriculture. En effet, Ibn Al-Fakri, traitant des genres de vie des populations du Ghana, note qu’elle « se nourrissent de mil (dhurra) et de doliques. Ils appellent le mil dukhn ». Dukhn nous fait penser au dugup wolof qui désigne le mil en général, tandis que les doliques pourraient désigner le niébé. Les Wolof, vivant au contact des Fulbé, leur ont légué, entre autre choses, des termes relatifs à l’agriculture béyaat (sarclage ou deuxième culture) et ngoobaan (lame à moissonner) et à la pêche comme mbaal (épervier), mbakal, saakit… En outre, la majeure partie du groupe des subalbé ou pêcheurs porte des patronymes wolof et sérère.
Au plan linguistique, les études faites par Monsieur Yoro Sylla et d’autres chercheurs concordent pour rattacher le pulaar au groupe des langues ouest-atlantiques. Le wolof, le pulaar ont 24% de racines communes ; ce pourcentage est dépassé par le sérère qui partage avec le pulaar 37% de racines communes.
Ces trois langues ont donc coexistée pendant des siècles sinon des millénaires dans la même aire culturelle. Les affinités sont donc très importantes. D’ailleurs, le pulaar du Tooro et du Dimar est très fortement influencé par le wolof. On le constate à Nanga-Ngendaar, Podor, Nanga–Edi et Nanga-Ndioum et Lugge-Sebbé. En revanche, le wolof de Liw, Thiaareen, Thiaambe, Mogo, donc celui des sebbéDiéri, comporte une très forte dose de vocabulaire pulaar.

Les apports sérères
Au plan culturel, les affinités sont encore plus grandes entre Sérère et Haalpulaar appelés « Toucouleurs ». Non seulement la parenté linguistique est évidente, pour qui sait écouter attentivement, mais encore le cousinage à plaisanterie prouve que la communauté d’origine est réelle et vécue comme telle par les deux peuples.
Sérère et Haalpulaar’en sont d’accord pour dire que l’essentiel du peuple sérère est parti du Fuuta. Bon nombre de Sérère ont gardé le souvenir de leurs villages d’origine, dans le Takrur. Encore de nos jours, on montre partout dans le Fuuta central les sites abandonnés que l’on appelle villages sérère. Ch. Becker et V. Martin (1974) en ont fait un recensement très poussé, sans pour autant les découvrir tous. Les collines au nord de la vallée du Gorgol fourmillent de toponymes sérère, de même que l’Assaba (Kummba Ndaw et Kossas). Maatam et Dagana sont des toponymes sérère.

La présence des mbanaar, qu’on retrouve jusque dans l’Adrar mauritanien, montre que les Sérère ont occupé une très grande étendue des terres du nord. Ils y ont cohabité avec les Fulbé. Ils ont dû émigrer comme les Kamnuriens sous la pression des Berbères et sous l’influence du desséchement. Selon Yoro BoliDyao, ils ont été assujettis par les Fulbé, mais s’en sont émancipés bien avant l’avènement de Ndiadiaan Ndiaay au XIIIe siècle. Il leur a fallu livrer des guerres meurtrières contre les Fulbé, à l’époque où ces derniers étaient les maîtres de Darndé et de Waalaldé. Ces conflits les forcèrent à traverser le fleuve lorsque Laamtooro a conquis Darndé. Ils auraient émigré pour s’installer au sud-est de la vallée du Ferlo, alors peuplé par les Faddubé sous la domination du clan Ndaw. Bon nombre ont poursuivi leur route vers le Siin et le Saalum avant que les Faddubé du Ndiarmeew ne se dispersent à travers le Tooro, le Kajoor, le Dimar, le Jolof et le Boundou, lorsque le royaume fut détruit au milieu du XVe siècle par Thioukli Ndjiglaane. Le pékaan, folklore des subalbé du Fuuta Tooro. Ressemble à s’y méprendre au folklore sérère. La phrase musicale est à peu près la même chez les subalbé et chez les sérères. Sérère et subalbé ont gardé la croyance aux génies du fleuve munuuji (sing.munu) auxquels il faut faire des libations dans certaines circonstances.
Les Fulbé pour traverser le fleuve avec leurs troupeaux sont soumis à ce rite : ils versent du lait dans le fleuve avant de recevoir l’autorisation du Diaaltaabé ou du Teigne. L’ouverture de la pêche dans certaines parties du fleuve exige les mêmes rites que l’on rencontre encore de nos jours chez les Noominka

THIERNO SOULEYMANE BAAL
Un nommé Niokhor (prénom typiquement sérère) et Biràn DIENG. (prénom et nom typiquement ouolof) dans la généalogie de cheikh Suleyman-Bal Selon l’historien halpoular Siré-Abbâs-SOH
cheikh Suleyman-Bal fils de Rasin fils de Samba fils de Bukar fils d’ Ibrahima fils de Nyokor fils d’Ibrahîma fils de Mûsa fils de Suleyman fils de Ru’rubah fils de ‘Okbatu fils de ‘Àmir
Quant à sa mère, c’était la vertueuse dame Maymùna, qui dut à sa nature compatissante l’origine de son nom ; elle était fille de Yumu-Dyeng fille de Lamin fille de Biràn DIENG. ( Prénom et nom typiquement ouolof)

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Retour en zone, après 5 années + 2! (Par Djibril SARR).

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Au basket c’est une faute. Lorsqu’on revient dans sa zone, quelle que puisse être la durée. 

S’il y’a ce rappel dans un contexte plutôt CAN et non d’Afrobasket, c’est parce que nous en arrivons au terme d’une longue quinzaine de réconciliation entre la plupart des élus et leurs collectivités respectives. Quinze jours pendant lesquels vous avez quotidiennement vu vos élus. 

Pourtant, il y’a plus de cinq années passées plus deux bonus, la plupart s’était battu pour le fauteuil de maire ou de président de conseil départemental, avant de déserter ces localités lointaines, au profit d’un cumul exagéré et illogique d’emplois inaccessibles à une bonne partie d’une jeunesse en quête d’occupation.

Il y’a deux semaines déjà que sonnait l’heure de retour en zone. Une occasion pour ces collectivités orphelines de retrouver au quotidien pendant 2 semaines, les sourires charmeurs de leurs élus perdus de vue et qu’ils n’apercevaient par chance, que pendant leur passage le temps d’un week-end. 

Pour nous autres populations, la vigilance et l’éveil des consciences nous dictent un choix responsable où aussi bien les nouveaux candidats que les performants parmi les anciens ont leur chance à jouer. 

Donnons l’opportunité à ceux qui ont un programme clair, la capacité, la détermination, la maturité et le temps, de dérouler leur mission. Faisons attention aux marchands d’illusions mais également aux arrogants, aux irresponsables, aux belliqueux et aux incendiaires.

Nos choix doivent être éclairés, argumentés et raisonnables.

Dans certaines contrées desservies par les politiques publiques, n’attendons surtout pas que l’insécurité, l’obscurité, la faible scolarisation, la précarité sanitaire, les inondations, l’absence d’assainissement, les moustiques, entre autres,  viennent nous rappeler notre mauvais choix. 

Ne confondons ni religion, ni confrérie, ni coloration politique, ni lien familial avec le choix utile à la localité.

Cultivons le travail, la rigueur, la persévérance, l’endurance, la simplicité, la responsabilité, le sens de la mesure, l’humilité, l’acceptation, pour savoir compter sur nous-mêmes dans les conditions que nous réserve le destin, le hasard ou Dieu selon nos croyances.

Ne troquons pas notre devoir d’exiger des résultats à nos élus dans l’amélioration de notre qualité de vie à travers des équipements et des services collectifs contre un simple soutien financier aux cérémonies socio-culturelles, sportives et religieuses. 

Changeons de paradigmes en portant nos choix sur des compétences éclairées et engagées, sans les soumettre au prix de leur intimité, d’invectives et de violence familiales. 

Exigeons en revanche, des résultats qui ne sauraient provenir que d’une bonne planification, une réalisation correcte, un suivi régulier, un contrôle rigoureux et une amélioration continue, soutenus par une communication inclusive.

Que le vote de ce dimanche 23 janvier 2022 traduise nos choix libres des personnes en charge de la destinée de nos collectivités respectives.

Qu’il se déroule dans la paix et le fair-play, pour une reprise en main dès le lendemain, des dossiers en souffrance par le simple fait de cette période de retour en zone, de personnalités indivisibles à  responsabilités plurielles en quête de base solide capable de leur garantir une longévité improbable dans nos instances de gouvernance. Nos plans de développement doivent être traduits en plans d’actions qui survient aux hommes qui les portent.

Djibril SARR

CEO SECURIZONS

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Plaidoyer pour les habitants de Keur Massar et des populations sous les eaux (par Alioune Badara Seck)

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La pandémie liée à la Covid 19 et les inondations dans la banlieue de Dakar en Septembre 2020, avaient fait vivre le martyre aux populations notamment celles de Keur Massar.

Suite à cette période vécue avec de grandes difficultés par les populations et les promesses fermes de l’État du Sénégal à travers ses représentants que le supplice jadis traversé par les habitants de la banlieue ne se réitérerait plus, l’espoir semblait être permis pour cet hivernage 2021.

Hélas, dès les premières gouttes de pluie, tous les espoirs s’évaporèrent et laissèrent place aux inondations habituelles et à leurs lots de souffrances.

Le spectacle désolant des femmes désemparées et des pères de famille réduits à l’impuissance devant la montée des eaux déferlantes est une atteinte à la dignité humaine.
Des autorités responsables auraient pris toutes les dispositions nécessaires afin que pareille calamité ne se répète plus.

Nul ne peut comprendre qu’un tel calvaire se soit produit l’année précédente après les pluies du 5 et 6 septembre 2020 et que onze mois plus tard, l’on se retrouve avec le même désolant spectacle de maisons et de routes envahies par les eaux, de familles déplacées, de milliers d’hommes et de femmes mis dans la précarité.

La responsabilité des autorités du Sénégal est engagée au premier chef et les habitants de Keur Massar et de la banlieue exigent des réponses.
Les populations exigent une réponse immédiate de l’Etat du Sénégal combinée à la mise en place d’une solution structurelle qui réglera définitivement le problème des inondations. La souffrance n’a que trop duré.

L’Etat doit en urgence :

1. doter tous les quartiers sous les eaux de pompes de grande capacité et en quantité suffisante pour rapidement évacuer les eaux de pluie. La saison des pluies n’a pas encore pris fin.

2. assister toutes les familles sous les eaux ainsi que les familles déplacées et qui font face à d’énormes difficultés matérielles et financières pour assurer leur survie quotidienne. Mettre un place un plan d’urgence d’assistance des familles.

3. finaliser le plus rapidement possible les interconnexions entre les bassins et fournir des délais précis de réalisation. Sans quoi des bassins construits isolément ne peuvent régler le problème d’évacuation des eaux.

4. associer les délégués et représentants des quartiers de Keur Massar au suivi et contrôle des travaux. Il n’est pas crédible de vouloir régler le problème de Keur Massar et de la banlieue en excluant du processus les populations et leurs représentants.

Avec tous les milliards dépensés dans le cadre du programme décennal de lutte contre les inondations, notamment dans sa composante PROGEP (Projet de Gestion des Eaux Pluviales), les habitants de la localité n’attendent pas moins de l’État du Sénégal.

Alioune Badara Seck

Syndicaliste

Leader de la coalition Taxawu Keur Massar Jotna

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HISSEIN HABRÉ VA EN PAIX : UN NOM, UN HOMME ET UN DESTIN (Par Brahim OGUELEMI )

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C’est avec le cœur lourd et la gorge nouée que nous venons d’apprendre le décès ce matin de l’ancien Président du Tchad Hisseine Habré, décès survenu à la suite d’une contamination de Covid-19. En ces instants sombres et troubles, nous présentons nos condoléances les plus attristées et les plus émues à sa famille nucléaire, à ses proches, à ses connaissances, au peuple Tchadien et au peuple Africain tout entier !
Mais quel héritage l’homme aura-t-il légué à la postérité ? 
L’histoire retiendra à jamais que le Président Hissein Habré fut celui qui aura sauvé la bande d’aouzou contre l’occupation libyenne de Kadhafi. Par-là même, il aura ainsi sauvé tous les pays limitrophes du Tchad contre la folie démentielle de Kadhafi. Le Président Camerounais Paul Biya s’était même confessé auprès du Président Habré au lendemain de la libération du Tchad en lui ayant dit en substances que : «  Mon frère, tu nous a sauvés. Sans toi Kadhafi aurait annexé et marché sur tous les pays limitrophes du Tchad ».
Hissein Habré c’est aussi celui qui aura refusé de brader les ressources naturelles du Tchad au profit du consortium des firmes multinationales occidentales. Il aura tenu simultanément et parallèlement tête à l’invasion libyenne, à l’impérialisme, au néocolonialisme et à la finance internationale mondialisée ainsi qu’à leurs valets locaux. Son caractère était foncièrement forgé et tempéré dans le fer ardent de la lutte et de son corollaire la résistance.
Pour son patriotisme et pour son nationalisme, le Président Habré fut seul contre le reste du monde dans un monde où de plus en plus les dirigeants du Sud s’aplatissent si facilement face aux injonctions politiques et économiques injustes du Nord au grand dam des intérêts vitaux et stratégiques des populations du Sud.
C’était dans un contexte où l’Occident employant tous ses moyens stratégiques et ses armadas et en cela épaulé par la Libye, le Soudan et les négres de maison que le Président Hissein Habré était parti en ayant préféré laisser le Tchad dans une situation relativement stable. Aujourd’hui 31 ans plus tard, il est rappelé vers son Seigneur. Mais il est rappelé vers son Seigneur en ayant toujours gardé tenaces sa fierté, sa conscience patriotique et son amour-propre pour n’avoir point servi le Tchad sur un plateau d’argent à ses ennemis et notamment aux prédateurs financiers et économiques du pays.
Donc, au regard de toutes ces raisons susmentionnées, nous pouvons tirer les légitimes et objectives considérations suivantes sur l’homme : il fut intègre et incorruptible, digne et fier, patriote et nationaliste, courageux et téméraire, travailleur et exigeant, instruit et cultivé, héros et libérateur, résistant et vainqueur. L’homme n’aura pas, pour ainsi dire, vécu inutilement. Il y’a apporté, considérablement, sa part de lumière sur la grande phare qui éclaire la longue marche de ce monde.
L’homme est parti mais son combat, sa lutte et ses œuvres demeureront à jamais dans la postérité. La jeunesse Tchadienne en particulier et celle Africaine en général, auront tout à gagner à s’inscrivant dans la dynamique du noble sentier de la résistance et de pouvoir ainsi vaincre la couleuvre tentaculaire qu’est la Françafrique qui n’a semé et qui continue toujours de semer mort, désolation, tristesse, chaos, pillage, vol, humiliation et bradage sur le continent africain depuis le début des années 60.
LA LUTTE CONTINUE ! LE COMBAT CONTINU !LES PATRIOTES TCHADIENS VAINCRONT !LES PATRIOTES AFRICAINS VAINCRONT !
HISSEIN HABRÉ VA EN PAIX !QUE LE PARADIS SOIT VOTRE DEMEURE ÉTERNELLE !
Brahim Oguelemi, Dakar le 24 août 2021, depuis l’hôpital principal.

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