M. le président, pouvez-vous nous rappeler les raisons de votre présence à Saint-Louis, notamment à l’Ugb ?
L’atelier que nous venons d’organiser dans les locaux de l’Incubateur de l’Ugb, s’inscrit dans le cadre d’une caravane qui nous permet de sillonner le pays pour expliquer aux jeunes, les objectifs, la mission et les activités de Libre Afrique. A l’Université Gaston Berger, l’atelier a eu comme thème : Entrepreneuriat et développement local ; Fondements constitutionnels et internationaux des libertés et démocratie.
La mission qui vous est dévolue consiste à faire quoi exactement ?
Libre Afrique Sénégal est un programme éducatif affilié à la fondation américaine ATLAS Network. Notre mission est de promouvoir l’éducation, l’information, la formation, la liberté et la responsabilité, et donc la dignité humaine en Afrique francophone. Nous intervenons dans les domaines qui couvrent principalement tout ce qui a trait à l’éducation, l’information et à la formation et organisons, depuis 2016, des séminaires résidentiels chaque été au Sénégal et dans plusieurs pays africains, afin de réunir des jeunes chercheurs, étudiants, activistes, entrepreneurs et journalistes pour qu’ils viennent se former aux idées entrepreneuriat et nouer des contacts susceptibles de déboucher sur de projets panafricains. L’objectif de cet atelier de l’Ugb, inclusif, interactif et de réflexion, est de débattre et sortir avec des recommandations fortes.
Vous voulez donc forger l’esprit entrepreneurial des jeunes ?
L’éducation est largement reconnue comme l’atout essentiel pour améliorer la stabilité et la paix dans toutes les sociétés. Cet outil puissant fournit aux individus les compétences et la confiance nécessaires pour aider le monde et s’épanouir de différentes manières. Il donne à la population les connaissances nécessaires pour stimuler la croissance économique, réduire la pauvreté et bien plus encore.Malheureusement, la formation pédagogique n’est pas facilement accessible dans toute l’Afrique. Celle-ci présente un taux d’exclusion scolaire parmi les plus élevés au monde, tandis que ceux qui ont la chance de s’inscrire peuvent ne pas acquérir les compétences de base nécessaires pour entrer sur le marché du travail mondial. Les environnements d’apprentissage médiocres, l’insuffisance de la technologie et du matériel ne sont que quelques-uns des obstacles majeurs auxquels le système est confronté. Cela crée des environnements d’apprentissage médiocres qui ne peuvent pas inspirer les étudiants et les professeurs.
Bien que l’Afrique ne soit pas le seul continent confronté à ce type de problèmes, sa démographie unique ajoute une couche d’urgence à la situation. L’Afrique est le plus jeune continent du monde, avec 60% de sa population actuelle âgée de moins de 25 ans. Les analystes prévoient que d’ici 2030, le nombre de jeunes africains (ceux âgés de 15 à 24 ans, tels que définis par les Nations Unies) augmentera de 42%, et qu’ils représentent déjà 19% de la population mondiale de jeunes. Les problèmes du système éducatif africain étouffent des millions d’esprits brillants et d’entrepreneurs potentiels.
Cela veut dire que l’urgence est de mettre à niveau le système éducatif ?
Le système éducatif africain doit faire davantage pour s’assurer que les jeunes du continent soient préparés aux exigences du monde professionnel à la fin de leurs études. Il faut mettre un accent renouvelé sur la technologie, les capacités de communication et de collaboration et la pensée critique, sans perdre de vue le savoir-faire de base en matière de calcul et d’alphabétisation nécessaire pour être un membre productif de toute société. Dans le monde d’aujourd’hui axé sur les données, il est essentiel de comprendre les derniers développements et plateformes technologiques pour quiconque souhaite entrer dans le monde des affaires. Les connaissances technologiques permettront aux jeunes entrepreneurs africains d’utiliser les outils et les programmes considérés par beaucoup d’occidentaux comme allant de soi. Même des connaissances de base sur des programmes de tableurs peuvent faire toute la différence dans la carrière d’un jeune entrepreneur.
Bien sûr, on ne peut pas parler de technologie sans mentionner Internet. L’accès au Web et sa compréhension peuvent ouvrir la porte à des millions de clients potentiels et à des opportunités commerciales, transformant rapidement une entreprise locale en un conglomérat mondial. Les plateformes de médias sociaux offrent également des opportunités de marketing gratuites qui manquent à plusieurs Africains simplement parce qu’elles ne possèdent pas les connaissances nécessaires pour les utiliser efficacement. Avec l’accès croissant au numérique et au mobile en Afrique, il est essentiel que les entrepreneurs africains puissent capitaliser sur cette révolution technologique à venir. Propos recueillis par Mbagnick Kharachi Diagne/Chroniques.sn