Deux semaines après la survenue d’un nouveau coup d’État au Mali, le président a annoncé, ce jeudi, la fin de l’opération militaire et la transformation profonde de la présence française au Sahel.
Après plus de huit ans d’engagement massif, le président français Emmanuel Macron a annoncé jeudi une « transformation profonde » de la présence militaire française au Sahel, et la mise en place d’une alliance internationale antijihadiste dans la région. « A l’issue de consultations (…) nous amorcerons une transformation profonde de notre présence militaire au Sahel« , a-t-il dit lors d’une conférence de presse, annonçant la « fin de l’opération Barkhane en tant qu’opération extérieure » et la mise en œuvre « d’une alliance internationale associant les États de la région« .
La « transformation » de l’opération Barkhane va passer par la fermeture de bases de l’armée française et par la priorité donnée à la lutte contre les jihadistes par les forces spéciales, a poursuivi le chef de l’Etat. La lutte contre le terrorisme sera faite « avec des forces spéciales structurées autour de (l’opération) Takuba avec évidemment une forte composante française – avec encore plusieurs centaines de soldats – et des forces africaines, européennes, internationales« , qui « aura vocation à faire des interventions strictement de lutte contre le terrorisme« , a précisé Emmanuel Macron.
Comme condition à la reprise des opérations militaires mixtes avec les forces maliennes, Emmanuel Macron attend des engagements « clairs » des autorités de transition à ne pas dialoguer avec les jihadistes. « On ne peut pas souffrir l’ambiguïté. On ne peut pas mener des opérations conjointes avec des pouvoirs qui décident de discuter avec des groupes qui, à côté de cela, tirent sur nos enfants« , a-t-il dit lors d’une conférence de presse. « Pas de dialogue et de compromission« , a-t-il ajouté alors que la France a suspendu ses opérations conjointes après le récent coup d’Etat au Mali.
Le président n’a pas donné d’indications chiffrées en termes d’effectifs mais a évoqué une réduction des « emprises« , c’est-à-dire du nombre de bases françaises dans la région. A l’horizon 2023, les effectifs français devraient tourner autour de 2.500 personnes, a indiqué une source ayant connaissance du dossier à l’AFP. « Le chiffre de soldats français restant n’est pas arrêté, peut être quelques milliers. Il restera une présence significative« , selon l’Elysée, qui ajoute qu’un départ du Nord du Mali pourrait survenir « à l’horizon de l’automne« .
A l’approche de l’élection présidentielle de 2022, cet effort militaire de longue haleine suscite aussi des interrogations croissantes en France, alors que 50 soldats ont été tués au combat depuis 2013. Iyad Ag Ghaly, le chef du GSIM, responsable de très nombreuses attaques au Mali, au Burkina Faso, et au Niger, apparaît désormais comme l’objectif prioritaire de Barkhane. « Clairement, aujourd’hui, c’est Iyad Ag Ghaly qui est la priorité numéro une (…) Pour nous c’est la personne qu’il faut absolument réussir à capturer, voire neutraliser si ce n’est pas possible de le capturer, dans les prochains mois« , soulignait le commandant des opérations spéciales, le général Eric Vidaud, le 3 juin sur la chaîne France 24.
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