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Des kits de dialyse détournés et revendus en Gambie: les hémodialysés crient au scandale.

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Les différents centres de dialyse au Sénégal sont menacés de fermeture. En tout cas, les hémodialysés alertent sur un précédent dangereux qui pèse sur leurs têtes, avec une rupture des kits et d’autres intrants. Un manquement qu’ils imputent à des responsables dans le système

qui sont en train de détourner certains produits pour les revendre en Gambie.

Alors qu’ils se battent, au quotidien, contre une maladie incurable, les hémodialysés font face à des ruptures de kits. Lesquels, selon eux, sont surfacturés à l’Etat à des milliards de F Cfa.

Pis, la grande partie du produit est détournée et revendue en Gambie par des gens «tapis dans le système». Une situation qu’ils n’arrivent plus à supporter et qui les a poussés à élever la voix pour alerter l’opinion nationale.

«La Pharmacie nationale d’approvisionnement (Pna) est en rupture de stocks pour les kits de dialyse. Les hôpitaux comme Le Dantec ont suspendus les dialyses et certains établissements sanitaires ont espacés même les dialyses parce qu’ils n’ont pas assez de kits. Il faut savoir que la Couverture maladie universelle (Cmu) qui dépend maintenant du ministère de l’Equité, est aussi en faillite, car n’arrivant plus à honorer ses engagements pour le paiement des kits», alerte Pr. Hamidou Diallo, président du Mouvement des insuffisants rénaux du Sénégal (Mirs).

Ce dernier rappelle que, depuis 2011, c’est la Pna qui achète des kits de dialyse pour les donner aux centres hémodialysés. Selon lui, le circuit se dessine comme suit : chaque centre de dialyse liste ses besoins. Cette liste est déposée à la Pna. Cette dernière collecte l’ensemble des besoins nationaux pour déposer à la Cmu, qui commande au niveau du fournisseur qui vient ravitailler la Pna qui, en retour, distribue aux centres de dialyse. M. Diallo soutient que l’Etat a déclaré mille insuffisants rénaux en dialyse.
Pour chaque patient, il faut 3 kits de dialyse par semaine, 12 par mois et 144 kits par an. Donc, le tout donne 144 mille kits de dialyse par an, pour le total de tous les malades. Un nombre que la Pna déclare au niveau de la Cmu.

Toutefois, il révèle que la Cmu peut acheter le kit à 8 mille F Cfa, mais «elle l’achète à 40 mille de F Cfa avec une différence de 32 mille F Cfa par kit de dialyse. Soit un montant de 4 milliards de F Cfa par an, dû à une surfacturation. Il faut que l’Etat nous dise qui est le voleur derrière ces opérations». Pis, au lieu d’acheter 144 mille kits de dialyse, explique-t-il, la Cmu en commande 250 mille». Un nombre qui, dit-il, doit couvrir normalement tout le pays.

Pire, révèle-t-il, « l’excédent est revendu dans la sous-région plus précisément, en Gambie. Nous nous posons la question de savoir pourquoi il y a souvent des ruptures alors que nos kits de dialyse sont revendus en Gambie ? Pourquoi les kits de dialyse qui coûtent 8 mille sont cédés à 40 mille F Cfa ? Ils sont non seulement en train de mettre en danger la vie des patients mais ils volent également sur le prix et la quantité ».

Pour Hamidou Diallo, si l’Etat injecte 9 milliards de F Cfa pour la prise en charge des insuffisants rénaux, les 5 milliards de F Cfa sont détournés par des gens tapis dans le système.

Selon le président du Mirs, la Cmu n’a pas payé les fournisseurs. Raison pour laquelle, ces derniers refusent de ravitailler les centres de dialyse parce qu’ils ont arrêté de donner à crédit. Il déclare qu’à chaque fois que les fournisseurs réclament leur argent, la Cmu donne des explications selon lesquelles les hôpitaux n’ont pas d’abord payé leurs dettes.

« J’avoue que bientôt tous les centres de dialyse vont fermer au Sénégal, et les insuffisants rénaux vont tous mourir, parce qu’il y a 4 mille nouveaux cas par an. L’Etat ne peut pas supporter tous ces frais à cause de cette surfacturation. Nous avons crié nuit et jour pour que l’Etat prenne ses dispositions mais personne ne nous prête une oreille attentive. Le mardi presque tous les patients qui étaient partis au niveau des centres, ont été refoulés parce qu’il n’y a pas de kits», lance-t-il.

«Même les médecins néphrologues sont témoins des difficultés que nous rencontrons. D’ailleurs, le 31 décembre 2019, ils étaient en grève à l’hôpital Le Dantec, pour dénoncer leurs mauvaises conditions de travail. Car, non seulement ils sont en sous-effectif, mais chaque jour, si ce n’est pas un problème de kits de dialyse, ce sont des intrants qui sont en rupture. La semaine dernière, notre groupe n’a même pas pu faire sa dialyse. Nous sommes tous en sursis, aujourd’hui.

C’est une véritable mafia qui est entretenue sur la gestion de la gratuité des dialyses. Il faut des enquêtes sur ce marché noir. Parce que nous ne pouvons pas comprendre qu’on nous parle de rupture de kits et pourtant, il y a chaque jour des insuffisants rénaux qui décèdent. Où sont les kits de dialyse qui sont achetés pour leur traitement ?», s’interroge El Hadji Ndiaye, hémodialysé.

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