Une forte
pression aviaire est notée actuellement dans les périmètres rizicoles du delta
du fleuve Sénégal, où on attendait une production minimale de 300000 tonnes de
paddy et une production maximale de 460.000 tonnes de paddy, sur une superficie
totale emblavée de 49500 ha (l’objectif initial était de 50.000 ha), dans le
cadre de la campagne de contre-saison sèche chaude 2020.
Le président
du comité national interprofessionnel de la filière riz (Ciriz), Ousseynou
Ndiaye, a encore attiré l’attention de l’État et du ministère de l’agriculture
et de l’équipement rural, sur les dégâts très importants causés par les oiseaux granivores
sur cette superficie de 49.500 ha de riz.
Selon
Ousseynou Ndiaye, si rien n’est fait pour nous débarrasser de ces oiseaux,
on risque de perdre 25% de la production, ce qui équivaudrait à une perte de
plus de 115.000 tonnes de paddy (soit 75.000 tonnes de riz blanc). Cette
situation récurrente, due à cette forte pression aviaire, nous fait perdre
chaque année dans le delta, cette quantité de riz.
Une perte annuelle de 22 milliards Cfa
Et, à en croire
Ousseynou Ndiaye, la valeur marchande globale de cette quantité de riz perdue,
est estimée annuellement à 22 milliards Cfa. Il a précisé que les producteurs
assistent impuissants aux agissements de ces oiseaux granivores,
notamment les moineaux Quéléa-Quéléa et autres espèces, qui se sont
sédentarisés dans les champs de riz de la vallée.
« Les
effets néfastes des oiseaux granivores sur la culture du riz dans le
delta, ne menacent pas que l’économie, mais aussi l’autosuffisance en riz.
C’est dire que l’ennemi numéro 1 de la culture du riz, ce sont les oiseaux »,
a souligné M. Ndiaye.
Il a laissé entendre que seul l’avion mauritanien pourrait nous permettre
de faire face à cette forte pression aviaire et sauver le reste de la
production de paddy attendue. En attendant, nous avons pu collaborer avec la
Compagnie agricole de Saint-Louis (Casl) pour commander 1000 litres de produit
Fenthion, qui n’est pas encore disponible. Il faut que l’Etat sénégalais fasse
vite pour nous aider à sauver les récoltes de la contre-saison sèche chaude, à
rembourser les crédits qui nous ont permis de démarrer cette campagne agricole,
et à préparer, d’ores et déjà, la campagne hivernale de production agricole
2020/2021 dans la vallée du fleuve Sénégal.
2500
ha emblavés en riz par la Casl
Abondant dans
le même sens, le responsable de l’exploitation agricole de la Casl, Abdoulaye
Diop, a tiré la sonnette d’alarme, précisant que sa compagnie a déjà perdu une
production rizicole sur 500 ha, dévorée et saccagée par ces oiseaux granivores
(cette année, la Casl a ou emblaver 2500 ha en riz).
Selon
Abdoulaye Diop, si aucun moyen de lutte efficace n’est mis en œuvre, la Casl
pourrait enregistrer une perte de 50% de sa production, ce qui équivaudrait à
une perte d’1 milliard Cfa. A cause des oiseaux granivores, 500
emplois permanents de la Casl sont menacés et 500 autres personnes qui vivent
des effets induits de la production de cette compagnie agricole qui intervient
dans le delta du fleuve Sénégal, seront confrontées à d’énormes difficultés
pour survivre.
Déjà, a-t-il
ajouté, ceux qui travaillent dans l’usine de transformation du paddy aménagée
par la Casl à quelques encablures des champs, sont congédiés au chômage technique.
M.Diop a
indiqué que 1000 litres de Fenthion ont été commandés par la Casl, le 12
février 2020, mais la fabrication et la livraison sont actuellement retardées à
cause de la pandémie du Coronavirus. Le bateau qui doit livrer cette commande,
est attendu au Sénégal, le 6 juin prochain. Il a aussi rappelé que la Casl
dispose d’un hélicoptère qu’elle a déjà mis à la disposition de la Direction
nationale de la Protection des Végétaux (Dpv) pour la lutte aviaire. Mais, le
nœud du problème est que le pilote et le mécanicien qui doivent être à bord de
cet hélicoptère, sont bloqués en Europe, à cause de l’épidémie du Coronavirus.
La Casl dépense aussi 150 millions Cfa en gardiennage des cultures, avec une
très faible efficacité.
La Mauritanie,
a poursuivi Abdoulaye Diop, dispose d’un avion qui pourrait permettre de
neutraliser ces oiseaux granivores, avec un avicide dénommé
« Fenthion ». Il faut que les autorités sénégalaises se rapprochent
de leurs homologues mauritaniens, pour bénéficier de l’utilisation de cet avion
en territoire sénégalais. D’autant plus que notre Dpv n’a ni Fenthion, ni
Avion, pour faire face à cette forte pression aviaire.
Mbagnick Kharachi Diagne/Chroniques.sn