Début janvier, ce sont leurs conseillers qui se sont parlé, sans succès. Aujourd’hui, vendredi 21 janvier, les chefs de la diplomatie russe et américaine se retrouvent à Genève. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken est face à son homologue russe Sergueï Lavrov. Dans quel état d’esprit sont les deux hommes alors qu’on parle déjà de discussions de la dernière chance avant un conflit ?
Sur le terrain, la Russie démultiplie les démonstrations de force, rapporte notre correspondante à Moscou, Anissa El Jabri. Mercredi ont eu lieu des exercices militaires conjoints avec les forces biélorusses aux frontières de l’Ukraine et de l’Union européenne. Il y a aussi cette autre menace qui plane : une présence militaire russe permanente avec même des forces nucléaires sur le territoire biélorusse.
Jeudi, des opérations navales tous azimuts ont été lancées du Pacifique à l’Atlantique en passant par la Méditerranée, ce sont 140 navires de guerre et 10 000 hommes qui sont déployés. Des manœuvres conjointes avec l’Iran et la Chine sont même annoncées, sans qu’on connaisse encore la date.
« Nous ne menaçons personne. Nous mettons en garde », la phrase était signée, lundi 17 janvier, du vice-ministre russe des Affaires étrangères. Jeudi encore, un journal à tendance pro-gouvernementale émettait ce jugement : « Le Kremlin envoie un signal d’adoucissement aux États-Unis et à l’Otan », signalant des déclarations « indiquant clairement que le jeu s’essouffle. »
Les experts sur le sujet se divisent et chacun y va de son pronostic sur cette question : « Que veut vraiment Vladimir Poutine ? » ; sans réussir à trancher.
La volonté américaine de discuter… fermement
Fermeté, mais aussi volonté de discuter, c’est dans cet état d’esprit qu’Antony Blinken rejoint la Suisse, relate notre correspondant à Washington, Guillaume Naudin. Fermeté, parce que les États-Unis expliquent toujours qu’une invasion russe de l’Ukraine aurait un coût très élevé pour la Russie, avec des sanctions économiques jamais vues, mais aussi des pertes militaires importantes, les États-Unis ayant fait envoyer pour des centaines de millions de dollars de matériel aux Ukrainiens tout en mobilisant les pays de l’Est membres de l’Otan.
Cette fermeté, le secrétaire d’État doit d’autant plus l’afficher après les déclarations, corrigées depuis, du président américain laissant entendre qu’une incursion russe mineure pourrait entraîner une réaction moindre. Le problème de Moscou, c’est l’Otan et son extension vers l’Est. La Russie a dressé à ce sujet une liste de demandes inhabituellement détaillées pour garantir ses intérêts et sa sécurité.
De cela, Antony Blinken n’est pas prêt à discuter. Et il n’a pas prévu d’apporter de réponse écrite à ces demandes de garanties. En revanche, le chef de la diplomatie américaine va répéter que Moscou peut encore choisir la voie de la diplomatie et se dire ouvert à des discussions plus larges entre les deux pays, notamment sur la question du contrôle des armements ou de la transparence des exercices militaires.