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Commune de Gandon: Diagnostic sans complaisance des conséquences des changements climatiques.

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Les conséquences des changements climatiques notées dans la commune de Gandon, ont été analysées par les acteurs territoriaux de cette collectivité locale, au cours d’une grande rencontre présidée par leur maire, Mme Khioudia Mbaye. Un diagnostic sans complaisance de ces nombreux problèmes causés par les changements climatiques, sera pris en compte dans le cadre de l’actualisation du Pdc de cette commune, appuyée par le Projet Pfnac, financé par le Pnud.A cette occasion, le représentant de l’Ard, l’Expert Abdourahmane Gueye, a rappelé que la pluviométrie des années 1970, est considérée par les acteurs comme la principale cause du bouleversement de l’écosystème et de la biodiversité de la commune. A cela, s’ajoute le retard de plus en plus manifeste des pluies dont les premières gouttes sont enregistrées vers mi août 2019.
Ces bouleversements ont causé la sécheresse des années 1980, qui a entraîné l’assèchement et la disparition de plusieurs espèces d’arbres qui ont emporté avec elles, certaines forêts et réduit de façon considérable, la densité et la diversité des restantes. Elles sont aussi à l’origine de l’aridité continue des sols et de la remontée de la langue salée qui ont réduit de façon la productivité agricole et des espaces cultivables.
Ces changements climatiques, liés à la pluviométrie, ont eu des impacts négatifs sur différentes activités socioéconomiques du territoire, telles que l’agriculture et l’élevage. Au niveau de l’agriculture, ces variations ont en premier lieu réduit les surfaces cultivables, induit à l’envahissement du Typha Australis (herbes sauvages communément appelées Barakh en ouolof) dû à la baisse du niveau de l’eau. Certains champs sont aussi envahis par les chenilles poilues et autres insectes floricoles. Ceci a entraîné une surexploitation du fleuve et la quasi impossibilité de la culture de décrue pendant l’hivernage. Ce qui a comme impact, la détérioration des conditions de production et la baisse du niveau de productivité.
En second lieu, a poursuivi M. Gueye, les agriculteurs sont devenus plus dépendants des intrants tels que les semences, les engrais et les pesticides pour améliorer leur production. En plus du risque très élevé de pollution des sols avec les produits chimiques très nocifs aux nutriments naturels, cette hausse du coût de production les expose à collecter des prêts dont les intérêts leur sont très désavantageux. A ces conditions précaires, s’ajoute le ravage des champs à proximité de la réserve naturelle communautaire de Gandon, par les singes rouges Patas et les phacochères, du fait de la faible couverture herbacée et la raréfaction d’arbres fruitiers autour de cette réserve naturelle communautaire.

                                                    Impacts sur l’élevage

Au niveau de l’élevage, les effets se sont traduits par la baisse considérable et continue du tapis herbacé et le tarissement de plusieurs points d’eau. Ce qui a fortement réduit le périmètre pastoral pour le pâturage et induit à l’encombrement des populations au niveau des zones humides (vallée du fleuve) qui crée souvent des tensions entre agriculteurs et éleveurs (envahissement des champs par le bétail). En effet, les éleveurs sont désormais obligés de transhumer pour nourrir leur bétail de plus en plus affamé. Cette transhumance reste cependant insuffisante et les pousse à des pratiques alternatives, telles que la coupe illégale des branches d’arbres, qui contribue à la déforestation ou l’achat d’aliments qui restent très coûteux par rapport à leurs capacités financières. Ces conditions accentuent la précarité des éleveurs, en réduisant leur productivité avec des charges toujours plus élevées. A cela, s’ajoutent les maladies du bétail, dues aux déchets plastiques ou au contact avec les alentours de la réserve naturelle communautaire, avec ces singes rouges et ces phacochères, qui ne font pas l’objet de suivi de vétérinaires.

                                                    Impacts sur la pêche

La pêche est toujours pratiquée à Lampsar, localité de la commune de Gandon, située non loin de la route nationale, en allant vers Ross-Béthio. Mais, dans ce village, l’activité est fortement en baisse depuis plusieurs années. En plus de la menace de certains animaux, telle que la présence des hippopotames au niveau de la réserve de Bango, les sites à forte potentialité halieutique, sont envahis par le Typha et une grande quantité de sable. Ces contraintes sont pratiquement insurmontables pour les pêcheurs qui se font de plus en plus rares dans cette zone.

                                                        Érosion côtière

Les acteurs territoriaux de Gandon, ont aussi planché sur l’érosion côtière, qui est une véritable menace au niveau de cette zone du Toubé. La partie exposée à la mer, en est le témoin. En quelques années, plusieurs hectares de terres à usage d’habitation et autres parcelles cultivables, ont été englouties par les vagues de plus en plus violentes. Aujourd’hui, c’est des espaces d’habitat, agricoles ou de pâturage, qui sont menacés. D’autant plus qu’il n’y a pas de forêt pour servir de barrière et aucun aménagement n’est effectué (digue, par exemple) pour prévenir une future catastrophe.

                                                     Cyclone et tonnerres

En 2017, la commune de Gandon a enregistré un cyclone très violent qui est une première dans la zone. Elle a été dévastatrice avec la destruction de toitures de salles de classe, de postes de santé et des abris provisoires. Elle a aussi causé des effondrements de murs et de clôture de maisons ainsi que des poulaillers qui ont fait l’objet de beaucoup de pertes. En parallèle, depuis quelques années, les fortes pluies sont accompagnées de grondements et d’éclairs de tonnerre inhabituels qui deviennent de plus en plus violents.

De nombreuses recommandations ont été formulées par ces acteurs territoriaux et les représentants de l’Ard, parmi lesquelles, on peut notamment citer le reboisement, les aménagements préventifs d’espaces destinés à l’agriculture et à l’élevage, l’aménagement d’espaces verts, le développement de l’arboriculture fruitière, le reboisement des côtes, le curage et l’assainissement du fleuve, le reboisement autour des écoles pour protéger les murs contre les érosions éoliennes, l’implication des comités villageois dans la lutte contre les changements climatiques, l’augmentation des paratonnerres. L’ouverture du canal du Gandiolais (Prolongement du canal de Ndialakhar) en perspective de l’aménagement de nouveaux chenaux, l’aménagement de nouveaux points d’eau (forages), la nécessité de trouver une stratégie efficace de lutte contre le Typha (valorisation de ces herbes sauvages), la création de marchés autour de l’agriculture (chaines de valeur riz, par exemple), la mise en place de dispositifs pour accélérer les procédures administratives, la promotion d’une meilleure implication de l’Etat, figurent en bonne place dans ces recommandations. D’autres participants ont plaidé longuement pour la réduction du bétail et la pratique de l’embouche bovine, pour le développement des cultures fourragères (ce qui pourrait résoudre le problème de l’alimentation du bétail), pour la clôture des zones herbacées, pour la mise en place de magasins de stockage d’herbes, la création de marchés autour de l’élevage (chaines de valeur lait) et la réalisation de forages.                                                       

Mbagnick Kharachi Diagne/Chroniques.sn

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