Le Recteur de l’Ugb, Pr Ousmane Thiaré, a présidé
récemment à l’Ugb, la cérémonie solennelle du Colloque de clôture du projet
Acasis (Alerte aux Canicules au Sahel et à leurs impacts sur la
Santé). Devant un parterre de scientifiques venus d’horizons divers, mobilisés
pendant 5 ans de recherche autour de la problématique du réchauffement
climatique et son impact sur la santé des populations de l’Afrique
Sub-saharienne, il a précisé que le débat sur le réchauffement climatique ne
fait que commencer.
Auparavant, a-t-il
souligné, les effets déterminants des variables climatiques sur la santé
n’occupaient pas encore une place suffisante dans les débats des experts en
environnement. Cette préoccupation était débattue exclusivement dans les
cercles restreints des services en charge de la santé.
Selon le Pr Thiaré,
en l’espace de quelques années, la hausse des températures à l’échelle
planétaire ne se limite plus à la fonte des glaces dans le Pôle Nord, ou encore
à l’accélération des effets dévastateurs de la sécheresse dans les pays
du Sud, mais commence à engendrer réellement des problèmes de santé
publique avec de possibles conséquences en chaîne. Cette menace est prise très
au sérieux, lorsque la canicule à la surface de la terre a atteint, depuis
quelques années, des seuils jamais égalés, touchant les populations les plus
vulnérables.
Aujourd’hui, a-t-il
poursuivi, le champ de recherche sur le réchauffement climatique s’est
élargi ; la question de la répercussion de la canicule sur le système de
santé est devenue l’affaire de tous. Chacun aborde le sujet avec sa propre
grille d’analyse. Dans ce contexte il est heureux que des chercheurs africains,
en collaboration avec des chercheurs français, aient pris les devants en
organisant ce Colloque interdisciplinaire, d’où l’intérêt d’une approche
croisée permettant de mieux appréhender le phénomène et de passer d’un mode
réactif d’anticipation à un mode d’adaptation. Le réchauffement climatique
expose l’Afrique Sub-saharienne à un risque élevé pour la santé des populations
les plus vulnérables.
Le Recteur a laissé
entendre que les conditions climatiques extrêmes favorisent, à n’en point
douter, la résurgence des maladies épidémiologiques comme la Dengue (qui se
prononce Dingue), la Fièvre Jaune et le virus Ebola en Afrique de l’Ouest. Il
en veut pour preuve les 3 cas de Dengue détectés au Sénégal le mois dernier, et
plus spécifiquement au poste de santé Ndiaye-Ndiaye, dans le district sanitaire
de la ville de Fatick. En outre, il a été révélé que le changement climatique
est responsable de la détérioration de la qualité de l’air en Afrique
Sub-saharienne, surtout pendant les vagues de chaleur. Et avec l’augmentation
de la pollution de l’air, la fréquence des maladies non transmissibles, telles
que le cancer du poumon et les maladies cardiovasculaires, fait légion.
Auparavant, le
coordonnateur du projet Acasis, Serge Janicot, a rappelé qu’Acasis est là pour
la quantification de l’impact des températures en termes de santé, mais aussi,
pour mettre en place un système d’alerte précoce, porté par les agences
météorologiques du Sénégal et du Burkina Faso.
A en croire le
coordonnateur du projet, le choix du Sénégal et Burkina Fasso s’explique entre
autres par la disponibilité des outils de base météorologiques dans ces pays,
prenant en charge ces questions liées à la canicule.
Il a enfin rappelé
que le projet Acasis mobilise autour d’un consortium pluridisciplinaire issu de
laboratoires français et africains, des climatologues, physiciens de
l’atmosphère, météorologistes, biostatisticiens, médecins, démographes, socio
économistes, épidémiologistes, géographes, ainsi que les agences
météorologiques nationales du Sénégal et du Burkina Faso.
Le lien entre la chaleur et les changements
climatiques, mis en exergue
En marge de cette
cérémonie solennelle de clôture du colloque axé sur « Le projet
d’alerte aux canicules au Sahel et leurs impacts sur la santé (Acasis) »,
présidée à l’auditorium de l’Ugb 2 par le Recteur Ousmane Thiaré,
le Professeur Jean Marie Dembélé, directeur de l’Unité de formation et de
recherches des sciences appliquées et de technologie de l’université Gaston
Berger de Saint-Louis, s’est déclaré très satisfait des résultats de ce
colloque internationale, qu’il juge « probants et satisfaisants’ »
qui seront partagés avec les institutions et les services extérieurs concernés
par cette problématique.
Face à la presse, M.
Dembélé, enseignant-chercheur de gros calibre et de renommée internationale, a
rappelé que l’idée d’organiser ce colloque de trois jours
« était de
réfléchir sur une base commune face à ces vagues de chaleur, avec la
participation des experts français et africains en médecine, des climatologues,
physiciens de l’atmosphère, météorologistes, biostatisticiens, démographes,
socio économistes, épidémiologistes, géographes, et des représentants des
agences météorologiques nationales du Sénégal et du Burkina Faso ».
L’objectif majeur de
cette rencontre internationale, a précisé M. Dembélé, était de faire en sorte
que les résultats de ces échanges qui seront largement vulgarisés, soient mis à
profit par les pouvoirs publics pour une meilleure prise en charge des nombreux
problèmes de santé publique dus à cette forte canicule, auxquels les
populations sont quotidiennement confrontées.
Abondant dans le
même sens, d’autres enseignants-chercheurs africains se sont succédé au micro
pour mettre en exergue le lien entre la vague chaleur et le phénomène des
changements climatiques. Ces derniers ont invité les populations à avoir le
réflexe d’éviter la déshydratation et de s’exposer à tout moment au soleil.
Ces sommités du
monde académique ont laissé entendre que le coup de chaleur est une
forme extrême d’hyperthermie, autrement dit une situation où le corps n’arrive
plus à maintenir la température en dessous de 37,7 degrés. Il résulte d’« un
déséquilibre entre la quantité de chaleur que le corps subit et sa capacité à
la dissiper ». Au-delà d’un certain seuil, le coup de chaleur peut être mortel
et sa prise en charge représente une urgence vitale. Selon ces experts
africains et français de la santé et de l’environnement, « dans les cas
graves, la température peut atteindre plus de 40 degrés et des troubles
neurologiques se manifestent, comme un état de confusion, des hallucinations,
une perte de conscience, voire une crise d’épilepsie, etc ». En effet,
lors de hautes températures, le coup de chaleur touche les personnes qui n’ont
pas la capacité de s’adapter, c’est-à-dire surtout les personnes âgées et les
jeunes enfants. La chaleur gêne, fatigue, énerve. Elle peut aussi tuer.
A en croire ces
experts français et africains, lors de la canicule de 2003, on a compté
70 000 décès supplémentaires en Europe par rapport à la normale. Depuis,
les autorités ont développé des plans canicule pour éviter une nouvelle
hécatombe.
Selon le
coordonnateur du projet Acasis, Serge Janicot, cette rencontre a relevé
« la spécificité des vagues de chaleur au Sénégal et au sahel dans sa
globalité » et mis en exergue son lien avec le réchauffement climatique.
Expert à l’institut
de recherche et de développement (Ird), M. Janicot a fait remarquer que
« ces événements climatiques ont tendance à fortement augmenter et
s’intensifier avec un impact négatif sur la santé des populations en terme de
mortalité ».
Pour cet expert
français, les institutions nationales et internationales doivent recueillir les
résultats de la recherche pour « une prise en compte de ce problème
de santé publique, largement négligé en Afrique, tout en mettant en place des
solutions préventives et d’alertes précoces face à la précarité des habitats
affectés par la vague de chaleur ».
Mbagnick Kharachi Diagne
You must be logged in to post a comment Login