C’est encore
l’émoi et la consternation dans les différents quartiers de la Langue de
Barbarie, notamment à Guet-Ndar, Santhiaba, Gokhou-Mbathie et à l’hydrobase.
Les populations des différentes communautés de pêche de Saint-Louis, ont appris
hier, une triste nouvelle, relative à une collision, dans la brèche aménagée au
niveau de l’embouchure du fleuve Sénégal, entre deux embarcations frêles et
vétustes. À l’issue de cet accident d’une rare violence, trois personnes sont
portées disparues.
Il
convient de rappeler que la ville coloniale de
Saint-Louis, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, est construite sur une
île de l’estuaire du fleuve Sénégal. À cet endroit, le fleuve longe la côte
vers le Sud et n’est séparé de l’océan que par une mince flèche de sable de
quelques centaines de mètres de large, la Langue de Barbarie, qui protège la
cité de l’assaut des vagues. Jusqu’en 2003, elle empêchait une évacuation
rapide des eaux du fleuve lors des crues, car elle s’allongeait sur environ
trente kilomètres au sud de la ville. De ce fait, la cité était soumise à des
inondations fluviales récurrentes en fin de saison des pluies. L’ouverture
artificielle d’une brèche, 7 kilomètres au sud de la ville, suite à la
crue d’octobre 2003, a radicalement changé l’inondabilité de la cité.
En
effet, depuis cette époque, la ville n’a plus été inondée par le fleuve car
l’élargissement spectaculaire de la brèche, qui est devenue la nouvelle
embouchure, permet aux eaux de s’évacuer rapidement lors des crues. Cependant,
en corollaire, les courants marins ont fortement modifié le régime
hydrologique.
Les pêcheurs
de la Langue de Barbarie se sont réunis à plusieurs reprises pour crier leur
ras-le-bol et réclamer le dragage de la brèche de Saint-Louis ouverte depuis
2003. Ce canal, entre 2003 et aujourd’hui a englouti plus de 412 pêcheurs.
Mbagnick
Kharachi Diagne/ CHRONIQUES.SN