Le syndicat des magistrats du Tchad a appelé à une grève sèche et illimité après l’agression, le 10 mars 2022, d’un juge à Moa dans le nord du pays. Depuis le début de la grève, le syndicat a recensé des nouveaux cas d’agression, d’après un communiqué publié le 28 mars. La colère des magistrats ne faiblit pas et les usagers doivent patienter pour voir leurs audiences reprogrammées.
Dans son cabinet, maître Alain Kagombé ne reçoit plus ses clients. Les magistrats sont en grève, la justice du pays est à l’arrêt. Résultat, sur son bureau, les dossiers s’accumulent. « Tout ça c’est des gens qui attendent ! Il y en a toute une pile. »
Et il ne compte plus les audiences qui ont été annulées : « J’en ai beaucoup, et chaque jour il y a trois quatre audiences qui se tiennent. Nous sommes bloqués, et ceux qui payent le lourd tribut ce sont ceux qui sont en détention. On rend visite à ceux qu’on peut, les prisonniers attendent d’être fixés sur leur sort, mais maintenant avec l’accumulation, la maison d’arrêt est saturée. »
À Ndjaména, le tribunal d’habitude bondé de monde est désert. « La grève est largement suivie, les bureaux sont vides, les salles sont vides », commente Djonga Arafi, le secrétaire général du syndicat de la magistrature qui a appelé à la grève. La principale revendication : sécuriser les tribunaux dans l’ensemble du pays.
« Un procureur de la République, tabassé, molesté, c’est inconcevable. On nous a dit qu’on va déployer des forces de sécurité pour assurer tant la sécurité des magistrats que des justiciables. Mais à l’heure où je vous parle, il y a maintenant quelques dispositifs de sécurité, dans le reste du pays il n’y a rien », assure Djonga Arafi.
Les magistrats ne comptent pas reprendre le travail tant que leur sécurité n’est pas garantie. De leur côté, les autorités ne se sont pas encore exprimées sur cette nouvelle grève.