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Artisanat et Culture Hasanya en milieu maure : la bravoure des tanneuses de Diama Yélaar, héritières d’un savoir-faire ancestral.
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6 ans ..Date :
Par
Marie
Riche d’un savoir-faire, dans le domaine du commerce, de l’agriculture, et de l’artisanat, la communauté maure sénégalaise, bien représentée dans de nombreux villages de la commune de Diama, ne ratent pas la moindre occasion de contribuer efficacement au développement économique, social, politique et culturel de notre pays. Ceux qui vivent dans la zone de Yélaar, excellent dans les métiers du tissage des nattes, du travail du cuir, de la production et de la vente des perles, de la fabrication de théières et autres accessoires, dont les populations ont toujours besoin pour réguler les « trois normaux ». Cette communauté maure de Diama Yélaar, ouverte et accueillante, tolérante et indulgente, favorable au brassage et au métissage inter ethnique sénégalais, demeure enracinée dans sa culture Hassanya, qui lui permet de s’affirmer, de s’épanouir, de s’extérioriser et surtout, de communier, dans la joie et l’allégresse, avec ses concitoyens wolofs, haal-pulaar, séréres, diolas, mandingues, soninkés, ballants, mancagnes, etc. Elle se fait distinguer par des manifestations culturelles, sous forme de théâtres, de danse, de chorégraphie, de concert Havleu, etc……
Grand Reportage de Mbagnick Kharachi Diagne/ CHRONIQUES.SN
La route est écrasée de chaleur. Nous sommes sur le chemin qui mène à Mboubène Naar, une localité de la commune de Diama, située une vingtaine de kms de la capitale du Nord, qui abrite pas moins de 300 âmes. Ce terroir est niché quelque part dans la zone de Diama Yélar, à quelques encablures de Darou Salam, Taba Tach, Taba Ahmétou, Taba Treich, Keur Samba Hamady, Chabab et autres localités maures. Ces villages sont ouverts à tous les vents, au milieu de vastes plaines sablonneuses.
Ces bourgs sont dans un milieu agréable, où on constate très souvent un état de développement végétatif satisfaisant, un milieu paisible qui accueille avec fierté ces scientifiques curieux et méticuleux, prêts à tirer tous les enseignements de ce niveau impressionnant d’activité photosynthétique de la communauté végétale de Diama et des localités environnantes. Ici, il convient tout simplement de rappeler que la photosynthèse est ce processus biochimique intracellulaire, qui permet aux végétaux et autres organismes autotrophes d’utiliser la lumière solaire et des éléments inorganiques (comme l’eau et le gaz carbonique) pour produire des glucides, donc de la matiere organique, dans le but de croître et de se développer. Diama est ainsi un milieu enrichissant sur tous les plans et à tous les niveaux, où on retrouve une strate arborée et arbustive, riche en autotrophes et autres végétaux aux vertus revitalisantes, adoucissantes et hydratantes, où on peut évacuer le stress des grandes villes, où on peut également oublier les jours et les nuits de fol espoir et de misères passées dans les grands centres urbains. Un endroit romantique et aéré, où l’homme retrouve aisément sa température de neutralité thermique, correspondant à son métabolisme basal. En cette période hivernale, l’été flambe. Du sol desséché monte des bouffées d’air suffocant. L’avant-garde des nuages pique de fleurs éclatantes l’émail indigo du ciel. D’un moment à l’autre, l’orage peut bien nous surprendre. Les paysans qui s’activent dans les champs situés entre Ndiawdoune et Mbakhana, ont bien pu décoder ce langage ésotérique de la nature. Alors, c’est normal de les voir se hâter pour engranger la récolte.À partir du croisement de Ndiawdoun, nous empruntons la route qui mène vers le barrage de Diama. Il nous faut juste parcourir un trajet de 3 kms pour tomber sur un kaléidoscope qui reflète à vue d’œil le lieu de vie des Maures de Mboubène Naar, avec un style bien inspiré de leurs parents du désert du Trarza. De prime abord, ce village ne paie pas de mine. Tantôt, nous sommes émerveillés par des chefs d’œuvres architecturaux. Impressionnés par des arabesques, colonnades, arcs, mezzanines et autres figures géométriques qu’on retrouve dans l’art décoratif maghrébin. Ici, la seule différence est que ces tentes savamment bariolées, décorées de signes hiéroglyphiques, côtoient cette guirlande de maisons en banco ou construites en dur. Et il n’est pas impossible de découvrir dans ces quelques pièces de « ciment jeté » aux façades ocres ou brunes, le travail artisanal remarquable effectué par de braves femmes maures résolument engagées à prendre en charge leur propre développement. Avec cette facilité instructive que nos concitoyens du monde rural possèdent pour reconnaître les gens de leur race, nos interlocutrices devinent tout de suite ce que nous sommes venus faire dans ce coin. A travers leur message véhiculé par des phrases ronflantes, elles expriment ce qui les motive dans ce travail.
Vertus
Ces dernières, même si elles acceptent de répondre aux questions des visiteurs, requièrent l’anonymat (la plupart) pour éviter d’abord de regarder leurs interlocuteurs, les yeux dans les yeux, et ensuite font comprendre qu’elles n’ont jamais accepté de se ravaler au simple rang de ménagères. Ici, la vie est rustique, mais, elles essaient toujours de partir de leur propre créativité pour se réaliser. Avec pour seul viatique, faire mieux que leurs devancières, se limiter aux prescriptions religieuses et économiser le maximum de capitaux qui permettront d’aider leurs époux et d’entretenir les enfants durant l’année scolaire. Pour ce faire, elles développent des vertus qui tournent essentiellement autour de la piété, de la tempérance, de l’altruisme et de la mystique du travail bien fait. Comme dans d’autres villages maures de cette zone, nichés entre les dunes de sable, ces femmes tirent largement profit du business des peaux de ruminants. Héritières d’un savoir-faire ancestral, les femmes maures de Mboubène Naar, selon le représentant du chef de village, Ahmeth Sakhir Fall, pratiquent toujours la tannerie.
Elles ont de moins en moins des problèmes sanitaires, et arrivent, tant bien que mal, à faire face aux difficultés de commercialisation de leurs produits. D’autant plus que l’appui de l’Etat, par l’entremise du Mca et du Groupe Eiffage/Sénégal (qui ont construit une belle tannerie à Mboubène Naar) donne des lueurs d’espoir aux professionnels de la filière. La particularité artisanale de ces villages maures de Diama, est aussi la fabrication de belles nattes de roseaux tressées avec de fines lanières de cuir, et dont les mosaïques sont inspirées de traditions ancestrales. Dans cette ethnie, l’antique savoir-faire du tannage est avant tout une affaire de famille qui se transmet de génération en génération. Ces femmes, notamment, la présidente du Groupement de Mboubène Naar, Raby Diagne, ses proches collaboratrices, Awa Fall, Valleu Fall et Vatmatou Fall, rendent encore hommage au Groupe Eiffage/Sénégal qui leur a aménagé des tanneries modernes équipées d’accessoires qui leur permettent d’améliorer leurs conditions de travail. A les entendre parler, nous avons une idée précise du calvaire qu’elles endurent. Car, il faut nécessairement écharner des peaux de bête avec un long couteau ou autres objets pointus, aiguisés et contondants. Elles sont obligées d’aller chercher ces peaux dans les quatre coins de notre pays. De retour à Diama, elles étendent ces peaux à même le sol, pour y mettre du « Nèp-Nèp » (produit appelé Sahala en maure) et du gaz anti-sel (celui qu’on utilise dans les ateliers de tôlerie). Après ce travail difficile, il faut y mettre du sel pour, non seulement, étouffer la moindre odeur qu’elle pourrait dégager, mais surtout pour la conserver aussi longtemps que possible. Elles sont obligées de porter également des gangs pour se protéger contre ce gaz anti-sel, sinon, elles risquent de se retrouver avec des mains abîmées par la toxicité de ce produit. Il faut aussi poncer les peaux d’ovins, de bovins ou de caprins dans de grandes bassines remplies de produits toxiques. Le plus dur, c’est d’être obligé de supporter cette odeur âcre et entêtante qui émane de la tannerie. De braver, très souvent, la poussière, l’inconfort, la chaleur. De se retrouver dans certains foyers infectieux où on cohabite forcément avec les streptocoques, les staphylocoques et autres bactéries responsables de nombreuses infections et prêtes à faire disparaître tout être vivant. Des bactéries qui n’arriveront jamais à les terrasser, pour la bonne et simple raison qu’elles ont la foi islamique en bandoulière et qu’elles arrivent à mettre de la baraka dans ce qu’elles font. Etant entendu que le contact entre ce milieu et le profane en la matière, peut provoquer une poussée d’adrénaline. Un autre problème, c’est de faire ensuite des mains et des pieds pour aller écouler leurs produits au marché « Syndicat » de Pikine, à Dakar. Ce qui les sauve souvent, c’est de rencontrer, en période faste, des cordonniers qui préfèrent acheter leurs produits, au lieu de se rabattre sur des produits industriels qui ne présentent pas, selon elles, la même qualité que les produits artisanaux. Elles reconnaissent néanmoins que c’est un créneau porteur de développement, qui leur permet de travailler honnêtement et dans la dignité, de survivre et de subvenir aux besoins de leurs progénitures. Par la même occasion, elles attirent encore l’attention du gouvernement, sur l’urgence et la nécessité de renforcer les moyens dont elles disposent, de les aider à accéder aux financements et à mieux commercialiser ces peaux. Quant au chef de village, Ahmeth Sakhir Fall, il se préoccupe plutôt de l’entretien et du gardiennage de cette tannerie très moderne de Mboubène.
Cohabitation par coexistence
Parlant au nom du chef de village absent, Ahmeth Sakhir Fall, s’empresse de rappeler que les maures sénégalais sont des citoyens à part entière « et non entièrement à part », précisant que ce terroir a été créé par une famille du nom de Mboup. Il a été aussi le domaine de prédilection des séréres qui ont habité dans cette zone pendant très longtemps. Dans ce village, a-t-il souligné, les Maures se nomment Seck, Thiaw, Diagne, Fall, Diop, et ont appris à cohabiter dans la coexistence, « on ne connaît pas la confrontation, on développe une solidarité agissante, qui nous permet de produire ensemble de l’arachide, du niébé, du riz, du gombo, des courges, de la carotte, du navet, de l’oignon, de la tomate, des pastèques et même du riz ».
Selon Ahmeth, tous les Maures qui vivent à Diama, à Diadiem 1, 2 et 3, vers le Djoudj, à Ndiol, Mboltogne, Savoigne et dans d’autres localités du delta et de la vallée du fleuve Sénégal, ont des liens de parenté et sont fiers d’être des citoyens sénégalais.
Tous ces Maures sénégalais, a-t-il poursuivi, s’activent de toutes parts pour contribuer efficacement au développement économique et social du pays. Pour toutes ces raisons, a-t-il expliqué, « nous sommes très sensibles à toutes les actions de développement entreprises par l’Etat et nous nous évertuons à adhérer massivement au Pse, au Pnar et au Pracas ».
De l’avis d’Ahmeth Sakhir, ce qui est réconfortant, c’est que les bras valides de Mboubène Naar, « même s’ils ont tendance à aller chercher du travail dans les grandes villes, ne s’intéressent pas à l’émigration clandestine ». Le seul fait qu’il déplore est que ces jeunes maures de Ndiawdoune parlent de moins en moins le hasanya, « les jeunes filles ont pu conserver le trousseau vestimentaire traditionnel fait de meulfeu, mais elles ont perdu certaines habitudes maures héritées de nos coutumes ancestrales ».
Produits artisanaux
Dans l’île de Saint-Louis, plus précisément au Nord, les visiteurs peuvent découvrir de nombreux produits artisanaux maures qui sont souvent cédés aux touristes à des prix raisonnables, lors du festival international de jazz, du Maggal des deux rakaas, des fêtes et autres événements culturels de grande envergure. Dans certaines boutiques de Lodo ou, aux abords des pharmacies situées à l’entrée de ce quartier, des nattes, des perles, des bracelets, des chaussures, vêtements, des joailleries, attirent les touristes. Nos concitoyens maures n’éprouvent aucune difficulté à vendre ces produits. Juste à hauteur du tribunal régional, une ribambelle d’enfants talibés hilares et dépenaillés, s’amusent avec quelques touristes. Ils s’esclaffent, se tiraillent, se contorsionnent en faisant des grimaces qui font rire à gorge déployée ces visiteurs. Quant à la jeune Salma Fall, domiciliée à Gokhou-Mbathie, elle n’est pas intéressée par ce spectacle. Accompagnée de ses deux cousines originaires de Lahrar (dans le Gandiolais), elle est interpellée par notre photographe. Ces jeunes femmes ne veulent pas être photographiées. Elles acceptent néanmoins de nous faire comprendre qu’elles enregistrent toutes les semaines de bons chiffres d’affaires. Clinquantes dans leur meulfeu, flasques, flemmardes et flageolantes, elles exhibent un visage en forme aérodynamique, très fin sur le tracé des lignes, un nez aquilin, un teint cuivré. Coriaces, tenaces, fermes, intransigeantes, elles ne sont pas prêtes à déprécier, à brader leur art. Elles ne badinent pas avec leur business. Stoïques et toujours requinquées par la pureté de l’air du Gandiolais et de Gokhou-Mbathie, ces amazones ont bien appris à se comporter comme ces plantes robustes levées au grand soleil. Ce qui est important dans la vie, « c’est de s’occuper, de travailler, de se débrouiller, pour ne pas dépendre entièrement des hommes car, le coût de la vie augmente de plus en plus ».
Avant d’arriver à la grande mosquée du Nord de l’île, nous avons l’occasion de trouver Abdallah Fall dans sa boutique. Pour lui, on ne peut pas parler de Dakar sans faire allusion à Pikine Khourounar, la ville de Saint-Louis n’aura pas de sens si on lui enlève Gokhoumbathie, à Thiès, on vous parlera de Gaad-ga, à Ziguinchor, on retrouve les maures à Darou Salam. Bref, « les Maures sénégalais sont très nombreux et on les retrouve dans tous les coins et recoins de notre pays». Abdallah fait partie de la dixième génération qui gère cette boutique créée depuis 1964. Il nous a fait comprendre qu’il est né au Nord de l’île et que personne n’est plus sénégalais que lui. « J’ai des pierres dans l’édifice de l’hôtel de ville », a-t-il martelé. Abdallah n’aime pas trop parler de ses affaires, « parce qu’elles ne marchent plus, le tourisme ne nous donne plus grand-chose, nous comptons entièrement sur les grands événements pour écouler nos marchandises, ce que je recommande aux autres maures sénégalais, c’est de s’entraider, de développer une solidarité agissante pour épauler leurs parents maures sénégalais, je m’adresse surtout aux intellectuels maures sénégalais qui ont tendance à oublier leurs valeurs culturelles et leurs coutumes ancestrales ».
Trois tanneries aménagées dans la commune de Diama
Depuis trois ans, de nombreuses femmes de Yélaar, une zone du delta du fleuve Sénégal située dans la commune de Diama, travaillent dans de très bonnes conditions dans les trois tanneries construites et aménagées par le Mca et le cabinet Msa « Malick Sow et Associés » dans les villages de Mboubène Nar, Taba Treich et Amoura. Ce projet a été réalisé dans le cadre de l’assistance des familles impactées par le programme Mca. Une subvention a été octroyée aux trois groupements de promotion féminine qui gèrent ces tanneries, à raison de 1.250.000 F Cfa par groupement.
Lors de l’inauguration de ces trois tanneries, le sous-préfet de l’arrondissement de Ndiayes, s’est réjoui, au nom du gouvernement, des efforts constants déployés par Mca/Sénégal et son partenaire privilégié et stratégique, le cabinet « Malick Sow et Associés » pour réinstaller toutes les familles de cette zone de Yélaar affectées par le projet Mca.
Mamadou Moustapha Ndoye, expert du Mca/Sénégal, s’est engouffré dans cette brèche pour préciser que ces réalisations sont dues à une étroite collaboration entre le Mca et le cabinet Msa.
Le chef de mission de Msa à Saint-Louis, Sammy Nkrumah, a magnifié l’exemplarité de la coopération entre le Mca et le cabinet Msa, qui a permis non seulement aux populations impactées par le projet Mca de se réinstaller dans d’autres zones viables, mais de bénéficier surtout de petits projets qui ont pour objectif d’améliorer leurs conditions de vie.
Selon M. Nkrumah, dans le cadre de la mise en œuvre du PAR delta, le cabinet Msa avait trois principales taches qui tournent essentiellement autour de l’appui à la réinstallation des personnes affectées par le projet, à l’assistance sociale, à l’accompagnement de ces dernières et au suivi de cette réinstallation.
La deuxième activité liée à l’assistance sociale et à l’accompagnement, a-t-il poursuivi, a permis à 170 personnes physiques vulnérables et affectées par le projet Mca, à 9 groupes dits vulnérables, de bénéficier d’un appui financier du Mca pour mettre en œuvre des microprojets économiques, et de subvenir aux besoins de leur progéniture.
Ainsi, a souligné Sammy Nkrumah, plusieurs activités économiques ont permis à ces populations en difficulté de faire du maraîchage, de l’aviculture, de l’embouche bovine et ovine, de s’adonner à la riziculture, à la transformation et à la commercialisation des cuirs et peaux.
Le cabinet Msa, à en croire Sammy Nkrumah, dans le cadre de ses activités liées à la responsabilité sociétale d’entreprise (Rse), a consenti une partie de ses ressources pour appuyer ces trois groupements de femmes de Mboubène, Taba Treich et Amoura, dans la prise en charge des coûts de l’eau. Il est ainsi mis à la disposition de chaque groupement, un Groupe moto pompe complet et constitué de tuyaux aspirateurs et de refoulement et un fût d’une contenance e 1000 litres pour le stockage de l’eau.
Au-delà de ces équipements, le cabinet Msa a mis à la disposition de ces groupements une équipe technique pour leur apporter l’appui-conseil nécessaire au bon fonctionnement de leurs organisations et la mise en relation avec les partenaires dans le cadre de l’insertion dans l’environnement des affaires.
La culture Hasania
Dans ces villages de la commune de Diama, les différentes troupes folkloriques maures de Darou Salam, Taba Tach, Taba Ahmétou, Treich, Keur samba Hamady, Chabab, rivalisent d’ardeur et de talent à l’occasion des cérémonies de baptêmes et de mariages, en mettant en exergue la culture Hasania à travers une chorégraphie majestueuse. Des rencontres qui leur offrent l’opportunité d’esquisser des pas de danse Havleu ou Jaguar soutenus par une musique maure bien particulier du désert, conçu avec le tidinit, petit luth à quatre cordes sans archet, un balafon, qui est une sorte de xylophone entièrement, font de bois ( il comporte entre 18 et 26 lames de différentes tailles, ce qui produit différents sons et se joue avec une paire de baguette), le djembé, un instrument de percussion. Le corps de cet instrument fait de divers bois peut avoir différentes tailles et formes. La partie supérieure, sur laquelle on tape, est composée de cuir (chèvre, chameau…). Ces instruments populaires sont nombreux en Mauritanie. Avec une dextérité remarquable, ces musiciens maures font vibrer le «tbel » (grand tam-tam) et une sorte de kora, apparentée à la guitare et à la harpe, composée de différentes cordes reliées à une caisse de résonance en forme de demi-sphère et à un axe en bois. En partageant ces beaux moments avec nos parents maures sénégalais de Diama Yélaar, des souvenirs surgissent de notre passé, réveillent les mémoires, nous font revivre les mélodies de Malouma Mint Meydah, musicienne mauritanienne la plus connue sur la chaîne internationale, Dimi Mint Abba, c’est la plus populaire sur la chaîne nationale mauritanienne.
On peut rajouter d’autres vedettes comme Oleya Mint Amarchitt, Sedoum Ould Eida, Baba Ould Himbara et le rappeur semi-harratin et Wolof, Papis Kimy qui a cartonné avec son album sorti en 2003.
Selon le jeune professeur de lettres, Ahmeth Ould Babana, originaire de Diadiem, il n’existe pas une musique mauritanienne, car comme pour le reste de la culture en Mauritanie, celle-ci est spécifique à chacune des communautés qui composent la société. Bien sûr, on associera plus facilement musique mauritanienne et musique maure traditionnelle, l’imaginaire voguant vers le désert et ses nomades. La musique est pourtant tout aussi présente dans les communautés peules, Wolof et Soninké.
Dans la société maure, a-t-il rappelé, la poésie et la musique sont probablement les arts les plus développés. La transmission de l’oralité de la musique hérite de la caste des griots iggawin. Cheikh Dimi Mint Abba dont le père chanteur très réputé est l’auteur de l’hymne national fait partie de cette caste. Très tôt, elle apprend la danse et les percussions. Sa mère se charge de lui enseigner la pratique de l’ardin qui constitue un instrument de musique apparenté à la harpe et dont la base en peau tendue sert aussi de percussion est en effet réservée aux femmes tandis que les hommes se consacrent au luth tidinit à quatre cordes.
La musique maure traditionnelle, a-t-il précisé, est un métissage musical qui a subi plusieurs influences. Ses accents plaintifs proviennent de l’Andalousie. Les tambours (tbel), joués par les femmes, rythment les danses et les chants. Les hommes jouent du tidinit, petit luth à quatre cordes sans archet. La musique puise également son inspiration dans les chants guerriers et festifs nomades. On peut y retrouver les thèmes religieux, de la bravoure des guerriers et autres poèmes ancestraux.
Le Hassaniya dans la société
À plus d’un titre, le hassaniya, langue bien maîtrisée par les maures sénégalais, montre une situation particulière en Mauritanie. Il s’agit d’une langue parlée, sinon comprise non seulement dans la communauté la plus nombreuse du pays, mais aussi par bon nombre des membres des autres communautés. Mais de plus, et c’est ce qui en fait l’originalité, le hassaniya est une langue en expansion en même temps qu’une langue qui semble être exclue de l’aménagement linguistique des pays de la sous-région.
On note dans les publications de Nazam Halaoui, que le hassaniya, dialecte arabe de Mauritanie, reconnu comme tel par la géographie dialectale du monde arabe, est la langue maternelle de la population arabe de Mauritanie, c’est-à-dire celle des Maures, étant entendu que ceux-ci peuvent être de race blanche ou de race noire. Concernant le nombre de locuteurs de cette langue, on ne dispose ni de chiffres récents ni de chiffres précis. Par contre, on peut délimiter l’espace naturel de vie de la communauté maure, ce qui peut donner une idée de l’importance de l’ère d’utilisation de la langue. À l’intérieur des frontières du pays, cet espace couvre, en allant du nord vers le sud, les deux tiers sinon les trois quarts du territoire mauritanien. En dehors du pays, le même espace déborde la frontière est du pays et couvre une partie des territoires algérien et malien, surtout la frontière nord, et englobe l’ex-Sahara espagnol.
Selon Nazam Halaoui, si le hassaniya est considéré comme un dialecte, il peut aussi être considéré comme une langue, qui résulte de l’imposition de l’arabe à une communauté qui parle une autre langue, le berbère. Le hassaniya tient donc à la fois du berbère et de l’Arabe. En effet, la langue connaît de nombreux mots d’origine berbère, notamment dans des domaines comme ceux de l’élevage ou de la toponymie. Cependant, les mots du lexique de la langue sont en majorité d’origine arabe, ce qui n’exclut pas des différences avec cette langue, celles-ci apparaissant aussi bien sur les plans phonologique et morphologique que sur le plan de la réalisation. Le hassaniya n’est pas écrit, sauf par ceux qui l’étudient sur le plan scientifique : les linguistes, les érudits, etc. Il s’agit d’une langue essentiellement parlée, et c’est de l’oral qu’il tient son existence. Il est dans ce cadre la langue de la chanson et de la poésie maures. Il est la langue de la communication spontanée dans les populations maures sénégalaise et mauritanienne et chez bien d’autres locuteurs. Il est aussi, il faut le faire remarquer, le recours de ceux parmi les Maures qui se hasardent à utiliser l’arabe moderne dans la communication orale, ce qui indique que le maure revient toujours à cette langue. Enfin, malgré les spécificités des variétés dialectales, il est la langue dans laquelle le maure de l’est se fait comprendre par celui du centre, et dans laquelle le Maure du nord se fait aussi comprendre par celui du sud.

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D’après Les Echos, Ahmed Aïdara a invoqué «un déficit budgétaire criard». Ainsi, renseigne le journal, GFC a jusqu’au 1er octobre prochain à 18 heures pour vider les lieux. L’édile de Guédiawaye offre cependant la possibilité de renouveler la convention «dans d’autres circonstances particulières qui seront définies d’accord parties».
Les Echos rapporte que Lat Diop ne l’entend pas de cette oreille. «Il veut nous retirer le stade que Aliou Sall avait mis à notre disposition sur la base d’une convention de quatre ans, en contrepartie de l’appui financier que la ville devait octroyer à GFC. Il ne sait même pas qu’il ne peut dénoncer une convention de façon unilatérale», souligne le président du club de football.
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La Douane de Thiès a procédé à l’incinération de produits prohibés d’une contrevaleur de 437 millions de francs CFA.
Les produits prohibés saisis en 2021, dans le cadre des opérations de « bouclage » des couloirs et réseaux de trafic illicite, sont composés de faux médicaments vétérinaires d’une contrevaleur de 175 259 382 francs CFA ; de 3529 kg de chanvre indien pour une contrevaleur de 236 940 000 francs CFA ; de sachets en plastique pour une contrevaleur de 25 000 000 francs CFA.
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Le Lieutenant-Colonel Amadou Lamine Sarr, Chef du Groupement polyvalent de Recherche et de répression de la fraude a rappelé la dangerosité des produits incinérés sur la santé de la population.
Il a affirmé une fois de plus l’engagement de son unité à combattre farouchement le trafic illicite sur toutes ses formes conformément aux directives de la Direction générale des Douanes, le DG en particulier.
L’Adjointe au Gouverneur, Tening Faye Ba, a ensuite, invité les populations, celles du littoral plus précisément, à une collaboration plus étroite avec les forces de défense et de sécurité.




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