Alboury Ndiaye, Président de la Fédération Nationale des Offices de Tourisme et Syndicats d’initiative (Fnotsis), a pu capitaliser une expérience enrichissante dans le domaine du tourisme. Il fait partie aussi des initiateurs du Festival international de jazz de Saint-Louis. Ancien Directeur de l’hôtel Coumba Bang et actuel Directeur de l’hôtel de la Poste, il a eu l’occasion d’enseigner à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis pendant sept ans dans le domaine du tourisme (Economie touristique et Aménagement touristique).
Dans cet entretien, cet intellectuel sénégalais, devenu une figure emblématique de la ville tricentenaire, dans les domaines de l’économie, de la société, du tourisme, de la culture, etc, nous donne une idée précise de l’importance du centre de formation professionnelle aux métiers du tourisme et de l’hôtellerie, qui vient d’être inauguré à Gandon.
Monsieur Ndiaye, vous venez d’assister à l’atelier de Co création d’un partenariat entre le ministère de la formation et le secteur privé de Saint-Louis. Quels sont les sentiments qui vous animent ?
Une très grosse satisfaction de voir une vieille doléance ainsi satisfaite et de quelle manière ! la qualité du bâtiment et la modernité des équipements dépassent de très loin nos attentes.
Ce centre est un bel instrument, un outil très moderne qui peut nous valoir beaucoup de satisfaction si nous arrivons à trouver la meilleure forme de gouvernance.
Je mesure le chemin parcouru par cette ville dont on annonçait la longue et lente agonie.
En la dotant de ce centre, les autorités ouvrent à Saint-Louis de nouvelles perspectives et de nouvelles responsabilités dans la lutte contre le chômage des jeunes et la construction d’une offre touristique de qualité dans le pôle Nord et même au-delà.
Que pensez-vous de la volonté des autorités de confier la gestion de ce centre au secteur privé ?
Aucune décision n’est en soi bonne ou mauvaise, il faut simplement au préalable analyser objectivement la situation qui s’offre à vous.
Si le secteur privé apporte les gages de compétence, d’expertise, d’expérience et de maturité d’organisation, alors lui confier la gouvernance du centre semble être la meilleure forme de collaboration puisque le privé est le futur client de ce centre.
Mais attention !
Nous parlons d’apprentissage et de métiers. L’apprentissage suppose la présence assidue auprès d’un maître qui a une parfaite et concrète connaissance de son métier.
Ma conviction profonde est qu’un métier se transmet. Exactement comme ce qu’a fait le chef étoilé français Thierry Marx qui n’a pas hésité à ouvrir un centre sous sa direction. Il a eu un extraordinaire taux d’insertion ; ses résultats probants ont poussé certaines régions de France à solliciter ses expertises pour l’ouverture de nouveaux centres.
Cette forme d’organisation Public/ privé a donné des résultats parce que ce chef est reconnu dans son domaine et les diplômes revêtus de sa signature ont une signification pour ses pairs. Ce qui n’est malheureusement pas le cas pour nombre de diplômes reconnus par l’Etat mais pas par les professionnels. L’absence de véritable qualification et de vécu professionnel des formateurs expliquent en grande partie la réticence des employeurs à se tourner vers les produits de cette offre de formation présente sur le marché.
N’est-ce pas alors le moment pour le privé d’assurer la gouvernance de centre de formation ?
L’Etat a affiché une grosse ambition et a été particulièrement exigeant avec lui-même dans construction et l’équipement de ce centre, il doit continuer d’avoir la même exigence pour le choix des ressources humaines devant gérer le centre et assurer une formation de qualité reconnue par les futurs utilisateurs.
Le véritable enjeu se situe dans la transmission aux jeunes d’un métier qui leur permet de s’insérer facilement dans le tissu économique.
Pour arriver à assumer cette mission, ce centre doit absolument être au préalable un réceptacle de connaissances théoriques, pratiques ou plus exactement de « know how » à transférer aux apprenants.
La concurrence déloyale que mènent les auberges, chambres d’hôtes et hébergements clandestins. Une question récurrente soulevée à chaque réunion. Quelle solution d’après vous ?
Avec le développement du tourisme, dans tous les pays à vocation touristique, sont apparues de nouvelles formes d’hébergement. A côté des établissements hôteliers traditionnels, évoluent des auberges, maisons d’hôtes, chambres d’hôtes, campings etc. le Sénégal ne pouvait échapper à cette évolution normale liée au tourisme moderne.
L’existence de ces formes d’hébergement participe à la diversification de l’offre, ce qui permet de s’adresser et de satisfaire plusieurs segments de marché.
La ville de Saint-Louis, riche de son patrimoine architectural, trouve ici une belle opportunité de valoriser cet héritage qui lui donne cette identité si particulière
La disponibilité du centre de formation aux métiers du tourisme et de l’hôtellerie permet aujourd’hui la mise en place d’une formation spécifique pour ces nouvelles formes d’hébergement pour arriver à une normalisation concertée d’une offre de qualité. Il sera nécessaire après de réfléchir sur des mesures fiscales incitatives pour pousser ces microentreprises à se conformer à une réglementation souple, peu contraignante donc efficace.
Le Mot de la fin sur ce centre de formation ?
Ce centre de formation : une grande ambition assumée et traduite de manière concrète par les autorités de ce pays. Ce centre de formation. La réalisation de cette infrastructure est un très gros challenge pour les acteurs du tourisme et ceux qui seront chargés de donner corps à ce joyau.
Propos recueillis par Awa Diagne Sall Kharachi
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