Quelle est la situation aujourd’hui ?
En effet, la minorité blanche, qui représente 8 % de la population du pays, « possède 72 % des fermes », contre « 4 % seulement » pour la majorité noire (80 % de la population du pays), a-t-il rappelé. Pour le président, la réforme agraire a donc pour objectif de « corriger les injustices liées à la dépossession de terres, (…) le péché originel ». Pour ce faire, « l’expropriation de terres sans compensation » sera « l’un des mécanismes » utilisés par le gouvernement. Le président a toutefois mis en garde contre les saisies illégales de terres, prônées par les EFF. « Nous n’autoriserons pas les invasions de terres », sinon « c’est l’anarchie », a-t-il prévenu.
Ramaphosa sous pression
Depuis son arrivée au pouvoir en février, M. Ramaphosa est pressé par son parti, le Congrès national africain (ANC), et la troisième force politique du pays, les Combattants pour la liberté économique (EFF, gauche radicale), de conduire cette réforme. En décembre, l’ANC a adopté une motion pour l’expropriation des terres sans compensation. Le mois dernier, les députés ont décidé à une très large majorité de mettre en place une commission chargée de réviser à cette fin la Constitution.
Le sujet est un des points essentiels du débat sur la compensation des inégalités créées par l’ancien régime, qui avait interdit à la majorité noire de posséder des terres. Près d’un quart de siècle après l’élection de Nelson Mandela marquant la fin du gouvernement de l’apartheid, cette question très sensible ne cesse d’agiter la vie politique sud-africaine. Elle devrait d’ailleurs être au cœur de la campagne des élections générales de 2019.
AFP