Le Pape François a réaffirmé samedi à Rabat (Maroc), la nécessité d’unir les efforts pour donner une nouvelle impulsion à la construction d’un monde d’avantage solidaire et plus engagé. « Ici sur cette terre, pont naturel entre l’Afrique et l’Europe, je souhaite redire la nécessité d’unir nos efforts, pour donner une nouvelle impulsion à la construction d’un monde plus solidaire, plus engagé dans l’effort, honnête, courageux et indispensable d’un dialogue respectueux des richesses et des spécificités de chaque peuple et de chaque personne », a-t-il notamment déclaré dans son discours à l’esplanade de la mosquée Hassan à Rabat, en présence du Roi Mohammed VI. « C’est là un défi que nous sommes tous appelés à relever, surtout en ce temps où on risque de faire des différences et de la méconnaissance réciproque des motifs de rivalité et de désagrégation », a insisté le souverain pontife. Le chef de l’Eglise catholique, est arrivé peu après 14 h à Rabat, pour une visite officielle de deux jours sur invitation du souverain marocain, la première dans le royaume et la deuxième dans un pays arabo-musulman. « Il est donc essentiel, selon lui, pour participer à l’édification d’une société ouverte, plurielle et solidaire, de développer et d’assumer constamment et sans faiblesse la culture du dialogue comme chemin à parcourir ; la collaboration comme conduite ; la connaissance réciproque comme méthode et critère ». « C’est ce chemin que nous sommes appelés à parcourir sans jamais nous fatiguer, pour nous aider à dépasser ensemble les tensions et les incompréhensions, les masques et les stéréotypes qui conduisent toujours à la peur et à l’opposition ; et ainsi ouvrir le chemin à un esprit de collaboration fructueux et respectueux », a-t-il plaidé. Le Pape François a souligné « qu’il est en effet indispensable d’opposer au fanatisme et au fondamentalisme la solidarité de tous les croyants, ayant comme références inestimables de notre agir pour les valeurs qui nous sont communes ». Dans cette perspective, le chef de l’Eglise se dit « heureux » de pouvoir visiter l’Institut Mohammed VI pour les Imams, les prédicateurs et prédicatrices, voulu par le roi Mohammed VI, dans le but de « fournir une formation adéquate et saine contre toutes les formes d’extrémisme, qui conduisent souvent à la violence et au terrorisme et qui, en tout cas, constituent une offense à la religion et à Dieu lui-même ». « Nous savons en effet combien une préparation appropriée des futurs guides religieux est nécessaire, si nous voulons raviver le véritable sens religieux dans les cœurs des nouvelles générations », a-t-il fait valoir. Ainsi donc, a ajouté le Pape François, « un dialogue authentique nous invite à ne pas sous-estimer l’importance du facteur religieux pour construire des ponts entre les hommes et pour affronter avec succès les défis précédemment évoqués ». « Dans le respect de nos différences », il a soutenu que la foi en Dieu « nous conduit, en effet, à reconnaître l’éminente dignité de tout être humain, ainsi que ses droits inaliénables. Nous croyons que Dieu a créé les êtres humains égaux en droits, en devoirs et en dignité et qu’il les a appelés à vivre en frères et à répandre les valeurs du bien, de la charité et de la paix », a-t-il fait observer. Ainsi comprise, a-t-il souligné, « la construction de ponts entre les hommes, du point de vue du dialogue interreligieux, est appelée à se vivre sous le signe de la convivialité, de l’amitié, et plus encore de la fraternité ». La Conférence internationale sur les droits des minorités religieuses dans le monde islamique, qui a eu lieu à Marrakech en janvier 2016, s’est penchée sur cette question, a rappelé le souverain Pontife. Il s’est réjoui qu’elle ait permis de « condamner toute utilisation instrumentale d’une religion pour discriminer ou agresser les autres, en soulignant la nécessité de dépasser le concept de minorité religieuse, au profit de celui de citoyenneté et de la reconnaissance de la valeur de la personne, qui doit revêtir un caractère central dans tout ordonnancement juridique ». Le souverain pontife considère aussi comme « un signe prophétique la création de l’Institut Œcuménique Al Mowafaqa, à Rabat en 2012, par une initiative catholique et protestante au Maroc, Institut qui veut contribuer à promouvoir l’œcuménisme ainsi que le dialogue avec la culture et avec l’Islam. Cette louable initiative traduit le souci et la volonté des chrétiens vivant dans ce pays de construire des ponts pour manifester et servir la fraternité humaine », a-t-il salué. Ces initiatives arrêteront « l’instrumentalisation des religions pour inciter à la haine, à la violence, à l’extrémisme et au fanatisme aveugle et mettront fin à l’utilisation du nom de Dieu pour justifier des actes d’homicide, d’exil, de terrorisme et d’oppression », a conclu le chef de l’Eglise.
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