Les 27 ministres européens des Affaires étrangères se réunissent à Brest, ce jeudi 13 janvier et vendredi 14, où ils croiseront leurs homologues de la Défense. Ce sont les premiers conseils informels sous présidence française du Conseil de l’Union européenne et ils ont lieu dans un climat de fortes tensions avec Moscou. Même si la situation au Mali, les relations avec la Chine, ou encore l’Iran et son programme nucléaire sont au menu des discussions, elles seront largement dominées par la question de la défense européenne avec le projet de « boussole stratégique ».
Les ministres de la Défense, réunis ce jeudi matin à Brest, sont rejoints à la mi-journée par les ministres des Affaires étrangères de l’UE. Cette réunion, organisée en Bretagne, région d’où est originaire le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, est présidée par le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell.
La « boussole stratégique »
Face aux tensions qui ne baissent pas d’un cran entre Moscou et les Occidentaux, la question de l’unité des Européens sur la défense est plus brûlante que jamais. Les ministres vont notamment plancher sur la « Boussole stratégique », premier livre blanc de la défense européenne, préparée par Josep Borrell, et dont une ébauche circule depuis quelques jours dans les capitales de l’UE.
L’adoption de cette « boussole stratégique » au Conseil européen du mois de mars est une priorité pour la France et pour la Commission. Concrètement, le texte doit, par exemple, permettre de mobiliser et déployer rapidement 5 000 hommes en cas de crise, mais aussi d’identifier et de hiérarchiser les menaces ou encore de renforcer les moyens la coopération dans l’industrie de l’armement.
Le dossier ukrainien
Les 27 n’ont pas tous la même conception de l’équilibre à trouver entre cette politique commune et la place de l’Otan et des États-Unis dans la sécurité européenne. Mais ils font face au même défi : comment garder une marge d’action dans la crise ukrainienne alors que la Russie s’emploie à écarter Bruxelles pour ne parler qu’à Washington.
Mais la coordination avec les Américains est parfaite, déclarait ce jeudi matin à Brest le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell : « Nous avons reçu l’assurance que rien ne sera décidé ni négocié sans les Européens. » Josep Borrell a également dénoncé la « pression » exercée par Moscou. Il n’est « pas question de négocier sous la pression », a-t-il ajouté, avant l’ouverture du conseil informel de défense. Les Occidentaux accusent Moscou d’avoir massé, ces dernières semaines, quelque 100 000 soldats, des chars et de l’artillerie à la frontière avec l’Ukraine pour préparer une attaque contre ce pays, une intention niée par les autorités russes.
Sur ce même dossier ukrainien, une autre réunion se tient parallèlement ce jeudi à Vienne, en Autriche, à l’initiative de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). C’est, après Genève et Bruxelles, le troisième volet de négociations destinées à désamorcer les tensions avec la Russie.
Autre dossier : le Mali
L’Union européenne souhaite poursuivre ses missions militaires de formation au Mali mais « pas à n’importe quel prix », a averti le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, lors d’une conférence de presse en marge d’une réunion informelle des ministres de la Défense, alors que la junte malienne refuse d’organiser rapidement des élections pour rendre le pouvoir aux civils. A ses côtés, Florence Parly, ministre française de la Défense, a estimé qu’il était « urgent que la transition politique soit menée à son terme ».