Les tensions continuent de s’aggraver à l’est de l’Ukraine, alors que ce week-end, la diplomatie s’est une nouvelle fois mise en branle entre Washington, Kiev, Paris et Moscou, afin d’éviter le scénario catastrophe d’une invasion générale de la Russie en Ukraine. Un premier rendez-vous a été pris pour le 24 février.
Finalement les intenses tractations et démarches entreprises ces deux derniers jours, notamment par le président français, semblent laisser une lueur d’espoir de paix. Outre les réunions de l’OSCE et des ministres des Affaires étrangères de l’UE (+ l’Ukraine) prévues ce lundi, la Russie et les États-Unis ont accepté l’idée d’un sommet proposé par Emmanuel Macron. Aucune date n’a été avancée, mais la Maison Blanche s’est engagée à participer à une telle réunion à la condition que la Russie n’envahisse pas l’Ukraine. Les ministres russe et américain des Affaires étrangères devraient se rencontrer le 24 février, jeudi prochain, pour préparer ce sommet que le Kremlin qualifie cependant, ce lundi matin, de « prématuré ».
Le chaud et le froid
« Il est prématuré de parler de plans spécifiques pour organiser tout type de sommet », a en effet déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. La porte de la diplomatie reste ouverte, les présidents américain et russe peuvent à tout moment décider de s’appeler, « une rencontre est possible si les chefs d’État le jugent utile », précise-t-il. En attendant, le dialogue peut se poursuivre au niveau des ministres des Affaires étrangères, selon le Kremlin.
Un message évidemment beaucoup moins encourageant que ne le laissait espérer l’annonce par l’Elysée dans le courant de la nuit d’un accord de principe sur l’organisation de ce sommet. Ce matin, la présidence française explique que les déclarations russes ne sont pas contradictoires avec cette annonce, qu’il y a des préalables à l’organisation d’un tel sommet. « Il faut que les ministres en discutent », précise Paris, et c’est justement l’objet de la rencontre de jeudi. La présidence française, en première ligne dans cette nouvelle offensive diplomatique, veut donc rester optimiste.
La conférence de Munich sur la sécurité a en tout cas montré ce week-end une volonté des Européens de faire bloc, rapporte notre correspondant à Bruxelles, Pierre Bénazet. L’implication-surprise du président américain depuis décembre a convaincu l’ensemble des 27 de la nécessité pour l’Union de reprendre la main dans cette crise qui menace avant tout la sécurité européenne. Le format Normandie qui associe France et Allemagne aux discussions russo-ukrainiennes est désormais présenté comme indispensable et l’Allemagne souligne que les efforts diplomatiques d’Emmanuel Macron ont été décidés en commun.
Autre préalable, le résultat d’une réunion du Conseil de sécurité russe est attendu dans les prochaines heures le résultat. Vladimir Poutine tient réunion ce lundi avec tous les responsables des questions de sécurité, ainsi que des proches. Selon Moscou, il s’agit d’une « réunion extraordinaire » ; comprendre en creux : « il y a urgence et tout est possible, y compris un pas supplémentaire dans l’escalade ».
Donetsk multiplie les annonces alarmistes
À l’appui de cette pression, le dirigeant de la république autoproclamée de Donetsk multiplie les annonces depuis ce lundi matin. La dernière en date étant via le représentant officiel de la police, la demande d’une aide financière et militaire de la Russie. Et ces annonces se succèdent : deux civils tués, des mineurs évacués d’une mine en raison de bombardements, un hôpital et la centrale électrique de Donetsk touchés, un tir d’obus sur un petit poste frontière avec la Russie attribué aux Ukrainiens mais démenti par Kiev… Le tableau dressé par les séparatistes de ce qui se passe sur place est très sombre. Denis Pouchiline a aussi appelé, ce matin, tous les hommes à venir s’enrôler. Autant de signaux qui montrent que rien n’est réglé et que Moscou veut bien plus qu’une succession de sommets.
Les États-Unis, de leur côté, continuent de parler d’opération russe « imminente » pour envahir l’Ukraine. Les Américains ont aussi averti l’ONU de l’existence, selon eux, d’une liste noire établie par Moscou d’Ukrainiens à éliminer en cas d’invasion. Un courrier officiel consulté dimanche par l’AFP.