Le chef de l’État ukrainien Volodymyr Zelensky a choisi la date de cette grande manifestation de patriotisme après les rapports des services de renseignement américains suggérant que l’invasion russe du pays pouvait avoir lieu justement en ce 16 février 2022.
Ce mercredi matin, sur la place de l’Indépendance à Kiev, haut lieu de la révolution pro-européenne de 2014, une manifestation modeste s’est tenue, rapportent nos envoyés spéciaux à Kiev, Anastasia Becchio et Boris Vichith. Au milieu d’un groupe de jeunes gens, Sofia Zakrasnyana brandit un drapeau jaune et bleu. « Je n’ai pas peur, mais d’autres, comme mes parents sont inquiets, témoigne-t-elle. Ils voulaient partir en Pologne hier, mais je les ai convaincus de rester. Aujourd’hui, la plupart des gens sont au travail, tout ira bien, je pense. »
Parmi les quelques dizaines de manifestants, des employés de la poste ukrainienne voisine, mais aussi des membres d’organisations de jeunesse du parti du président Zelensky. C’est le cas de Roman Dodyak, 20 ans, qui vit à Kiev depuis qu’il a fui Donetsk avec sa famille en 2014. « L’agression que prédisaient les médias européens n’a pas eu lieu et je pense que tout va aller mieux maintenant », assure-t-il.
Vidéos de chars et véhicules militaires
De son côté, la Russie a annoncé la fin de manœuvres militaires et le départ de certaines de ses forces de la péninsule ukrainienne annexée de Crimée mercredi 16 février. Celles-ci rentrent dans les casernes après, notamment, des exercices d’artillerie, des tests de tirs effectués sur une distance d’environ 30 km, indique le ministère de la Défense russe qui, comme mardi lors de l’annonce de la fin d’autres exercices militaires, diffuse des vidéos de véhicules sur le départ vers leur garnison d’origine.
Des chars, des véhicules d’infanterie et de l’artillerie par voie ferrée, des camions bâchés, encadrés par des voitures de police en convoi sur le pont de Kertch, inauguré par Vladimir Poutine, et qui relie la presqu’île de Crimée à la Russie. Une annonce supplémentaire après le premier retrait mardi.
Les républiques séparatistes en question
En treillis militaire, Andrei Stefanov écoute l’hymne ukrainien la main sur le cœur. Vétéran de la guerre du Donbass, il redoute un nouvel emballement à l’Est. « Je suis persuadé qu’il n’y aura pas de guerre à grande échelle, ça n’apportera aucun bénéfice à la Russie. En revanche, je suis persuadé qu’ils vont s’activer du côté de Donetsk, Lougansk, Marioupol, juge-t-il. Mais ils nous connaissent depuis 2014, ils savent qu’on n’a rien lâché et qu’on est devenus plus forts. » Leur action terminée, les manifestants remballent sono et drapeaux et repartent à leur travail ou leurs études.
« La Russie fait tout pour éviter une guerre avec l’Ukraine aujourd’hui, demain après-demain ou jamais, expliquait ce mercredi un élu à la Douma, mais des milliers de citoyens russes vivent aujourd’hui dans les républiques non reconnues du Donbass et nous ferons tout pour les protéger. » La pression-négociation semble donc se déplacer sur le terrain des Républiques séparatistes. Les exercices en Biélorussie eux se déroulent toujours et sont prévus jusqu’à ce dimanche.