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Procès Gbagbo suspendu à La Haye, retour sur la chute de l’ex-président ivoirien

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Le procès de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, poursuivi pour crimes contre l’humanité à la Cour pénale internationale, a été suspendu mercredi jusqu’au 12 novembre. Retour sur six moments clés qui ont mené à ce procès hors du commun.

Le procès a finalement été suspendu, mercredi 3 octobre, jusqu’au 12 novembre. Après plus de deux ans d’audiences devant la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, et sept ans de détention,  l’ancien chef d’État ivoirien Laurent Gbagbo devra donc attendre pour savoir s’il est jugé coupable de crimes contre l’humanité. Ses avocats avaient demandé un non-lieu total le 1er octobre.

Même demande pour la défense de Charles Blé Goudé, ancien ministre de la Jeunesse sous Laurent Gbagbo, et ancien chef du mouvement des Jeunes patriotes fidèles à l’ancien président ivoirien. Il est accusé d’avoir dirigé des hommes ayant tué et violé des centaines de personnes dans le but de maintenir Laurent Gbagbo à la tête du pays lors de la crise post-électorale de 2010-2011 qui a fait 3 000 morts selon l’ONU.

Retour sur six moments clés qui ont mené au premier procès d’un ex-chef d’État à la CPI.

  • Avril 2011. Arrestation à Cocody

Décembre 2010. Quatre jours après le second tour de l’élection présidentielle ivoirienne, la Commission électorale indépendante (CEI) désigne Alassane Ouattara vainqueur avec 54,1 % des voix contre 45,9 % pour le président sortant. Battu, Laurent Gbagbo refuse de reconnaître les résultats, par ailleurs invalidés par le Conseil constitutionnel, qui lui est acquis. Une crise post-électorale sanglante de cinq mois débute.

Le 11 avril 2011, les combats font rage depuis une dizaine de jours à Abidjan, la capitale économique ivoirienne, entre les forces loyales à Laurent Gbagbo et les partisans d’Alassane Ouattara. Dans le quartier de Cocody où réside l’ex-chef d’État, les soldats pro-Ouattara avancent au sol, appuyés par l’armée française et la Mission des Nations Unies (Onuci). Laurent Gbagbo est arrêté ce jour dans sa résidence où il était retranché avec sa femme Simone, son fils Michel et quelques fidèles. Il est conduit à l’Hôtel du Golf, quartier général et siège de campagne d’Alassane Ouattara, avant d’être transféré dans le nord du pays où il est assigné à résidence.

  • Novembre 2011. Transfert à la CPI

En août 2011, Laurent Gbagbo est inculpé pour « crimes économiques » soit « vol aggravé, détournement de deniers publics, concussion, pillage et atteinte à l’économie nationale », et placé en détention préventive à Korhogo dans le nord du pays largement acquis à Alassane Ouattara. L’ancienne première dame, Simone Ggagbo, est détenue à Odienné, toujours dans le nord du pays, inculpée pour les mêmes chefs d’accusation. Après huit mois de détention, Laurent Ggagbo est transféré à la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, le 30 novembre 2011, où il est inculpé en qualité de coauteur pour quatre chefs d’accusation de « crime contre l’humanité » : meurtres, viols et violences sexuelles, actes de persécution et autres actes inhumains.

De son côté, l’accusation cherche à prouver l’existence d’un plan visant à maintenir Laurent Gbagbo au pouvoir, notamment grâce à des documents saisis dans la résidence de l’ancien président après sa chute. Mais la procureure gambienne est en difficulté. En témoigne cette vidéo présentée en audience comme relatant des scènes de violences post-électorales en Côte d’Ivoire, alors qu’il s’agissait de violences perpétrées au Kenya. En juin 2013, les juges de la CPI demandent à la procureure d’apporter des éléments de preuves supplémentaires, ceux présentés ne permettant pas d’établir la tenue d’un procès.

  • Juin 2014. Confirmation des charges

En juin 2014, la CPI confirme les charges de « crimes contre l’humanité » à l’encontre de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé, après avoir réunis des éléments de preuve dans un document de plus de 22 000 pages. En mars 2015, la CPI décide de joindre les deux affaires pour assurer l’efficacité et la rapidité de la procédure.

  • Janvier 2016. Ouverture du procès de Laurent Gbagbo

Le procès démarre le 28 janvier 2016, soit cinq ans après l’arrestation de Laurent Gbagbo. Il s’articule autour de quelques faits précis, survenus entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2012 : la répression d’une manifestation des partisans d’Alassane Ouattara qui tentaient d’assiéger la radiotélévision publique, le bombardement du marché d’Abobo, un quartier populaire d’Abidjan survenu le 3 mars 2011 et des massacres survenus le 12 avril 2011 dans le quartier de Yopougon où des partisans supposés du camp d’Alassane Ouattara ont été tués.

Laurent Gbagbo avant le début de osn procès à la CPI, le 28 janvier 2016. © Peter Dejong, AFP

À La Haye, 726 victimes constituées partie civile sont autorisées à participer à la préparation du procès. Mais Laurent Gbagbo et son coaccusé, Charles Blé Goudé, plaident non coupable et ne reconnaissent pas les charges retenues contre eux.

  • Octobre 2018. La demande de non-lieu

En juin 2018, les trois juges de la chambre d’accusation de la CPI autorisent les avocats de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé à plaider l’acquittement. Ces derniers avaient émis cette requête en mai, après la déposition du dernier témoin de la procureure Fatou Bensouda en janvier. « L’accusation n’a pas présenté de preuves susceptibles de justifier une condamnation, il n’y a pas lieu de présenter des éléments de preuves supplémentaires », ont écrit les avocats de Charles Blé Goudé, le Néérlandais Geert Knoops et l’Ivoirien et Claver N’dri, rapporte Stéphanie Maupas, correspondante de France 24 à La Haye. En deux ans, 82 témoins ont été entendus par les juges de la CPI, au lieu des 138 annoncés au départ. Or, ces témoignages étaient plus à décharge qu’à charge à l’encontre de Laurent Gbagbo.

Lundi 1er octobre, les avocats de Laurent Gbagbo ont plaidé l’acquittement de leur client pour crimes contre l’humanité, sous les yeux de centaines de personnes venus soutenir l’ancien président de la Côte d’Ivoire. La défense de Laurent Gbagbo estime que les éléments de l’accusation sont « insuffisants » pour prouver les charges « au-delà de tout doute raisonnable ». Les avocats de l’ancien président demandent sa « libération immédiate » ainsi qu’un « non-lieu total » et un « jugement d’acquittement pour toutes les charges et pour tous les modes de responsabilité ».

Les audiences devant la CPI sur la demande d’acquittement se tiendront jusqu’au vendredi 5 octobre. La décision des juges pourrait prendre plusieurs mois.

 

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Invasion russe : le chef de la diplomatie ukrainienne à Dakar en octobre

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Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, est attendu à Dakar les 3 et 4 octobre prochain. D’après Le Quotidien, qui donne l’information, il sera reçu par son homologue sénégalaise, Aïssata Tall Sall, et le Président Macky Sall.

Le journal souligne qu’à travers ce déplacement au Sénégal, qui assure la présidence de l’Union africaine, Kiev cherche à élargir son cercle d’amis dans ce contexte d’invasion russe et, surtout, à établir des rapports solides avec les pays du continent.

«Je suis convaincu que le Président Macky Sall peut jouer un rôle important en tant que président en exercice de l’Union africaine», avait déclaré Dmytro Kuleba, en juin dernier, dans un entretien avec le journal Le Quotidien.

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Iran: au moins 76 personnes tuées dans la répression des manifestations selon une ONG

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Au moins 76 personnes ont été tuées en Iran dans la répression des manifestations déclenchées il y a dix jours par la mort d’une jeune femme détenue par la police des mœurs, a indiqué lundi une ONG. 

Selon l’ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, « au moins 76 personnes ont été tuées dans les manifestations » dont « six femmes et quatre enfants », dans 14 provinces du pays. L’IHR a affirmé avoir obtenu des « vidéos et des certificats de décès confirmant des tirs à balles réelles sur des manifestants ».

Les protestations ont éclaté le 16 septembre après le décès à l’hôpital de Mahsa Amini, une jeune Iranienne de 22 ans, arrêtée trois jours auparavant à Téhéran pour non-respect du code vestimentaire strict pour les femmes en République islamique d’Iran. Depuis, les Iraniens descendent chaque soir dans la rue à Téhéran et ailleurs dans le pays. Les autorités iraniennes ont elles jusque-là donné un bilan de 41 morts incluant manifestants et forces de l’ordre. Elles ont aussi annoncé l’arrestation de plus de 1 200 manifestants. 

Tirs à balles réelles

Ce lundi soir, les protestations ont repris avec les mêmes slogans de « Mort au dictateur » dans la capitale et dans d’autres villes, selon des témoins. À Tabriz dans le nord-ouest, une vidéo diffusée par l’IHR a montré des policiers tirant du gaz lacrymogène contre les manifestants. Le bruit des tirs de balles y est en outre entendu.

Selon de récentes vidéos publiées par l’AFP, la police anti-émeute a, lors des protestations, frappé des manifestants à coups de matraque et des étudiants ont déchiré de grandes photos du guide suprême Ali Khamenei et de son prédécesseur, l’imam Khomeiny. Et d’après des groupes de défense des droits humains, elle a aussi tiré des plombs et à balles réelles sur les protestataires qui ont lancé des pierres, incendié des voitures de police et mis le feu à des bâtiments publics. D’autres images ont montré des femmes enlevant et incendiant leurs voiles ou se coupant symboliquement les cheveux, encouragées par la foule, dans plusieurs villes.

Outre les plus de 1 200 arrestations par les autorités, le Comité pour la protection des journalistes a fait état lundi de l’arrestation de 20 journalistes iraniens depuis le 16 septembre.

L’UE dénonce l’usage « généralisé et disproportionné de la force »

Face à la répression, l’Union européenne a dénoncé l’usage « généralisé et disproportionné de la force ». Condamnant la « répression brutale » de la contestation par Téhéran, la France a indiqué lundi soir qu’elle examinait avec ses partenaires européens « les options disponibles en réaction à ces nouvelles atteintes massives aux droits des femmes et aux droits de l’homme en Iran ».

Le président américain Joe Biden a, lui aussi, dénoncé la répression des manifestations, se disant solidaire des « femmes courageuses d’Iran ». Le Canada a décidé d’imposer des sanctions contre une dizaine de responsables iraniens et d’entités dont la police des mœurs. Et Berlin a appelé l’Iran à « ne pas recourir à la violence » contre les manifestants.

Mais les autorités iraniennes restent fermes. Samedi, le président conservateur Ebrahim Raïssi a appelé les forces de l’ordre à agir contre les manifestants, qualifiés « d’émeutiers ». Après lui, le chef du pouvoir judiciaire, Gholamhossein Mohseni Ejei, a exclu toute « indulgence » envers les instigateurs des « émeutes ».

RFI

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RDC: Kinshasa confrontée à la résurgence d’attaques des «kulunas»

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La terreur règne dans plusieurs communes de Kinshasa à la suite de la résurgence des attaques des « kulunas », criminels qui amputent des membres, tuent, rackettent et volent des biens, le jour comme la nuit. Les autorités assurent que la situation est sous contrôle, mais la flambée des cas inquiète la société civile. Les députés dénoncent un vide sécuritaire dans la capitale.

Le cas le plus récent des attaques des « kulunas » est celui d’un policier tué durant le week-end du 24-25 septembre à coups de machettes dans la commune de Kimbanseke, la plus peuplée des 24 communes de la capitale Kinshasa. Le député provincial Erick Bukula est excédé :

« La police n’arrive plus à contenir le phénomène. Il y a des  » kulunas  » qui abattent, tranchent la main ou la tête de telle ou telle personne, qui blessent même des policiers. Ils sont devenus comme des milices pour des règlements des comptes. »

La police fait, selon lui, face à plusieurs problèmes, dont des effectifs réduits, mais pas seulement : « Dans plusieurs communes, comme dans la commune de Limete par exemple, avec 14 quartiers, vous serez étonnés de savoir qu’il y a moins de quatre sous-commissariats. Dans ces commissariats, vous ne trouverez que trois ou quatre policiers, soit un seul qui a une arme à feu. Donc, il y a un problème d’effectifs, d’équipements et de recrutement des policiers. Le gouvernement national devrait financer la police de Kinshasa en ce qui concerne la sécurité. »

Le chef de la police de Kinshasa, Sylvano Kasongo, assure que la situation est sous contrôle grâce aux opérations de bouclage et des patrouilles de routine. Mais il attend une plus grande collaboration :

« Nous ne sommes pas débordés ni dépassés. Il y a des mesures que nous allons prendre pour endiguer le phénomène. La difficulté, c’est la collaboration de la population, parce que ces  » kulunas  » ne sont pas des extra-terrestres. Ils habitent dans des maisons, des parcelles, ils ont des parents et tout ça. J’appelle la population à collaborer toujours, pour charger les  » kulunas  » pour que ces gens puissent être condamnés par la justice. Nous avons installés des boîtes aux lettres anonymes dans chaque commune pour que les populations se sentent à l’aise de venir dénoncer. »

Des milliers de « kulunas » ont été mis aux arrêts depuis le début de l’année par la police. Certains ont été envoyés au service national pour leur rééducation, tandis que d’autres ont été déférés devant la justice.

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